Un homme hospitalisé depuis deux ans à Pise, en Italie, en état de conscience minimale, s’est soudain réveillé après qu’on lui eut administré un anxiolytique à base de midazolam. Le jeune homme a conversé tout à fait naturellement avec l’infirmier, lui demandant de pouvoir téléphoner à sa famille. Il a pu parler avec son frère, le félicitant pour l’obtention d’un diplôme… Il ne se souvenait pas de l’accident de moto qui était à l’origine de son état de conscience minimale et il n’avait apparemment pas conscience de celui-ci. Il a sombré à nouveau, deux heures plus tard, dans l’état de conscience minimale où il était auparavant. Double surprise…
L’anxiolytique provoque la sortie de l’état de conscience minimale
Les médecins se sont évidemment demandé si le réveil du patient s’était produit par hasard au moment où il absorbait un anxiolytique. Une nouvelle dose lui a donc été administrée, avec le même résultat : le patient est de nouveau sorti de son état de conscience minimale. Et il était, comme la première fois, capable de converser de manière parfaitement normale.
Son cas a fait l’objet d’une publication par Restorative Neurology and Neuroscience.
Si l’équipe médicale a décidé de donner un anxiolytique à ce jeune homme victime d’un traumatisme crânien à la suite d’un accident de moto deux ans plus tôt, c’est pour le soumettre à un scanner destiné à observer l’état de son cerveau : il s’agissait de lui donner un sédatif léger.
Le patient réveillé grâce à l’activation de deux zones du cerveau
Les électroencéphalogrammes enregistrés lors du deuxième essai d’administration de midazolam ont permis de constater que l’anxiolytique a ponctuellement amélioré le fonctionnement de deux zones du cerveau : celles liées aux tâches linguistiques, et celle activée lors des tâches « positives » qui impliquent une action devant une perception, comme tendre un verre lorsqu’on s’apprête à vous servir.
Les examens ont également montré que le patient pouvait se trouver dans un état catatonique – symptôme éventuel d’une épilepsie non convulsive – plutôt que dans un état de conscience minimale. A moins que cet état de conscience minimale ne comprenne de soi des éléments catatoniques…
Bref, l’incident de Pise va permettre de progresser dans la connaissance et éventuellement le soin à apporter aux patients en état de conscience minimale pour les en sortir.
Le plus étrange, dans cette affaire, étant qu’on ne précise nulle part si l’accidenté a bénéficié par la suite d’administrations d’anxiolytiques pour multiplier les phases d’éveil… Elle jette en tout cas une lumière nouvelle sur l’affaire Vincent Lambert, lui aussi en état de conscience minimale, et qui aujourd’hui ne bénéficie pas même de kinésithérapie ni de la moindre stimulation sur le plan médical.