Etonnant papier, dans Ria Novosti, de Paul Craig Roberts, ancien secrétaire d’Etat adjoint au Trésor dans le gouvernement de Ronald Reagan. Accusant nommément les USA de vouloir entraîner l’Europe dans une guerre contre la Russie, qui serait « probablement la dernière de l’humanité », il déplore en même temps que Vladimir Poutine les y encourage par la faiblesse de ses réactions après l’affaire ukrainienne. Selon lui, le mal vient que le capitalisme se soit suffisamment développé en Russie pour que la population tienne à « vivre comme les Européens de l’Ouest décadents ». Aussi le président russe serait-il forcé de ménager ses consommateurs et ses entrepreneurs. Et les contre sanctions qu’il a prises n’en seraient pas de vraies, mais juste une riposte d’intensité équivalente.
Poutine a les cartes nécessaires contre le projet politique américain et l’Europe
Or, selon Roberts, la Russie doit sauver le monde de la guerre, mais pour l’éviter, il faut qu’elle montre clairement à l’Europe quels sont les coûts et les enjeux. Il affirme que Poutine « a les cartes en mains » et qu’il doit « les jouer ». Et il lui souffle l’exemple de Bélisaire qui vainquit les Vandales au sixième siècle en Afrique du nord : « Quand je traite avec mes ennemis ( … ) je tiens dans une main la menace d’une ruine inévitable, et dans l’autre la promesse de la paix et de la liberté. » Car ce serait à l’en croire la situation de Poutine face à l’Europe, à qui il doit donner le choix entre une ruine inévitable et la paix dans la liberté. Si le président russe ne met pas fermement les pieds dans le plat en leur expliquant la chose, alors « Washington va réussir dans son projet de mener le monde à la guerre. »
En clair, Poutine doit prendre les devants et utiliser lui-même la menace. Il est remarquable que cette exhortation très vive lancée au président russe par un politique américain de l’époque Reagan soit parue dans Ria Novosti, agence officielle russe.