La réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem soutenue par Valls et Peillon : égalité et « valeurs » maçonniques

La réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem soutenue par Valls et Peillon égalité et « valeurs » maçonniques
 
Alors que les enseignants de France sont vent debout contre la réforme du collège, le Premier ministre Manuel Valls a apporté son entier soutien à Najat Vallaud-Belkacem dans une tribune publiée par Libération. Et l’ancien ministre Vincent Peillon, grand idéologue de la pensée révolutionnaire, l’a également soutenue de manière appuyée sur RTL lundi matin, pour dire en substance que cette réforme est aussi la sienne. Le maître mot de la tribune de Valls ? « Egalité ». L’idée force de l’intervention de Peillon : la « refondation de la République ». Il n’est pas besoin d’être spécialiste pour retrouver dans leurs discours respectifs la volonté de faire progresser les valeurs maçonniques.
 
On ne s’en étonnera pas : même L’Express publie ces jours-ci un grand dossier sur Manuel Valls, franc-maçon – il était au Grand Orient de France de 1989 à 2005 à la loge-mère, « ni maîtres ni dieux », « un atelier de trublions, de rebelles, de libertaires, d’anarchistes, de socialistes autogestionnaires ou de communistes », écrit François Koch, du « blog franc et maçon de l’Express ». L’information n’est pas nouvelle mais sa mise en épingle à la devanture des kiosques est remarquable. Manière de s’attirer la bienveillance de certains opposants à la réforme ?
 

Manuel Valls et Vincent Peillon : franc-maçon ou idées maçonnes

 
De son côté, Vincent Peillon est décrit comme un « franc-maçon sans tablier » par le blog « Temps réel » du Nouvel Obs : c’est sous la plume de Renaud Dely et Sylvain Courage, journalistes bien en cour, que l’on pouvait lire en 2013 combien le ministre de l’Education nationale d’alors était « maçons friendly ». Initié ou non, il est sur la même longueur d’onde.
 
Les deux hommes ont un discours similaire, qui tranche avec l’optimisme obligatoire au nom duquel il fallait à tout prix dire toujours que l’école n’est pas moins formatrice qu’avant et que le déclinisme était une erreur. Aussi bien Valls que Peillon dressent un portrait catastrophique de l’état de l’école en France, insistant sur ses échecs, montrant du doigt son incapacité à jouer un rôle d’« ascenseur social ». Ces choses-là, il y a encore cinq ou dix ans, n’étaient dites qu’à la marge par ceux qui critiquent l’Education nationale dans son ensemble. C’est devenu impossible à nier, à occulter, soit ; mais la focalisation sur le désastre est aussi un moyen de soutenir les changements en cours et de faire taire ceux qui doutent.
 
Il faut lire attentivement les deux premiers paragraphes de la tribune de Manuel Valls, ils disent tout et il ne faut pas les séparer :
 
« Parmi les grandes avancées républicaines, il y a l’école. L’école laïque, gratuite et obligatoire. Son ambition –  certains, déjà, à l’époque, la qualifiaient de démesurée : permettre à chacun de s’élever, casser les privilèges, faire que la naissance et le milieu social ne dictent pas le destin des enfants. Grande et belle ambition ! Qui a encore toute son actualité.
 
« La République a fait l’école. Et l’école a fait la République, en formant les citoyens, en leur permettant d’acquérir les connaissances nécessaires, en leur donnant les moyens d’une pensée libre et indépendante. »

 

La réforme du collège de Najat Vallaud-Belkacem pour casser les privilèges

 
« Casser les privilèges », c’est en réalité, dans la pensée révolutionnaire, abolir l’autorité, celle du père surtout. On sait bien que la naissance et le milieu social pèsent lourd dans le destin d’un enfant : ce n’est pas un mal en soi pourvu que les moins chanceux puissent, par l’instruction, le travail, et en « honorant leur père et leur mère » développer les talents qu’ils ont reçus. L’objectif ici est tout autre. Il est de « casser » l’avance donnée à certains. Cela ne peut se faire qu’en confisquant l’éducation aux parents. Toute l’école de la République, publique, laïque et obligatoire est organisée en ce sens et le résultat est là : désastreux, puisque l’égalitarisme consiste nécessairement, à un moment ou à un autre, à couper ce qui dépasse.
 
