Au sommet de l’alimentation à Milan, Obama plaide pour les Accords de Paris et contre la viande, et dénonce les pets des vaches

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Barack Obama a visité lundi après-midi la cathédrale de Milan, et a tenu un discours mardi au cours d’un sommet mondial sur l’alimentation.

 
Barack Hussein Obama a orchestré son grand retour sur la scène internationale après la débâcle aux présidentielles d’Hillary Clinton en allant plaider à Milan, lors du sommet « Seeds and Chips » sur l’innovation alimentaire, pour l’application des accords de Paris sur le climat et pour la limitation de la consommation de viande. Une façon végétarienne de « sauver la planète » que même le très écologiste pape globaliste François avait omis d’évoquer dans sa désormais célèbre encyclique verte « Laudato Si’ ». Mais la réapparition de l’Américano-kenyan sous les feux de la rampe est plus politique que culinaire : sa considérable présence à Milan – un polluant cortège de 14 véhicules parmi lesquels son lourd SUV personnel – visait aussi à peser sur Washington, où l’équipe de Donald Trump se divise sur le retrait, promis par le président durant sa campagne, des Accords de Paris sur le climat, dont les engagements vont garrotter les économies occidentales. Un franc retrait des Etats-Unis permettrait d’éviter d’édulcorer ces Accords, se consolent au demeurant plusieurs experts.
 

Obama transforme le sommet de l’alimentation de Milan en forum pour « la lutte contre le changement climatique, priorité absolue »

 
Le « Sommet de l’innovation alimentaire globale », qui se tient à Milan du 8 au 11 mai, est consacré à « l’impact du changement climatique sur les ressources agricoles ». Obama y a péroré en affirmant que durant sa présidence il avait « fait du changement climatique une priorité absolue » car il est sûr que « de tous les défis auxquels nous devons faire face, c’est celui qui va définir les contours du siècle qui commence, plus profondément encore qu’aucun autre ». L’accord de Paris entend limiter les émissions de « gaz à effet de serre », principalement le CO2 dont l’impact climatique est pourtant fortement contesté, pour éviter, récite un journaliste de CNN aux ordres, « que les températures n’atteignent des niveaux catastrophiques ». Pour le moment, ce printemps glacial en protège la France.
 
Sans doute pour fournir des arguments aux frondeurs de l’équipe Trump, Obama a affirmé que, sous sa présidence, les Américains « ont été capables de réduire (leurs) émissions tout en maintenant la croissance de (leur) économie ». Le basculement d’une industrie lourde – souvent délocalisée ce qui permet de sortir ses émissions des statistiques américaines – vers une industrie numérique – bien moins vorace en énergie – a probablement beaucoup plus aidé M. Obama à afficher ces résultats que l’application anticipée d’Accords de Paris qui ne devraient prendre effet que le 4 novembre 2017. Cette désindustrialisation a par ailleurs jeté les ouvriers dans les bras de Donald Trump, précipitant l’échec de Mme Clinton, frénétiquement soutenue par le sortant.
 

Les Accords de Paris impliquent de disposer de statistiques fiables remontant avant le XVIIe siècle

 
Les Accords de Paris, signés par 145 Etats, engagent chacun d’entre eux à réduire leurs émissions pour permettre de limiter la hausse des températures moyennes en-dessous de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle. Cet objectif suppose qu’on dispose de statistiques fiables remontant avant le XVIIIe siècle, mais aussi de moyens incontestables de mesurer les températures moyennes actuelles sur une planète de 510 millions de kilomètres carrés. Ce qui est loin d’être le cas.
 
Mais le plus divertissant dans les propos milanais de Barack Hussein Obama aura concerné la consommation de steaks, dans une ville réputée pour son escalope panée. « Les gens veulent augmenter leur consommation de viande, ce qui entraîne l’augmentation d’émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur agricole », a-t-il déploré lors d’un échange avec Sam Kass, son ancien chef de cuisine puis conseiller pour la nutrition.
 

Consommer plus de viande augmente la quantité de pets de vaches, dit Obama à son ex-chef Sam Kass

 
« Les gens ignorent le rôle des vaches et du méthane » a déploré l’ancien président devant Sam Kass. Les flatulences des vaches – comme les pets de tous les mammifères, humains compris ­–, sont essentiellement constituées de ce CH4, gaz hautement combustible, par ailleurs présent en quantités colossales dans le sous-sol géologique. « Quoi qu’il en soit, nous allons assister à une hausse de la consommation de viande », a déploré Obama, dans les pays en développement tels que la Chine, l’Inde, l’Indonésie ou le Vietnam. « Les pays les plus avancés, en a déduit Obama, devraient apprendre aux gens à consommer des steaks plus petits » et à chercher des moyens de réduire leur consommation de viande. « Ce qui signifie aussi que nous allons devoir trouver des moyens de produire des protéines d’une manière plus efficace », a-t-il ajouté.
 
Nous voilà donc arrivés à « l’innovation disruptive » qui va faire la fortune de « nouvelles industries » pour relancer une croissance atone alors que l’industrie numérique s’essouffle. Pendant cette conversation, Sam Kass a tout de même glissé qu’il avait probablement cuisiné des milliers de steaks pour Obama, qu’il a servi depuis son poste de sénateur de l’Illinois. « Pas des milliers ! » a protesté Obama. « Bon, alors des centaines, lui a concédé Kass, mais j’ai quand même cuisiné pour vous pendant dix ans ».
 

Matthieu Lenoir