L’œuf de Macron, l’inculpation de Fillon, le salon de l’agriculture : crise de régime

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Le salon de l’agriculture devient le dernier lieu à la mode pour flinguer les politiques. Macron y reçoit un œuf, Fillon miné par son inculpation y installe le chaos. Il n’y a plus d’autorité en France : c’est la crise de régime.
 
C’est entendu, une justice qui n’a rien d’indépendant organise l’assassinat politique de François Fillon avec l’aide des médias et de quelques-uns de ses amis.
 
C’est entendu aussi, ledit François Fillon est un faux chevalier blanc, un homme de droite en peau de lapin véritable et un parjure, il a dit tout à fait sottement qu’il se retirerait en cas de mise en examen.
 
C’est entendu encore, le terme de mise en examen est un élément de novlangue socialiste, il faut rétablir l’usage du mot inculpation, qui dit bien ce qu’il veut dire et qui explique la position difficile où se trouve François Fillon : elle découle bien du fait que l’inculpation n’est décidée que s’il y a présomption de faute.
 

L’inculpation de Fillon mène à la crise de régime

 
C’est entendu, la notion de trêve judiciaire invoquée par Fillon, qui couvrirait la campagne électorale, est ridicule, sans fondement autre que son intérêt personnel.
 
Mais c’est entendu également les leçons de république, de démocratie, donnée sous la houlette de François Hollande par magistrats et politiques de tout bord entrent dans une campagne de tartufferie franc-maçonne : si un État n’est pas neutre, si un État n’est pas impartial, c’est bien la république du Grand Orient qui ruine la France depuis 1789, c’est bien aussi la République du syndicat de la magistrature.
Aujourd’hui cependant cette république des frères, des fraternelles, des copains et des coquins semblent tout près, malgré ses cris et ses leçons de morale, du collapsus.
 

Simple comme l’œuf de Macron : fronde au salon de l’agriculture

 
Le salon de l’agriculture me semble le siège d’une jacquerie à froid, d’une jacquerie perlée, où les caciques de la république avouent d’autant plus piteusement les limites de leur pouvoir qu’ils ont besoin d’y paraître pour être élus, pensent-ils. Emmanuel Macron, le candidat du système, qui a derrière lui l’argent, les médias, les sondages, reçoit un œuf et n’y peut rien. C’est le deuxième œuf qu’il se choppe et il ne sait que rire jaune. Ainsi aussi Manuel Valls et François Hollande ont-ils été couverts de farine naguère, et Valls giflé en prime. Quoi qu’on pense de leurs mérites ou de leur démérite, ils devaient représenter l’autorité : on doit constater qu’il n’y a plus d’autorité en France. Et c’est normal puisqu’ils n’ont cessé d’abaisser leur fonction. Le quinquennat du président normal aura été principalement consacré à l’abaissement de l’autorité de l’État. Le résultat est saisissant. Les hommes politiques d’aujourd’hui ressemblent aux parents-copains : ils ont supprimé la distance et le sacré, ils récolent qui un œuf, qui de la farine, qui une inculpation. Fillon, pour discréditer Sarkozy voilà quelque mois, s’écriait plaisamment : « Imagine-t-on le général de Gaulle mis en examen » ? Imaginerait-on de même De Gaulle avec un œuf sur le crâne comme Macron, ou même Pompidou enfariné ?
 

La république au bout du rouleau

 
La cinquième république finit dans une fronde sans joie, une quasi guerre civile qui menace de ne pas rester quasi. Alors que l’existence de la France se trouve menacée par une submersion démographique et culturelle causée par l’ouverture de ses frontières, qui s’accompagne d’une régression économique et sociale terrible, l’État qui devrait protéger le peuple trahit sa mission et se délite. L’impasse est totale, la crise de régime menace, la dernière institution qui semblait tenir, le verrou de la présidence, est menacée par ceux-mêmes qui la briguent. Le député Pierre Lelouche, dans un geste pathétique, se tourne vers le Conseil constitutionnel pour résoudre la crise et reporter l’élection. Mais ce ne sont pas quelques vieux singes politisés, vieillis dans les prébendes, qui peuvent sauver le régime. Il faut aujourd’hui en France un homme à poigne. Un homme au sens latin du terme, c’est-à-dire un homme ou une femme.
 

Pauline Mille

 

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La cour du roi Pétaud
(Caricature d’Honoré Daumier, 1832)