Vincent Peillon est moins doctrinaire à cet égard : dans son entretien à RTL, il souligne combien « les résultats déclinent pour l’élite » elle-même. Son point de vue, différent, est orienté vers le même résultat : casser les « moules » traditionnels, spécialement ceux de la foi, pour créer une véritable religion de la République, comme il l’a souvent expliqué dans ses présentations sur Ferdinand Buisson, Jules Ferry et autres « hussards noirs ». Il l’affirmait clairement lundi matin : « La refondation de l’école, c’est la refondation de la République. »
 
C’est très exactement l’idéologie mise en avant par Manuel Valls, qui rend hommage aux enseignants aujourd’hui en ces termes : « La nation doit avoir pour ces “hussards noirs” –  même si l’expression est, malheureusement, désuète  – une profonde gratitude. » Savourez ce « malheureusement »…
 

Valls et Peillon au service de l’égalité

 
Que l’école « fabrique de l’échec… du désespoir », comme l’affirme Manuel Valls – et son choix de s’exprimer dans un quotidien libertaire chéri des « instits de gauche » n’est pas un hasard – c’est une réalité que décrivent depuis longtemps les observateurs les plus critiques des nouvelles pédagogies, honnêtes gens de tous bords. La réponse apportée par la réforme Najat-Vallaud Belkacem ne rompt en rien avec ces pédagogies, privilégiant les gadgets comme « transversalité » qui noie les enfants sans leur apporter de connaissances sûres et structurées, et la pédagogie de groupe, aussi bien parmi les professeurs qu’en direction des élèves. Et dont le résultat est une mise sous contrôle de chacun.
 
Pour les professeurs, le travail en équipe est le meilleur moyen pour empêcher les plus cohérents d’entre eux de contourner les programmes et pédagogies globales pour apporter un réel savoir à leurs élèves et rendre efficaces leurs apprentissages. Pour les élèves, c’est la logique de la dynamique de groupe qui s’installe à grande échelle.
 
Valls l’exprime ainsi : « Cette démarche globale, cohérente, initiée avec détermination par Vincent Peillon, a fait l’objet d’une consultation nationale. » (Les mots « globale » et « initiée » ne manqueront pas de rassurer ceux qui se chargent d’écrire le programmes et qui ont la haute main depuis des décennies sur les pédagogies qui décervellent.) Peillon répond, comme en écho : « Cette réforme, nous la préparons depuis de nombreuses années avec des personnalités de tous les bords, de gauche comme de droite. » Il s’agit, du moins en apparence, du Conseil supérieur des programmes.
 

Jacques Grosperrin quitte le Conseil supérieur des programmes, accusant la réforme d’« idéologie »

 
Mais voilà que l’un de ses membres, Jacques Grosperrin, sénateur du Doubs, vient précisément d’en démissionner, en publiant le communiqué suivant :
 
« La création du conseil supérieur des programmes, par la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République, était destinée à assurer la transparence dans la détermination des programmes et la cohérence de ceux-ci.
 
« La réforme des programmes actuellement à l’étude aura été l’occasion, pour le parlementaire que je suis, de constater que la réalité est bien différente de ce qu’elle devrait être. En effet, si nous sommes écoutés, parfois, lorsqu’il s’agit de modifier la formulation des programmes, les propositions de fond sont ignorées.
 
« Or, c’est bien évidemment sur le fond que notre activité pourrait présenter un intérêt.
 
« Dès lors, je ne souhaite pas contribuer, par ma présence, à donner une caution démocratique au fonctionnement dogmatique pour ne pas dire idéologique de ce conseil. »

 
Tout serait-il donc manipulé, décidé d’avance, dans un sens bien déterminé ? Il est difficile de croire l’inverse, tant la mainmise sur les intelligences des jeunes est une pièce maîtresse de toute entreprise révolutionnaire.
 

Les valeurs maçonniques au cœur de la Réforme

 
Manuel Valls insiste beaucoup sur la « mixité sociale » : « Dans ce domaine, nous avons pris beaucoup de retard. Il faut parer aux contournements insidieux de la carte scolaire qui minent notre pacte républicain. » N’allez pas croire qu’il s’agit de faire se côtoyer les jeunes de toutes conditions, les riches et les pauvres, les plus doués et les plus en difficulté, pour que chacun permette à l’autre de grandir. Non : on veut faire cohabiter les cultures, les religions, les déracinements afin d’aboutir au relativisme obligatoire qui est au cœur de la « religion de la République », pour reprendre l’expression de Peillon.
 
Ne jamais oublier non plus cette déclaration de Valls il y a quelques mois à Strasbourg : « La France est la seule démocratie occidentale dont l’identité politique moderne s’est construite contre la religion. »
 
C’est la clef de lecture réelle des réformes actuelles. Après quoi on peut gloser sur le latin et le grec, mais non sans noter que la réforme actuelle ne fait qu’apporter un coup de grâce : leur enseignement a été saccagé depuis des années.
 

Anne Dolhein