Comme prévu, le Conseil constitutionnel a jugé le RIP (referendum d’initiative partagée) proposé in extremis par le groupe LIOT anticonstitutionnel. Cela met un terme à l’action légale de l’opposition à la réforme des retraites, si l’on excepte le projet préparé par le même groupe visant à abroger la loi que vient de faire passer Elisabeth Borne, qui entend, comme la répétition des manifestations de rue, éterniser un processus de contestation sans réelle portée politique – à moins qu’il ne se termine par une insurrection généralisée.
Un pas de deux Macron-Mélenchon sur les retraites
Dans cette affaire, depuis le début, tout sent la comédie. A la brutalité hautaine d’un président et d’un gouvernement peu soucieux de pédagogie, c’est le moins qu’on puisse dire, ont répondu d’un côté le refus borné des syndicats, CGT en tête, de négocier, de l’autre la surenchère des politiciens, du RN à la France insoumise. Jean-Luc Mélenchon s’est distingué, à son habitude, par ses postures sud-américaines et ses phrases à l’emporte-pièce. Comme si le gouvernement et l’opposition voulaient occuper la galerie par un grand cirque à propos de la réforme des retraites, et détourner l’attention populaire de difficultés plus immédiates, la dette, le grand remplacement, etc.
Le Conseil constitutionnel ne pouvait que retoquer le RIP
En ce qui concerne précisément les demandes de RIP, elles sont arrivées comme un cheveu sur la soupe, et aucun constitutionnaliste ne leur donnait une chance sérieuse d’aboutir. Mais on a même entendu dire, de source sérieuse, que la première, celle que la NUPES avait déposée, a été rédigée en des termes tels qu’elle devait nécessairement être rejetée. Cela éclaire d’un jour cru la stratégie de Mélenchon, ses outrances volontaires. Le battage autour de la réforme a permis de maintenir l’unité de la NUPES (dont les membres ne sont d’accord sur rien) et de faire semblant d’agir, sans rien faire. Car Mélenchon n’est pas un populiste soucieux de défendre les intérêts des classes populaires, mais un altermondialiste soutenant une révolution globale, dont l’appauvrissement des pays développés est un volet important : et la réforme des retraites s’y inscrit (elle est nécessaire d’un point de vue comptable, si l’on veut, mais uniquement dans ce cadre global).