La peur du referendum en Ecosse

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A la veille du referendum sur le devenir de l’Ecosse, le monde entier manifeste sa crainte de voir les indépendantistes l’emporter. Qu’Elisabeth II invite ses sujets à « bien réfléchir » n’a, somme toute, rien que de très normal. Mais que, de Pékin à Washington, chacun y aille de son petit couplet paraît incongru. D’autant que le risque économique, avancé par la plupart comme un épouvantail, paraît pour le moins exagéré. Face à une crise économique internationale qui semble loin d’être terminée, d’aucuns – minoritaires certes – pensent même que ce pourrait être une solution…
 
En réalité, la peur de ces politiques est avant tout celle d’une possible contagion, comme le note La Tribune, qui analyse – ce n’est pas si fréquent – les raisons de la peur « des grands de ce monde ».
 
Si bien des mouvements, à travers les pays, appellent à l’indépendance, ce n’est souvent, en tout cas en Europe, qu’un aimable folklore. En tout cas : une vue de l’esprit. Le pouvoir politique s’est tellement centralisé ces dernières décennies que la chose ne paraît plus réaliste. Une concrétisation écossaise, quelles qu’en soient les motivations, pourraient réveiller certaines ardeurs.
 
Avec comme parallèles immédiats le soulèvement de certaines questions délicates, comme celle de l’intangibilité des frontières. A l’heure où la Russie exprime des velléités de cette sorte, l’opposition de la communauté internationale paraîtrait pour le moins falote si l’Ecosse se proclamait indépendante au terme d’un simple referendum…
 
On évoque enfin la « désobéissance » des peuples. Le terme est pour le moins insolite dans la bouche de démocrates, défenseurs, pourrait-on croire, du dogme du peuple souverain. Mais il n’étonnera pas les Français (ou les Néerlandais) renvoyés à leurs chères études pour s’être opposés à l’adoption de la Constitution européenne. Cet involontaire lapsus met ainsi en lumière une réalité : malgré ce qu’on leur chante, les peuples ne sont pas libres. Vous en doutiez ?
Quelques esprits raisonnables n’hésitent pas à critiquer cette sur-médiatisation de la peur, dont le seul résultat tangible, pour l’heure, est de faire grimper les indépendantistes dans les sondages.