Outsider est à comprendre au sens de celui qui est à côté du système, conformément à l’étymologie anglaise, avec la notion d’exclusion. Dans le contexte du sport, cet anglicisme désigne le concurrent qui a des chances très minces de l’emporter : cet Outsider dont il est question est un boxeur complètement oublié depuis, qui a connu son éphémère heure de gloire en affrontant pour le titre de champion mondial des poids lourds le célèbre Mohamed-Ali en 1975. Mohamed-Ali est un personnage public des années 1960-70 des plus discutables, mêlant idées d’extrême-gauche et islamisme – chose alors tout à fait nouvelle en Occident – dans un contexte racialiste noir…Mais il a été un des plus grands boxeurs de tous les temps, on ne saurait lui nier cette qualité. L’Outsider a réussi l’exploit de tenir presque tous les rounds d’un combat contre Mohamed-Ali, le mettant même de façon très momentanée en difficulté, avant, assez logiquement, de se faire complètement démolir sur le ring.
 

Outsider, un spectacle pénible, interminable

 
Son parcours, son personnage, du moins jusqu’à ce sommet de son éphémère carrière de boxeur, a inspiré d’assez près le célèbre personnage cinématographique de Rocky Balboa. Et aujourd’hui, tout le monde connaît Rocky, le grand rôle, avec Rambo, de Sylvester Stallone, et personne le « vrai Rocky », Chuck Wepner. Le film peut intéresser vraiment durant son premier tiers, avec le destin d’une personnalité mineure de l’Histoire, mais qui a eu son heure dans l’Histoire du sport – et du divertissement par conséquent – avec son milieu d’origine, sa famille, ses fréquentations…
 
Puis le film bascule dans le rythme de la déchéance toujours plus profonde du héros, devenu un antihéros. Il trompe de façon éhontée, peu discrète pour le moins, son épouse, pourtant très dévouée, qui finit par le quitter ; il sombre dans l’alcoolisme, la drogue. Jamais rappelé à un haut niveau de compétition sportive, perdant en notoriété, et incapable de garder des emplois du fait de son mode de vie déplorable, il finit petit trafiquant de drogue afin de financer sa propre consommation. Le film montre un peu trop à l’écran ces égarements ; les suggérer aurait suffi. Et ces épisodes sont beaucoup trop longs. Arrêté, condamné à la prison pour plusieurs années, il reconnaît avoir mérité sa punition, attitude positive trop rare. Mais le spectacle est déjà devenu trop pénible, interminable.
 
Le film possède malgré tout un petit intérêt, la reconstitution historique soignée qu’il donne sur toute sa longueur.
 

Hector JOVIEN