Pas son genre ♥♥
Cinéma

pas son genre

Public : adultes et adolescents

Le spectateur est étonné : il découvre un film français bien construit, doté d’un scénario, d’un minimum de profondeur, parfois drôle, parfois féroce. Pour une fois, nos impôts ne servent pas à produire une horreur dans la forme et le message, sortie dans des salles vides.
 
Le scénario repose sur la relation amoureuse a priori improbable entre un professeur de philosophie parisien, nommé à son grand désespoir par l’Education nationale au lycée d’Arras, et une jolie coiffeuse locale.
Il s’agit d’une forme de variation contemporaine sur des thèmes proches de Marivaux, avec cette justesse d’observation : de nos jours, la relation amoureuse est bien triste, un mensonge pour voiler un désespoir profond incurable. Le monde moderne dépourvu de toute spiritualité ne rend pas les hommes heureux.
 
Le philosophe lui-même ne croit en rien, questionne tout, y compris et surtout l’amour, auquel il ne croit évidemment pas ; il s’amuse à séduire une jolie coiffeuse, et passe des nuits plus agréables dans son hôtel à Arras, que seul ; il doit croire nonobstant ses arguties à la satisfaction des sens, et elle seule.
 
Loïc Belvaux réussit à incarner avec conviction ce sceptique sensualiste ; Emilie Dequenne émeut dans son interprétation de la coiffeuse, qui la malheureuse croit un temps à une relation amoureuse véritable. Les répliques sont écrites comme au théâtres, élaborées, et détendent parfois l’atmosphère par des formulations à la fois comiques tout en demeurant logiquement justes, comme le caractère kantien des raisonnements de la coiffeuse. L’intrigue, et c’est plutôt une bonne chose, est resserrée sur le thème principal.
 
Les caractères secondaires sont ébauchés, existent sans parasiter l’intrigue, tracent une forme de sociologie sommaire, mais pas fausse, insistant sur les contrastes entre les milieux. L’enjeu n’est certainement pas l’enseignement, qui ennuie le professeur du lycée d’Arras, comme les élèves, par ailleurs montrés de manière irréaliste comme particulièrement calmes, sages, bien qu’indifférents, ce qui sur ce point manque de réalisme, même en classe de terminale. Pas son genre développe un message dur au fond, mais surtout un témoignage précieux sur notre époque et ses mœurs.