Les médias parlent d’une récession inattendue au Japon au troisième trimestre : inattendue peut-être à cet instant précis mais qui était à prévoir si l’on tient compte du principal problème économique japonais : sa faillite démographique marquée par une population vieillissante et une natalité déprimée, et sa dette phénoménale, la plus importante du monde développé. Les « Abenomics » du Premier ministre Shinzo Abe, fondés sur le « stimulus » massif et les dépenses publiques soutenus par la Banque centrale du Japon, sont en échec.
Shinzo Abe essaye de sortir de la récession
Le PIB japonais s’est contracté de 1,6% (en glissement annuel) de juillet à septembre, une tendance soutenue – si l’on peut dire – par la hausse de la taxe nationale sur les ventes : une TVA de 8% qui a pesé sur la consommation.
Cette taxe devait s’accroître pour atteindre 10% en octobre prochain ; Shinzo Abe a déclaré y « réfléchir » désormais, le remboursement de la dette lui paraissant moins urgent que la sortie de la récession. Les médias japonais s’attendent même à de possibles élections anticipées, qui permettraient au Premier ministre d’assurer son poste avant de prendre des mesures impopulaires, face à une opposition aujourd’hui divisée et fragile qui pourrait gagner des forces d’ici à la date normale des prochaines élections en 2016.
L’effet de la dette sur la récession du Japon
Les mauvais chiffres sont d’autant plus inquiétants aux yeux des Japonais que le mois dernier a vu la Banque centrale du Japon acheter d’énormes quantités de bons du Trésor : elle annonçait fin octobre vouloir ainsi injecter 108 milliards de dollars par mois par l’achat intégral des bons émis par le ministère des finances. La Banque centrale possède déjà la plus grande part des bons japonais et pourrait en détenir la moitié dès 2018. Objectif immédiat : provoquer l’inflation, affaiblir le yen. Mais le risque est bien la faillite du Japon.
La faillite démographique entraîne la récession
Avec un indice de fécondité de 1,26 enfant par femme, le Japon est la nation qui vieillit le plus vite au monde. Au bord de la faillite démographique, il pourrait perdre un tiers de sa population entre 2010 et 2060 malgré une augmentation du nombre de personnes de plus de 65 ans grâce à l’allongement de la durée de la vie. Une population de « vieux » qui ne consomme pas comme les jeunes : c’est un suicide démographique qui provoque déjà une rétractation économique.