Exit les accords d’Oslo. A plus de vingt ans de distance, la poignée de mains entre Yitzhak Rabin et Yasser Arafat, sous l’œil attendri de Bill Clinton, est renvoyée aux oubliettes de l’Histoire. A la suite d’une réunion de son conseil central, l’OLP a en effet décidé de suspendre la coopération sécuritaire signée à l’époque avec Israël. Si les deux décennies qui viennent de s’écouler n’en ont que peu montré l’efficacité, cette décision vient marquer plus nettement encore que le conflit entre Palestiniens et Israéliens est loin d’être résolu.
A l’occasion de sa 27e session, la semaine dernière, le Conseil central de l’Organisation de libération de la Palestine – plus connue sous son sigle OLP –, qui s’est tenue au siège de la présidence palestinienne à Ramallah, sous la présidence de Mahmoud Abbas, les 130 membres qui le composent ont pris une décision qui n’est pas sans conséquence politique.
L’OLP suspend la coopération sécuritaire
Car, par delà la question sécuritaire, les participants à cette réunion s’interrogeaient sur la nécessité de coopérer avec un occupant qui ne respecte pas lui-même ces accords. Ils entendaient manifestement faire avancer la situation bloquée par ailleurs sur le plan économique du fait du gel, par Israël, des transferts des taxes sur les marchandises palestiniennes, après la décision palestinienne d’adhérer à la Cour pénale internationale. Cette initiative n’est pas pour convenir à la communauté internationale – et tout spécialement à Washington, qui y a vu un point de non-retour dans les relations entre les belligérants.
Mahmoud Abbas a manifestement décidé de passer outre, et de forcer la main à Benyamin Netanyahou à la veille de nouvelles élections à la Knesset. Ce nouvel échec pourrait effectivement porter un coup à sa majorité, alors que le premier ministre israélien était, jusque là, favori à sa propre succession.
L’OLP a d’ailleurs clairement exprimé cette volonté de renforcer ce bras de fer en appelant, dans un communiqué, « la puissance occupante à prendre toutes ses responsabilités envers le peuple palestinien dans l’Etat de Palestine occupé, la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza ».
Israël ou le chaos…
Mais cette décision ne serait pas sans conséquences sur l’Autorité palestinienne dont Mahmoud Abbas entend « revoir les prérogatives », et qui risquerait la dissolution. Un certain nombre de voix se sont ainsi élevées au sein de l’OLP pour mettre en garde contre cette « arme à double tranchant », qui risquerait de soumettre davantage les Palestiniens à l’occupation israélienne.
Mais le « chaos » redouté par certains seraient sans doute l’occasion (pour d’autres…) de restructurer la région sur le plan politique, et sans doute également sur le plan religieux. Par sa réaction, les Etats-Unis ont d’ores et déjà montré qu’ils surveilleraient de près l’évolution de la situation.