Risque réel et sérieux pour la messe traditionnelle : un article de Diane Montagna sur le document pressenti

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Alors que les rumeurs circulent au sujet d’un document de la Congrégation pour la Discipline des sacrements interdisant la célébration de la messe traditionnelle, ma consœur Diane Montagna publie dans The Remnant un éclairage fondé sur des informations sérieuses qu’elle a pu recueillir à Rome. Le risque est réel et sérieux, selon ses sources, et le texte pressenti interdirait la messe traditionnelle à tous ceux – y compris aux évêques – qui ne font pas partie d’un ex-Institut Ecclesia Dei approuvé.

C’est habile : diviser pour régner est un vieux principe. Tous les fidèles attachés au rite traditionnel devraient se lever pour prendre la défense de tous.

Reste à savoir si la publication se fera ; et si, en ce cas, les catholiques sauront agir ensemble et généreusement pour ce grand bien, ce « bien commun » de l’Eglise.

Voici la traduction intégrale de l’article de Diane Montagna. – J.S.

 

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Le document restreignant encore la messe traditionnelle existe bien, confirme Diane Montagna

 

Après avoir sollicité plusieurs sources d’information au sujet d’articles récents, j’ai été informée par des sources sûres qu’un nouveau document du Vatican plus restrictif que Traditionis Custodes existe bel et bien, qu’il a le soutien du secrétaire d’Etat du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, et qu’il a été présenté au pape François.

Des sources bien informées ont confirmé que le nouveau document, s’il était publié, interdirait à tous les prêtres autres que ceux appartenant à des instituts ex-Ecclesia Dei approuvés d’offrir le Saint Sacrifice de la Messe dans le Vetus Ordo, ou rite traditionnel, comme il est communément désigné.

Il interdirait également aux évêques de célébrer eux-mêmes ou d’autoriser la célébration de la messe traditionnelle dans leur diocèse, et suspendrait les autorisations accordées par le Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements postérieurement à Traditionis custodes.

Certaines sources indiquent que les paroisses personnelles tenues par des instituts ex-Ecclesia Dei (par exemple, la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre ou l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre) seraient autorisées à poursuivre leurs activités. Toutefois, le fait de savoir si les prêtres de ces instituts seraient autorisés à administrer des sacrements tels que le baptême, la confirmation et le mariage sous la forme traditionnelle, et ce dans quelle mesure, n’est pas clairement établi.

Bien qu’il semble « sauver et protéger » les instituts ex-Ecclesia Dei, il n’est pas clair non plus si les ordinations diaconales et sacerdotales selon le Vetus Ordo continueront d’être autorisées.

 

Genèse du nouveau document sur la messe traditionnelle

En février 2023, quelques semaines après la mort de Benoît XVI, des informations ont circulé au sujet d’un projet de document en cours d’examen par le pape François, qui devait développer et renforcer son motu proprio Traditionis Custodes de 2021. Ce document était également censé affirmer que la seule liturgie officielle du rite latin est le Novus Ordo, et réglementer de manière stricte les communautés ex-Ecclesia Dei.

Des sources vaticanes avaient affirmé à l’époque que le document, une constitution apostolique, avait déjà été présenté au pape François à la fin du mois de janvier 2023 par les supérieurs du dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, dirigé par le cardinal Arthur Roche.

Le document aurait été principalement rédigé par le secrétaire du dicastère, l’archevêque Vittorio Francesco Viola, O.F.M.

Cependant, selon cet article, le cardinal italien Gianfranco Ghirlanda, SJ, largement considéré à Rome comme étant le canoniste préféré du pape, cherchait à persuader François de promulguer une constitution apostolique alternative qui, à première vue, aurait pu sembler plus douce mais qui, en fin de compte, s’est avérée pire en cherchant à enterrer une bonne fois pour toutes la liturgie latine traditionnelle.

Roche et Ghirlanda se disputant l’imprimatur du pape, le document est resté au point mort et, un an plus tard, il était toujours dans l’impasse. Le pape François a donc confié à Mgr Viola le soin de superviser le document au début de cette année.

 

Le soutien du cardinal Pietro Parolin confirmé à Diane Montagna par des sources sérieuses

Selon nos sources, Mgr Viola a discrètement commencé à travailler sur un nouveau document, en consultant notamment le cardinal Victor Fernández, préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi.

