Remaniement : Macron en prend d’autres pour faire la même chose

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Emmanuel Macron a profité du remaniement qu’il a imposé à Elisabeth Borne pour écarter deux boulets de poids et promouvoir quelques fidèles inconditionnels. Une chose est sûre : d’autres figures apparaissent, mais la ligne politique restera la même, comme le montre une brève revue des principaux profils et surtout l’analyse des principaux ministères.

 

Les victimes désignées du remaniement

A tout seigneur tout honneur, Elisabeth Borne reste en place. Elle a une tête de fusible idéal, sèche comme un cure-dents mais travailleuse, sérieuse, admirablement impopulaire : elle tient à Matignon le rôle de ces cageots que les jolies coquettes prennent pour amie afin de se mettre en valeur. Aussitôt confirmée, elle a viré Marlène Schiappa, ce que toute la France attendait. Avec ses pataquès, celle-ci occupait remarquablement le terrain médiatique, mais trop c’est trop et son audition au Sénat dans l’affaire du fonds Marianne l’avait condamnée. Cependant Macron aime ce genre de profils, et dans la distribution de tout bon gouvernement actuel, il faut pour amuser le tapis une miss catastrophe, une gourdasse tonitruante dont Sibeth N’Diaye avait été le prototype : le remaniement y a pourvu en embauchant Aurore Bergé, habituée des déclarations abracadabrantes, qui était présidente du groupe LREM à l’Assemblée nationale.

 

Le chouchou de Macron lui-même à l’Education nationale

Le président s’est aussi débarrassé, à la première occasion, du calamiteux ministre de l’Education nationale, Pap N’Diaye, qui donnait trop ostensiblement dans l’obsession LGBTQIA+ et le dolorisme woke. Il fallait un peu rassurer le Français moyen et mettre la pédale douce sur la diversité. C’est chose faite avec Gabriel Attal, gosse de riche parisien bichonné à l’école alsacienne, arriviste précoce du PS passé dès 2016 chez Macron. Il a commencé sa carrière ministérielle en 2018 à 29 ans et s’est pacsé avec Stéphane Séjourné, autre bébé du président, conseiller à l’Elysée jusqu’à 2021, aujourd’hui député européen. Il a promis aux élèves du primaire d’avoir toujours un instituteur pour leur faire classe, ce qui rassure les mères et montre qu’il a bien retenu les leçons de démagogie de Jean-Michel Blanquer, dont il fut le collaborateur.

 

D’autres peurs, d’autres visages, d’autres fidèles

Le remplacement à la santé de François Braun, médecin perdu en politique, par Aurélien Rousseau, historien de formation, haut-fonctionnaire et politicien professionnel, et directeur de cabinet d’Elisabeth Borne jusqu’à sa nomination, indique peut-être que dans la panoplie des peurs systémique dont le pouvoir se sert pour manipuler l’opinion, les pandémies vont être momentanément mises en jachère et remplacées par d’autres. Voilà pour les ministres. Mais le remaniement a surtout produit 9 nouveaux secrétaires d’Etat et une douzaine de nouveaux ministres délégués. Il n’est pas possible de brosser un portrait politique de chacun d’eux, mais dans l’ensemble il s’agit de nouveaux venus et de fidèles du président. L’exemple type en est Sabrina Agresti-Roubache, secrétaire d’Etat chargée de la Ville, rattachée à la fois au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et au ministre de la transition écologique Christophe Béchu. C’est une productrice de télévision marseillaise devenue amie avec Brigitte Macron et son mari en 2016, et qui a réussi à hameçonner deux figures de la droite locale pour la présidentielle, Renaud Muselier et Martine Vassal, ce dont elle a été récompensée par un siège de député en 2022.

 

Un même ministre concentre les pouvoirs

Quand on considère le gouvernement dans son ensemble, on voit d’un seul coup d’œil quels sont les ministères importants. Seul quatre d’entre eux disposent de plus de deux secrétaires d’Etat ou ministres délégués. Bruno Lemaire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, a quatre ministres délégués sous ses ordres. Gérald Darmanin, à l’Intérieur, deux ministres délégués et deux secrétaires d’Etat. Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, a un ministre délégué et deux secrétaires d’Etat. Enfin Christophe Béchu, ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires, chapeaute trois ministres délégués et deux secrétaires d’Etat.

Cela signifie que parmi les grands ministères régaliens, Intérieur, Défense, Justice, Affaires étrangères, deux sont en perte de vitesses : le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti ne dispose d’aucun secrétaire d’Etat, et, sans doute grâce à la guerre en Ukraine, Sébastien Lecornu aux armées en a gardé trois. Un autre est en voie de transformation : les Affaires étrangères se concentrent sur l’Europe et la francophonie, ce qui transcrit la vassalisation de la France par l’Union européenne. Contrairement à une vieille habitude, l’Enseignement supérieur et la recherche n’ont pas été rattachés à l’Education nationale mais bénéficient d’un ministre de plein exercice, sans doute parce que l’étoile montante Gabriel Attal n’a pas encore les épaules pour un « grand » ministère.

 

Remaniement : l’écologisme profite du glissement du régalien

Le cas le plus remarquable est cependant celui de Christophe Béchu. Le ministre de la transition écologique dispose de cinq ministres délégués ou secrétaires d’Etat, soit plus que Bruno Lemaire et Gérald Darmanin, alors même que la transition énergétique a son propre ministre, Agnès Pannier-Runacher. Cela signifie que le ministère de la transition écologique est devenu plus important que les grands ministères régaliens, ce qui manifeste un glissement du régalien. C’est tout à fait normal d’ailleurs : si l’on admet le postulat de base de l’écologisme, que la menace pesant sur l’environnement par la faute de l’homme est la plus grave et la plus urgente, alors il est nécessaire de donner une autorité particulièrement forte au ministre, sous l’autorité du premier ministre et du président, à charge pour lui de transcrire l’ardente obligation de sauver le climat dans les transports, le logement, la ville, les collectivités territoriales et la ruralité, en protégeant naturellement la diversité : et voilà les cinq ministres délégués et secrétaires d’Etat pourvus de leur mission. D’autres figures ont remplacé les anciennes, mais la tâche est la même, promouvoir la Révolution mondialiste.

 

Pauline Mille