La réalité de la science n’a pas su inverser le discours sur le réchauffement climatique et au moment où les différentes délégations internationales sont empêtrées dans leurs négociations à la COP21 pour aboutir à un accord qui semble aujourd’hui peu probable, certains scientifiques en appellent à un argument plus élevé : la foi. Il ne s’agit pas d’opposer Dieu et la science, mais bel et bien d’unir les croyants aux scientifiques en vue de sauver l’humanité et la planète. Le physicien Hans Joachim Schellnhuber, fondateur de l’Institut de recherches sur l’impact climatique de Potsdam, en Allemagne, déclare n’avoir assisté ces 11 dernières années qu’à l’impuissance des négociateurs des conférences sur le climat. Cependant, assure-t-il, la publication de l’encyclique du pape François, Laudato si’, fait envisager la question du climat comme un enjeu moral à même de réveiller la prise de conscience interconfessionnelle. Pour Schellnhuber, les décideurs politiques réunis à la COP21 savent qu’ils auront des comptes à rendre à l’aune de l’encyclique du pape François. La fameuse « conscience écologique » ?
Les scientifiques prêts à s’appuyer sur la « foi » faute d’arguments scientifiques ?
Au cours des cinq premiers jours des négociations, des militants de toutes confessions se sont exprimés devant les médias, interpellant les dirigeants de ce monde. Ils ont jeûné et prié pour la COP21 et pour le monde. Les dignitaires de toutes confessions ont remis une pétition revêtue de quelque 1,8 millions de signatures aux négociateurs, implorant une action décisive de leur part. Pour Joe Ware, de Christian Aid, le mouvement pour la préservation de l’environnement, réduit à sa dimension laïque, n’a rencontré aucun véritable succès ces trente dernières années. Le mouvement s’est tourné de plus en plus vers les groupes confessionnels pour mobiliser davantage de personnes en appelant à des interventions d’urgence pour le climat, dans la mesure où presque toutes les croyances reposent sur l’idée d’une Création.
La pauvreté indissociable du réchauffement climatique, selon les alarmistes
Pour Veerabhadran Ramanathan, un scientifique de l’Institut océanographique Scripps, qui a conseillé le pape François, cette nouvelle alliance jouera un rôle crucial dans un futur accord historique qu’il appelle de ses vœux. Ce sont les paroles d’un évêque à l’issue d’une de ces conférences sur la fonte des glaciers qui lui ont fait prendre conscience de la nécessité de changer d’angle pour attaquer la question du climat : « Si nous recherchons la justice et la paix, nous devons préserver l’environnement qui nous abrite. » Les déclarations de Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, chancelier à l’Académie pontificale des Sciences souligne en ce sens que « L’encyclique du Pape François n’est pas tant une question d’écologie qu’une question de moralité et de justice ». Avec quelque 3 milliards d’individus souffrant des conséquences des modifications du climat, il s’agit « d’un problème planétaire aux implications sociales, environnementales, économiques, politiques et de redistribution graves » a-t-il déclaré samedi.
La foi au secours de la COP21 grâce à “Laudato si’”
S’adressant aux fidèles de la place Saint Pierre de Rome, ce dimanche, le pape François a demandé aux négociateurs d’avoir le courage de lutter également contre la pauvreté, soulignant que cela allait de pair avec la lutte contre les changements climatiques. Pour Ramanathan, les paroles du pape en appellent au cœur, alors que la science ne touche que l’intellect. L’appel fait à la foi révèle, selon lui, le désespoir des scientifiques et doit faire prendre conscience de la nécessité d’une révolution morale sur le climat. Et d’ajouter que le monde ne fera jamais assez en faveur du climat « tant que cela ne sera pas enseigné dans chaque église, chaque mosquée, chaque synagogue, chaque temple ».
Si le réchauffement climatique était avéré, on pourrait l’entendre. Mais ce n’est pas le cas. La dimension « religieuse » de l’affaire n’en est que mieux démontrée : celle d’une religion qui n’est pas centrée sur la louange de Dieu et encore moins sur la Rédemption de l’homme.