Pour rédiger ce document, Mgr Viola aurait également bénéficié du soutien et de l’appui de trois personnages clefs de l’Eglise : le Secrétaire d’Etat du Vatican et architecte de l’accord secret entre le Vatican et la Chine, le Cardinal Pietro Parolin, le Préfet du Dicastère pour les Eglises Orientales, le Cardinal Claudio Gugerotti, et le Nonce apostolique du pape à Paris, l’Archevêque italien Celestino Migliore.

Les lecteurs se souviennent peut-être de ce que le cardinal Parolin, consulteur auprès du Dicastère pour le culte divin et du Dicastère pour la doctrine de la foi, est réputé avoir soutenu Traditionis custodes. En effet, lors d’une réunion à l’ancienne Congrégation pour la doctrine de la foi en janvier 2020, le cardinal Parolin a soutenu que les instituts sacerdotaux traditionnels refusaient d’accepter le changement et n’étaient pas disposés à concélébrer. Le cardinal Parolin a également déclaré alors qu’il partageait l’inquiétude d’autres prélats présents à la réunion, à savoir que ces groupes sont très appréciés par les jeunes. (Plus tôt au cours de la réunion, le préfet de la Congrégation pour l’éducation catholique de l’époque, le cardinal Giuseppe Versaldi, avait insisté sur la nécessité de comprendre pourquoi la messe traditionnelle en latin attire les jeunes, et avait affirmé que de nombreux jeunes participant au pèlerinage de Paris-Chartres avaient « toutes sortes de problèmes psychologiques et sociologiques ».) Le cardinal Parolin a donc recommandé à la CDF d’exiger des communautés sacerdotales traditionnelles qu’elles fournissent un signe concret de communion reconnaissant la validité du Novus Ordo et manifestant clairement qu’elles sont « dans l’Eglise ».

 

Nouvelles menaces contre la liturgie traditionnelle

Le cardinal Parolin, tout comme le cardinal Gugerotti, est par ailleurs un protégé du défunt diplomate du Saint-Siège, le cardinal Achille Silvestrini (1923-2019), membre éminent du groupe de Saint-Gall qui a fait campagne pour empêcher l’élection de Benoît XVI en 2005. Les liens étroits entre Parolin et Silvestrini remontent à 1986, lorsqu’il rejoignit le corps diplomatique du Saint-Siège à l’âge de 31 ans et que Silvestrini était Secrétaire pour les Relations avec les Etats. En outre, un an seulement après la mort de Silvestrini, le cardinal Parolin fut nommé président de la Villa Nazareth, un centre éducatif qui, grâce aux efforts de Silvestrini, devint un pôle du pouvoir ecclésial progressiste à Rome. La Villa Nazareth a également été considérée comme le siège italien du groupe Sankt Gallen et comme ayant les liens troubles avec la Chine.

Le cardinal Gugerotti, pour sa part, a servi pendant cinq ans (1997-2001) en tant que sous-secrétaire de la Congrégation pour les Eglises orientales pendant les neuf années où Silvestrini en était le préfet.

En dépit de leurs liens, les deux cardinaux sont considérés comme des concurrents sur un autre point important : ils aspirent tous deux à devenir pape.

Mgr Migliore, 71 ans, allié du cardinal Parolin et diplomate chevronné, a occupé plusieurs postes de haut rang, notamment celui d’observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et du Conseil de l’Europe, de sous-secrétaire aux relations avec les Etats et de nonce apostolique en Russie. Le pape François l’a nommé nonce apostolique à Paris en janvier 2020.

Début juin, le site traditionnel français Paix Liturgique a rapporté que Mgr Migliore « fait tout son possible pour une application maximale de Traditionis custodes. Mgr Celestino Migliore attise les ardeurs anti-liturgie traditionnelle des évêques de France, insistant spécialement pour que la messe traditionnelle ne soit tolérée que le moins possible, et qu’alors les autres sacrements, notamment les baptêmes, mariages et confirmations, ne soient jamais donnés en forme traditionnelle ».

Si le document décrit ci-dessus devait être publié, il resterait compatible avec les assurances données par le pape François aux instituts ex-Ecclesia Dei approuvés. Et alors qu’on nous dit qu’aucune date de publication n’a été fixée à ce jour, le risque d’un nouveau document, aux dires de nos sources, est sérieux, réel et potentiellement imminent.

 

Diane Montagna

 

Traduction par Jeanne Smits