L’opposition africaine aux dérives synodales n’est pas culturelle mais doctrinale

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Monseigneur Andrew Nkea Fuanya

 

Tel est le message qu’a tenu à faire passer solennellement Monseigneur Andrew Nkea Fuanya, archevêque de Bamenda et président de la Conférence épiscopale du Cameroun, lors d’une session de travail préparatoire au Synode sur la synodalité le 23 août. Il a d’abord affirmé l’unité de tous les catholiques africains sur certaines questions qu’ils jugent regrettables, comme la bénédiction des paires homosexuelles recommandée par Fiducia Supplicans : « Lorsque nous nous sommes rendus au Synode, il était clair que l’Afrique devait prendre en charge son propre destin. Nous savions que nous devions faire entendre notre voix dans la première phase du Synode. » Mais cela n’a pas dans son esprit de conséquence institutionnelle ni politique : « Les membres qui ont participé au Synode, n’envisagent rien dans le contexte de la création d’une Eglise africaine : l’Eglise est l’Eglise du Christ. Et nous devons nous opposer aux politiciens qui nous disent qu’il est temps de créer une Eglise africaine. » En Europe cependant, on a voulu imputer la réaction africaine, le rejet de Fiducia Supplicans et de l’ordination des femmes diacres en particulier, à une « sensibilité » particulière, à un état des « mentalités ». L’archevêque a écarté clairement cette mauvaise interprétation : « En faisant entendre la voix de l’Afrique, les délégués ont clairement indiqué que le continent ne parlait pas uniquement d’un point de vue culturel. » Le « non véhément » de l’Afrique aux errements du synode est un non doctrinal : « En présentant nos positions au Synode, nous ne voulions donc pas être perçus comme présentant des positions de l’Afrique, en raison de la culture dont nous sommes issus. Notre position n’a rien à voir avec la culture ; il s’agit de fidélité à la vérité, de fidélité à ce que le Christ a enseigné, et à ce que les apôtres ont transmis aux générations suivantes. (…) L’Afrique ne défendait pas une idée culturelle. L’Afrique défendait l’enseignement de l’Eglise depuis 2000 ans. » Les choses sont dites clairement. La balle est dans le camp romain. François se voulait le pape des périphéries, sa soumission par le synode au programme LGBT le réduit au pontificat d’un centre occidental recroquevillé sur ses obsessions soixante-huitardes. Heureusement, la fidélité des évêques africains les éloigne de tout schisme, comme on vient de le lire, mais il ne faudrait pas que l’intransigeance synodale les y pousse.