Pas de PV pour les voitures de policiers, vols commis par des agents lors des contrôles : la police au-dessus des lois ?

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Deux faits divers policiers remuent la région parisienne : les voitures de police échappent aux PV en cas d’infraction, et deux agents ont volé de l’argent dans des sacs lors de contrôles. Cette coïncidence signifie-t-elle que la police est au-dessus des lois ou que les médias cherchent à la discréditer ?
 
Cela s’est passé à Évry, à l’entrée même du tribunal, entre le printemps et décembre dernier. Pour protéger le public des terroristes et des malfaiteurs, un contrôle strict y était organisé. Cinq hommes y participaient, trois agents de sécurité employés de la société S3M, et pour les encadrer deux policiers, adjoints de sécurité. Ils contrôlaient notamment les sacs en les passant au scanner. Quand la tête de la cliente ou du client leur laissait prévoir un butin intéressant, ils simulaient une panne, une difficulté, et procédaient à une fouille manuelle rapide du bac et du sac, subtilisent en quelques secondes les billets de banque à leur portée.
 

Combien de vols ont commis les agents lors des contrôles ?

 
Combien ont-ils fait de victimes, et combien d’argent ont-ils volé ? L’enquête l’établira peut-être mais il semble que la somme ait été souvent modeste, et que la personne volée ne s’en soit pas forcément aperçu sur le moment, en tout cas aucune plainte n’a été portée. Mais un jour un témoin a tout vu et dénoncé les policiers au commissariat d’Évry, qui a mené une enquête discrète, plus difficile qu’on ne pouvait l’espérer car les malfaiteurs, fines mouches, s’étaient placés de manière qu’un pylône masque les appareils de vidéo-surveillance qui auraient pu filmer leurs vols. La police a attendu un flagrant délit pour agir et arrêter les coupables, un jour où ils s’étaient surpassés : mille euros en un seul contrôle. Évidemment, on ne tirera aucune conclusion définitive d’un tel fait divers, mais il est dommage que de simples adjoints de sécurité soient choisis pour encadrer des agents d’une société privée, alors qu’ils devraient faire l’objet eux-mêmes d’un encadrement par de vrais policiers chevronnés : c’est une conséquence de la confusion entre mission régalienne de sécurité et gestion sociale des banlieues.
 

PV ou pas PV pour les voitures des policiers en infraction ?

 
L’information venue de Paris est d’une portée plus générale. Il s’agit d’un nouvel épisode du bras de fer entre la police et le maire de Paris, Anne Hidalgo, dont les visées dictatoriales sont entrées en conflit avec les mauvaises habitudes des policiers. Tout est absurde dans cette histoire. Premier acte, Anne Hidalgo confie le soin de coller des PV sur les voitures qui ne respectent pas le règlement du stationnement à des privés, en l’espèce aux sociétés Streeteo et Moovia (bonjour l’anglomanie de base). Sous prétexte d’alléger la charge de travail de la police, on ôte donc à celle-ci une partie de ses compétences – car le contrôle du stationnement fait partie de la police de proximité. Deuxième acte, les privés, ne connaissant que leur devoir (où leur rentabilité), mettent des PV aux voitures de police, celles qui sont banalisées, bien sûr, mais aussi celles où le mot police apparaît clairement, qu’on appelle « sérigraphiées » en jargon du métier. Troisième acte, les policiers, qui avaient l’habitude d’être contrôlés (très doucement) par des contractuel.le.s se mettent en rogne et attaquent Anne Hidalgo.
 

Policiers au-dessus des lois : réalité ou image donnée par la presse ?

 
Après un quatrième acte où le maire de droit divin invoque la grandeur de ses principes et l’intransigeance de sa conscience, la mairie de Paris cale et fait savoir in fine aux syndicats de policiers que « la Ville de Paris souhaitait permettre le stationnement à titre gratuit des véhicules professionnels utilisés dans le cadre de (leurs) missions ». Mais le rideau n’est pas tout à fait tombé, et l’on attend un sixième acte : « C’est une première victoire, s’est en effet félicité Yvan Assioma, du syndicat Alliance Police Paris. Mais nous attendons la suite, à savoir la gratuité de stationnement des véhicules perso des policiers. » Comme cela il sera clair que, tout en n’assurant plus toutes leurs fonctions régaliennes, les policiers s’élèvent au-dessus du commun des mortels et des lois.
 
La question est : pourquoi les deux petits faits divers relevés par cette chronique paraissent-ils en même temps ? Simple coïncidence ou désir de la presse de désigner la police et les policiers à la colère et au mépris du public ?
 

Pauline Mille