Noël ! Ou l’Incarnation devenue visible

Noël Incarnation devenue visible venite adoremus
« Adoration des bergers » par Gerrit – ou Gerard – van Honthorst (1622).

 
Des anges qui chantent le « Gloria », une étoile qui brille pour marquer la naissance de l’Homme-Dieu : en la sainte nuit de Noël, la joie du ciel éclate sur la terre et elle entraîne avec elle la création tout entière, visible et invisible… C’est le Rédempteur qui est né, le salut qui se fait proche, incarné dans un tout petit enfant… Venite, adoremus !
 
Pourtant l’Incarnation de Notre-Seigneur a eu lieu neuf mois plus tôt, dans la discrétion d’une maison de Nazareth, avec pour unique témoin la Vierge Marie elle-même qui a gardé ces choses en son cœur, mais qui les a dites aussi pour qu’elles soient connues de tous.
 
Dans sa demeure, il n’est qu’un seul ange, prosterné devant celle qui va devenir la Mère de Dieu. C’est un moment d’intimité et d’humilité et si au Ciel, sans doute, les chœurs des anges exultent, sur terre nul ne prête attention à l’événement qui vient de bouleverser l’histoire des hommes.
 
Marie a été pendant neuf mois le Tabernacle du Fils de Dieu, portant en son sein son corps, son sang, son âme et sa divinité. Le voile qui la couvre – comme il recouvre aujourd’hui des tabernacles du monde entier – cache ce qu’il y a de plus sacré. C’est d’ailleurs la fonction du voile.
 
Mais le Tabernacle s’est ouvert, et tel le Saint-Sacrement montré aux hommes dans les plus beaux ostensoirs, l’Enfant se révèle aux hommes dans les bras de sa Sainte Mère. L’Incarnation est devenue visible dans la nuit de Noël, et rien n’est plus comme avant. Venite, adoremus !
 
Le Fils de Dieu a pris chair pour nous arracher à la mort éternelle. Et c’est cette chair que son adversaire déteste. Si la création tout entière rend gloire à Dieu, il en est qui le font à leur corps – ou plutôt à leur esprit défendant : Satan et tous les anges déchus que l’orgueil et la jalousie ont poussés à la révolte. Révolte devant cette pauvre créature humaine qui n’avait ni leur science, ni leur éclat, ni leur beauté… Révolte devant l’Homme qui allait à juste titre recevoir l’adoration : à lui la puissance et la gloire !
 
Jalousie à l’égard de l’Homme-Dieu blotti dans les bras de Marie, jalousie à l’égard de l’homme, de tout homme… Tirées du limon de la terre, ces minables créatures n’ont-elles pas ce que Satan ne possède pas ? La capacité de donner la vie, matériellement et spirituellement : celle de peupler la terre mais aussi le Ciel… Comblés par l’amour donné, malgré les souffrances, reflétant l’amour trinitaire dans leurs familles et leurs communautés, « capables » même de Dieu !
 
Le mystère de Bethléem, où nous nous agenouillons devant nos crèches aussi sûrement que les bergers d’il y a 2015 ans, est bien celui qui est attaqué par toute cette culture de mort qui semblerait presque devoir l’emporter. C’est le mystère du réel : celui de la fécondité, de la famille, de la maternité et de la paternité, de la naissance virginale, de l’ordre de la nature et de la surnature…
 
C’est un mystère attaqué de toutes parts : dans chaque avortement qui tente de nier en l’embryon l’image et la ressemblance de Dieu, dans chaque procréation artificielle qui tente de copier l’amour humain et divin ; dans chaque construction et déconstruction de genre ; dans chaque profanation de l’amour conjugal singé ou brisé.
 
Mais l’Enfant-Dieu est là, et Il sourit. Parce que la joie de Noël dépasse tout, et parce que notre Sauveur a vaincu le mal. Nous ne le vaincrons pas, ni dans nos cœurs, ni dans le monde, sans Lui.
 
Venite, adoremus !
 

Anne Dolhein