« Vendredi violet » aux Pays-Bas : un éducateur chrétien licencié pour avoir refusé de promouvoir l’homosexualité

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Benny Elwuar, 62 ans, est un homme de foi, originaire des Antilles néerlandaises, de confession évangélique. En acceptant il y a 18 ans un poste d’assistant d’éducation dans une école protestante aux Pays-Bas, l’Insula College, il n’aurait jamais pu imaginer qu’il serait licencié un jour pour avoir invoqué l’enseignement de la Bible pour justifier son refus de participer à la glorification de l’homosexualité. C’est pourtant ce qui est arrivé le 9 décembre dernier, à l’occasion du Paarse Vrijdag (« Vendredi violet »), ce deuxième vendredi de décembre où depuis plusieurs années, les établissements d’éducation aux Pays sont invités à participer à promouvoir l’homosexualité par le port d’un bracelet violet. Insula College venait d’emboîter le pas, et comme il n’était pas question de reconnaître le droit à l’objection de conscience de Benny Elwuar, il a été licencié. Son affaire est actuellement devant les tribunaux.

 

Le “Paarse Vrijdag” fait la promotion de l’homosexualité dans les écoles

Un mot, d’abord, du Paarse Vrijdag. L’initiative a été lancée par l’association homosexualiste COC Nederland dans le cadre de sa subdivision de jeunes militants scolarisés GSA (Gender Security Alliance), et s’adresse à tous les établissements, depuis les écoles primaires jusqu’à l’enseignement supérieur. L’action vise à « colorer les écoles en violet » pour promouvoir la diversité de genre et de sexualité « en tant que norme ». Posters, habillement, intervention d’un groupe GSA ou port d’un bracelet violet, tout est accepté. Le site paarsevrijdag.nl propose ainsi une courte interview d’une enseignante lesbienne à l’origine de la célébration du vendredi violet dans son école primaire : elle s’y réjouit de ce qu’à la fin de l’année, l’annonce par deux fillettes qu’elles avaient une « relation amoureuse » avait été applaudie par toute la classe.

Lorsque l’Insula College a mis en place le Paarse Vrijdag en décembre dernier, Benny Elwuar a refusé de revêtir le bracelet violet que l’école avait décidé d’imposer à tous ses employés. Et c’est un élève qui l’a dénoncé à la direction qui, aussitôt, lui inflige un blâme en le renvoyant chez lui, avant de le licencier malgré ses 18 ans de travail, la présence de deux de ses enfants parmi les jeunes scolarisés et le travail bénévole accompli par sa femme dans l’établissement.

 

L’affaire de l’éducateur licencié est devant les tribunaux

Son affaire a été plaidée le 21 avril dernier au tribunal de Dordrecht, où Elwuar a été dans un premier temps interrogé au sujet de la publicité qui a entouré son licenciement. Il lui était notamment reproché d’avoir reçu le soutien d’une association, Gezin in Gevaar (« Famille en danger »). Sans avoir été sollicitée par l’éducateur, celle-ci lui a apporté un soutien matériel dans sa procédure. Elwuar a rétorqué qu’il ne pouvait être tenu pour responsable des articles de presse, et que c’était l’école qui avait créé le conflit en imposant sans discussion possible les bracelets militants.

L’avocate de la fondation H3O dont l’Insula College fait partie est venue expliquer qu’il n’y avait « jamais eu de problème » lors d’» événements LGBT » organisés par l’école, chose contestée par certains ex-membres du personnel qui s’en sont ouverts à Gezin in Gevaar : le projet de programmer un « drag show » dans l’école (un spectacle de travestis comme il s’en organise de plus en plus dans les écoles américaines et européennes) a ainsi suscité des oppositions auxquelles la direction répondrait par des réprimandes.

L’avocate reconnaissait certes que s’agissant d’une école chrétienne, l’enseignement était fondé sur l’Ecriture sainte – « mais abordée de manière inclusive ». La liberté de religion et d’opinion dont se réclame Benny Elwuar sont « limitées » par le devoir de créer un climat de « sécurité » dans l’école. N’avait-il pas invoqué la Bible en dénonçant le drapeau arc-en-ciel devant l’établissement ? Ses tentatives d’« évangélisation » constituent selon cette femme une « provocation » qui « contredit le projet pédagogique de l’école » et empêchent de manière « insurmontable » sa réintégration.

 

Le lobby de l’homosexualité milite pour l’exclusion de ceux qui ne sont pas d’accord

Des représentants de Gezin in Gevaar présents à l’audience ont constaté que l’avocate de H3O s’interrogeait ouvertement sur « l’état mental » de Benny qui un jour était arrivé à l’école avec un sweat portant la phrase : « Keep calm. Jesus is coming. » Elle lui reprochait d’avoir cité Rom. I, où saint Paul dénonce les rapports contre nature, l’accusant de « totale irresponsabilité ».

L’avocate d’Elwuar a plaidé au contraire que l’imposition des bracelets violets avait créé un climat d’« insécurité » dont lui-même mais aussi les enseignants et les élèves qui ne partagent pas leur message sont victimes. Et ce malgré le « respect » que l’éducateur affirme avoir à l’égard des personnes quelles qu’elles soient, homosexuelles ou non. Il a été exclu, a souligné l’avocate, alors même qu’il a présenté ses regrets à l’égard de ceux qu’il avait pu « heurter » – mais tout en maintenant son point de vue, ce que l’école n’accepte pas. Mais cela suppose que « les excuses sincères à l’occasion d’une divergence d’opinion ne sont jamais possibles », a souligné l’avocate de Benny Elwuar.

Invité à s’exprimer longuement par la magistrate à la fin de l’audience, ce dernier a témoigné du fait qu’il ne recherchait pas le « martyre », mais qu’il n’aurait « pas pu agir autrement ». Elle suggéra ensuite à la fondation H3O de révoquer le licenciement et d’engager un « dialogue » avec l’éducateur, mais la proposition fut balayée au motif que la présence d’Elwuar créerait une « atmosphère d’insécurité » dont pâtiraient les « jeunes personnes à la recherche de leur identité ».

Le jugement a été mis en délibéré au 19 mai.

 

Jeanne Smits