La politique des « deux enfants » en Chine vise 17 millions de bébés supplémentaires

politique deux enfants Chine millions bébés supplémentaires
 
Alors que la Chine s’apprête à réajuster sa politique de contrôle contraignant des naissances, envisageant de systématiser le permis du deuxième enfant, un responsable du puissant ministère de la planification familiale a déclaré que ce « relâchement » permettra de reculer de deux ans le moment où le pays atteindra son pic de population. En cinq ans, les autorités chinoises espèrent obtenir la naissance de 17 millions de bébés supplémentaires : pas de quoi inverser durablement la tendance actuelle de la baisse de la population active.
 
« Les nouvelles naissances vont augmenter rapidement pendant une courte période et 76 % des nouveau-nés de deuxième rang naîtront dans des zones urbaines », a déclaré Wang Peian, vice-ministre de la commission nationale de la santé et du planning familial.
 
Sa prédiction s’accompagne de multiples annonces. La nouvelle politique, a-t-il fait savoir, pourrait permettre un gain de croissance de 0,5 point, selon les calculs de l’Académie chinoise des sciences sociales, faire augmenter la population active de 30 millions d’individus d’ici à 2050, et réduire de deux points la proportion de personnes de plus de 60 ans à pareille époque : aujourd’hui elle est estimée à 38 % en 2050, elle pourrait passer à 36 %. Cela reste énorme, surtout dans un pays où les vieillards comptent généralement sur leurs descendants en guise d’assurance retraite…
 

La politique de l’enfant unique a conduit la Chine vers la catastrophe

 
La croissance de la population induite par l’assouplissement de la politique de l’enfant unique sera « marginale », a reconnu Wang. L’accroissement, largement alimenté par l’allongement de la durée de vie, culminerait en 2029 avec 1,49 milliard d’âmes contre 1,36 milliard l’an dernier, mais avec une population de plus en plus âgée qui se rétracterait par la suite.
 
Aujourd’hui la Chine compte 140 millions de femmes en âge d’être mères : 90 millions d’entre elles, aujourd’hui mariées et ayant donné naissance à un enfant, sont potentiellement concernées par la mesure qui leur permettra d’entreprendre les démarches administratives lourdes auprès d’une armée d’un million de fonctionnaires de la commission nationale du planning familial pour avoir « l’autorisation » de donner une nouvelle fois le jour.
 
Les traumatismes liées à la politique tyrannique de l’enfant unique ne cesseront donc pas : surveillance, stérilisations et avortements forcés, amendes et autres contraintes restent à l’ordre du jour. Faut-il s’étonner de ce que le taux de suicides féminins atteigne des records mondiaux en Chine ?
 

Deux bébés, ou 17 millions de naissances en cinq ans ? Les plans quinquennaux communistes n’ont jamais fonctionné…

 
Mais ces traumatismes, la cherté de la vie, l’exiguïté des salaires, des années de propagande contre la natalité et de matérialisme font sans doute que celle-ci, aujourd’hui face au réel problème de la contraction démographique, a peut-être surestimé l’effet de sa nouvelle politique annoncée. Les assouplissements décidés l’an dernier en faveur des parents qui étaient eux-mêmes enfants uniques ont conduit à moins de 30 % de dépôts de dossiers (270.000) par rapport au million escompté.
 
A quoi il faut ajouter non seulement la contraction du nombre de femmes en âge de procréer corrélative à « l’évitement » de 400 millions de naissances (aux dires des autorités), mais encore la tragédie de toutes ces petites filles conçues puis avortées parce que les familles préfèrent, traditionnellement, avoir des garçons, à la fois pour des raisons culturelles et parce que le garçon s’occupera plus tard de ses propres parents, et la fille de sa future belle-famille. Ce génocide des femmes résultera en un « excédent » de 30 millions d’hommes en âge de se marier en 2020, alors que le déséquilibre entre les sexes ne cesse de croître.
 
Il n’y a pas de raison à ce que cela change. Tant que le pouvoir central dictera aux familles le nombre de leurs enfants, la Chine risque d’aller de problème en problème, de solution tyrannique en solution tyrannique.
 

Anne Dolhein