Renaissances est un film de science-fiction au scénario tellement impossible qu’il tend, comme souvent, vers le fantastique. Un vieil homme malade, très riche homme d’affaire, condamné par un cancer généralisé à une échéance de quelques semaines, est séduit par l’idée insolite de voir sa survie assurée à travers un processus étonnant de transfert de sa conscience dans un autre corps. Il lui est promis que celui-ci a été synthétisé spécialement pour lui, conçu adulte, jeune et en parfaite santé. Le transfert, réussi, est néanmoins prolongé par un suivi strict, et un traitement médical assez lourd, destiné à empêcher la réémergence de faux souvenirs. Rapidement, le héros est pris d’un doute : ne s’agirait-il pas de souvenirs authentiques d’un corps préalablement vidé de sa conscience pour y installer la sienne ? Le film avance des réflexions intéressantes sur l’identité et sur l’idéologique eugéniste d’un certain transhumanisme, distinguant les hommes jugés dignes de renaître d’autres tout juste bons à disparaître.
"Renaissances" : une morale sauve dans un matérialisme implicite
Renaissances souffre toutefois d’une longueur un peu excessive, et de l’abus de scènes d’action peu crédibles, où le héros aurait dû périr vingt fois. Les fusillades et explosions parasitent quelque peu la réflexion.
Tout comme le mouvement transhumaniste, le film pèche naturellement par son matérialisme implicite incapable de saisir la nature immatérielle de l’âme qui ne saurait se réduire à une cartographie exacte du cerveau. Toutefois il est vrai que si les percées technologiques transhumanistes, analogues en un certain sens à celle qui fait l’objet du film, devaient un jour devenir possibles, elles risqueraient évidemment d’être exploitées par des sociétés mafieuses – et ce point est bien vu. La morale reste sauve : nécessité d’accepter la mort et de refuser concrètement de survivre au détriment d’autrui. Signalons un oubli, essentiel, celui de la perspective chrétienne, qui sait que l’âme immortelle survit au corps, même si la séparation est certainement douloureuse. Peut-être la morale tient-elle surtout de la philosophie antique stoïcienne, mais elle reste assurément préférable au matérialisme le plus cynique imprégné de darwinisme social du transhumanisme.