L’arc-en-ciel a autant de secrets que la nature humaine. Peter Mathieson a commandé un rapport sur le passé censément « raciste » et « colonialiste » de l’université d’Edimbourg qu’il préside : ce rapport propose notamment de débaptiser certains bâtiments et de demander pardon. Mathieson s’est engagé à suivre le rapport : « Ce n’est qu’en s’engageant pleinement et en comprenant l’intégralité de notre passé institutionnel que nous pourrons véritablement apprendre et aller de l’avant. » Il va mettre en œuvre certaines des recommandations formulées par le rapport, en créant notamment un comité d’approbation des noms pour gérer les demandes de changement de nom des bâtiments universitaires. Mais une centaine de professeurs de l’université voient dans tout cela une diversion au comportement présent abusif du président de l’université d’Edimbourg, dont ils critiquent à la fois la gestion et les avantages qu’il tire de sa position. Et ils dénoncent une « complaisance » supposée de Peter Mathieson pour les militants dits « woke », c’est-à-dire arc-en-ciel.
Un président abusif à l’Université d’Edimbourg ?
Il faut avouer que le malheureux président de l’université d’Edimbourg n’est pas en bonne posture. D’une part, il lui manque 140 millions de livres sterling pour boucler son budget des dix-huit prochains mois et cela devrait entraîner des compressions de personnel, ce qui n’est jamais facile à mener. Est-ce pour boucher les trous que Mathieson entretien des liens avec la Chine et l’Arabie Saoudite ? D’autre part, lui-même vit bien de la place qu’il occupe : il dispose d’un logement de fonction, d’une voiture avec chauffeur et du règlement par l’Université de ses factures courantes. L’envie des gens étant ce qu’elle est, il n’a pas été à l’aise pour expliquer aux députés, le 13 juillet dernier, combien il loue le logement d’un million de livres qu’il possède à Londres. Et il n’a pas fallu beaucoup d’imagination à la critique pour se demander s’il était vraiment opportun, dans ces circonstances, de gaspiller l’argent de l’université dans un rapport sur son passé censément raciste. Cette question vénéneuse met en évidence une des constantes de l’arc-en-ciel : il met à profit l’avidité matérielle de ses supplétifs pour faire avancer son programme idéologique.
Un passé abominablement raciste selon le rapport
Jetons un bref coup d’œil sur ce rapport. Il estime que l’université d’Edimbourg a joué un rôle majeur dans l’élaboration de théories racistes et tiré profit de l’esclavage. Exemple, elle a reçu l’équivalent de 30 millions de livres sterling en « dons philanthropiques », provenant des profits tirés des produits coloniaux comme le tabac, le sucre et le coton. Autre chose, les principaux penseurs des Lumières écossaises, qui étaient également d’éminentes figures universitaires du XVIIIe siècle, ont promu des théories d’infériorité raciale et de suprématie blanche pour justifier le colonialisme. Selon le rapport, si les Lumières sont souvent célébrées pour leur influence sur la démocratie libérale moderne, leurs penseurs ont également contribué à nourrir « certaines des idées les plus néfastes de l’histoire de l’humanité ». Sans le moindre souci d’anachronisme, il préconise donc de renommer la tour David Hume, « discrédité par le racisme », et de rebaptiser d’autres bâtiments, tel le bâtiment Dugald Stewart, en raison de ses liens avec l’esclavage. Parmi les autres suggestions : les dons de personnalités controversées comme Robert Gunning et Margaret Stuart Tyndall Bruce, qui financent des prix, des bourses et des postes universitaires à Edimbourg en théologie et en médecine, seront affectés à des projets de décolonisation antiracistes et à la construction d’un nouveau centre d’étude du racisme, du colonialisme et des violences anti-Noirs.
Faire diversion d’un antisionisme bien présent ?
Le rapport préconise beaucoup d’autres choses, dont bien sûr l’augmentation des quotas pour le personnel et les étudiants noirs, ainsi que des bourses pour ces derniers, mais un point particulier doit être souligné. Arthur Balfour, qui devait devenir Premier ministre britannique, fut aussi secrétaire d’Etat pour l’Ecosse et entretint des liens avec l’université d’Edimbourg. C’est lui aussi, on s’en souvient, qui a signé la Déclaration de novembre 1917 garantissant au nom de Sa Majesté le droit d’établir un foyer juif en Terre Sainte. C’en est trop pour le rapport, qui demande à rejeter la définition de l’antisémitisme en vigueur (et internationalement reconnue), parce qu’elle entraverait selon ses rédacteurs la liberté d’expression sur Israël et la Palestine. Le rapport recommande aussi de condamner l’action du gouvernement israélien qui « favoriserait des violations présumées des droits de l’Homme ». Chacun est bien sûr libre de ses opinions, mais on voit mal en quoi une prise de position partisane dans une guerre au Proche-Orient est du ressort de l’Université d’Edimbourg, de ses dirigeants ou de ses étudiants. Encore une fois, la révolution mondialiste avance dans le mélange des genres, en profitant de la cupidité des uns pour imposer l’idéologie des autres.