A Paris, le square Saint-Ambroise prend le nom de square des moines de Tibhirine

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La ville de Paris a tenu à rendre hommage lundi aux sept moines de Tibhirine enlevés puis assassinés en 1996, en inaugurant un jardin en leur mémoire. Le square Saint-Ambroise (XIe arrondissement) a ainsi été débaptisé pour prendre, à quelques jours du vingtième anniversaire de leur mort, le nom sous lequel on connaît les sept moines assassinés. Selon les organisateurs, il s’agit de rendre ainsi hommage au « message d’amitié, d’ouverture et de dialogue » avec les musulmans, porté, nous dit-on, par ces religieux.
 
Enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, au monastère Notre-Dame de l’Atlas, les sept frères de l’ordre cistercien de la stricte observance avaient été déclarés morts par le Groupe islamique armé, le 23 mai. Leurs têtes avaient été retrouvées le 30 mai suivant.
 

A Paris, un square au nom des moines de Tibhirine

 
C’est donc vingt ans après cet assassinat que le maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé d’inaugurer, en présence de proches des moines disparus et de représentants des différentes religions, ce jardin, à l’issue d’une messe célébrée dans l’église Saint-Ambroise – qui, elle, n’a pas changé de nom…
 
En dévoilant, ce lundi, une plaque au nom des moines de Tibhirine, Anne Hidalgo, en présence de Mgr de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, du grand-rabbin de France Haim Korsia, d’Hubert de Chergé, frère du prieur de Tibhirine assassiné, et de nombreuses personnalités, a tenu à souligner, en une flamboyante déclaration maçonnique, que « les valeurs de tolérance, de fraternité » que les moines ont défendues, devaient être réaffirmées « avec intransigeance ». « Elles sont parties intégrantes de l’humanisme que les spiritualités religieuses ou laïcs ont en partage, a-t-elle poursuivi. C’est le chemin où ils nous ont précédés et où nous nous efforcerons de les suivre, avec le courage, la constance, l’humilité que nous avons appris d’eux. »
 
On ne sait pas exactement comment Anne Hidalgo passe de l’intransigeance à l’humilité. On ne sait pas non plus quelles sont ces valeurs de tolérance et de fraternité qui serait portées à la fois par les laïcs républicains et les religieux quand les premiers ont décapités si facilement les seconds pour en imposer une interprétation qui, il y a deux cents ans, était très clairement perçue comme incompatible, de part et d’autre, avec l’Eglise.
 

Adieu au square Saint-Ambroise, et à ce qu’il ne représente plus…

 
Qu’importe, puisque le P. Augustin Deneck, curé de Saint-Ambroise, se félicite de ce que « ces hommes de Dieu, qui avaient choisi de rester dans le pays malgré la guerre et fait don de leur vie pour la paix et le peuple algérien, ont toujours promu la rencontre et la fraternité avec les musulmans. Ils ont incarné l’amitié, l’ouverture et le dialogue comme une réponse aux drames que vit aujourd’hui notre société ».
 
Qu’importe, puisque, aujourd’hui, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, souligne ce bel hommage rendu à « des hommes profondément ancrés dans leur foi ».
 
Mais quelle foi ? Celle d’un Christian de Chergé, cistercien de la « stricte observance », qui voyait dans le coran le Verbe fait Livre ? Ou celle de saint Ambroise qui défendit avec une telle intransigeance le catholicisme contre l’arianisme qu’il fut élu évêque par acclamation alors qu’il n’était pas même encore baptisé ?
 
La réponse est dans cette cérémonie parisienne. Elle est aussi dans cette procédure de béatification dont on n’arrive pas à voir ce qu’elle viendra sanctionner. Le P. de Chergé, resté en Algérie, contre l’avis de son père, le général Guy de Chergé, sanctionné par De Gaulle après le putsch, et qui lui écrira : « Relis l’Evangile… Pourquoi vas-tu t’enterrer là-bas ? », peut difficilement passer pour un nouvel Ambroise ! La foi qu’il exprime est, au mieux, trop proche d’un relativisme sanctionné par l’Eglise, au point que d’aucuns, parmi les sectateurs du coran, ont pu proposer une lecture musulmane du testament qu’il a laissé…
 

François le Luc