Le réchauffement pénalise la bière et favorise le vin français

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Du point de vue mondialiste, voici un nouveau péché du réchauffement du climat : il pénalise gravement la production de bonne bière européenne en réduisant la production de houblon, une étude de l’université de Cambridge et de l’académie des sciences tchèque le montre, alors qu’il accroît tendanciellement la fréquence des grands millésimes, comme l’a établi un rapport de iScience focalisé sur les Bordeaux – ce qui favorise objectivement le vin français. Le climat établit ainsi une rupture d’équité dans la concurrence en donnant aux pays de vigne un avantage concurrentiel sur les pays de bière.

 

Comment le réchauffement pénalise le houblon, donc la bière

Le boom de la brasserie industrielle a poussé la production de houblon, nécessaire à l’amertume des bonnes bières, mais celle-ci ne suit pas. Selon l’étude tchèque, par rapport à la période 1974-1994, le rendement a perdu 20 % sur la période 1995-2018. Cette chute serait due au climat plus sec. Selon Martin Mozny, coauteur de l’étude, « la rentabilité du houblon à certains endroits » s’en trouve affectée, ce qui entraîne « une production plus faible et des prix plus élevés pour les brasseurs ». En outre, la teneur du houblon en « acides alpha », très utiles dans la fabrication de la bière, serait réduite par les températures plus élevées. D’ici 2050, elle devrait baisser de « 31 % » (admirons la précision). Les producteurs essaient de s’adapter, mais « les scientifiques » les avertissent que des investissements supplémentaires seront nécessaires.

 

Comment le réchauffement favorise le vin français

L’étude de iScience s’est penchée, elle, sur les grands millésimes, et comme elle voulait mesurer l’influence du réchauffement, elle a choisi le terroir de Bordeaux pour deux caractéristiques : la série statistique est longue et ininterrompue (1950 – 2020), et l’alimentation en eau des vignes est purement naturelle (précipitations). En partant du consensus organoleptique actuel, c’est-à-dire de la préférence pour des vins corsés à la bouche longue et au nez puissant, on observe que la fréquence des bons millésimes croît avec le réchauffement. Les étés chauds et les automnes secs font des raisins riches en sucre et des vins concentrés. Richard Wood, le principal auteur de l’étude, estime que ce qui est établi pour Bordeaux peut s’étendre aux autres vignobles. Mais, bien sûr, il tire la sonnette d’alarme. Si la vigne, grâce à ses racines longues, supporte la sécheresse et les sols pauvres, il existe une limite : « Si les plantes n’ont pas assez d’eau, elles meurent à la fin, et vous avez tout perdu. » Bien vu. Mais comme la vigne résiste en Afghanistan, il fera chaud quand elle disparaîtra dans le Médoc.

 

Pauline Mille