Derrière l’entrée de Rosatom au capital d’Uranium One, le scandale du financement russe d’Hillary Clinton : l’enquête relancée par Jeff Sessions

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Les retombées du scandale Uranium One accélèrent aux Etats-Unis. Alors que la gauche politique et médiatique a de plus en plus de mal à apporter les preuves d’une collusion entre Trump et la Russie, Hillary Clinton continue d’être empêtrée dans les mailles d’enquêtes sur ses tractations avec les Russes durant son mandat de Secrétaire d’Etat. Rappelons à grands traits la nature du scandale Uranium One. Un accord passé en 2010 pour le transfert de 20 à 25 % du producteur américain d’uranium au groupe public russe Rosatom avait permis à la Fondation Clinton d’engranger des millions de dollars, infiniment plus que ce que la Russie a pu dépenser dans des publicités sur Facebook que la machine politico-médiatique démocrate affirme effrontément avoir fait basculer l’élection de 2016 en faveur de Donald Trump… alors qu’elles avaient été publiées en 2015 avant que le futur président ne s’engage dans la compétition. Le stratège démocrate Mark Penn estime d’ailleurs que seuls 6.500 dollars d’origine russe avaient été investis dans des publicités proprement électorales par le Kremlin. Oui, 6.500.
 

Un simple discours de Bill Clinton en 2010 payé un demi-million de dollars par une banque russe

 
A l’opposé, un simple discours de Bill Clinton fut rémunéré en 2010 un demi-million de dollars par Renaissance Capital, banque russe liée au Kremlin, élément parmi d’autres d’un financement de dizaines de millions de dollars permettant d’enrichir l’ancien président et son épouse. C’était précisément à l’époque où la Russie complotait pour s’assurer que Washington donnât son feu vert à l’acquisition d’une part d’Uranium One et ses gigantesques réserves. Le scandale Uranium One n’est donc pas seulement un scandale Clinton mais aussi un scandale Obama.
 
Corruption, illégalité, collusion : voilà l’arrière-plan de ce scandale, au centre duquel on trouve Hillary Clinton, future candidate démocrate. Et les sommes en jeu furent considérables. Newsweek chiffre à 145 millions de dollars les donations à la Fondation Clinton liées à la transaction Uranium One. Le problème est que le FBI, bien qu’informé tout au long des négociations, ait été fort peu entreprenant malgré les nombreux détails découverts par les enquêteurs avant même que la transaction ne fût approuvée. Cela va peut-être changer.
 

Le ministre Jeff Sessions vient d’ordonner à ses procureurs d’interroger les agents du FBI à propos de l’affaire Uranium One

 
Le ministre fédéral de la Justice Jeff Sessions vient en effet d’ordonner à ses procureurs d’interroger les agents du FBI sur les éléments qu’ils ont trouvés lors de leur enquête sur l’affaire Uranium One, actuellement gelée, révèle NBC News. Les fonctionnaires du FBI ont dû détailler les résultats de leurs investigations et ont été interrogés sur d’éventuelles pressions destinées à bloquer des poursuites.
 
La seule transaction autour du capital d’Uranium One était déjà suffisamment inquiétante pour mettre en cause la politique de la Secrétaire d’Etat de l’époque, Hillary Clinton : elle affaiblissait la position des Etats-Unis dans un secteur hautement stratégique. Mais il y a plus car, dès 2015, le New York Times rapportait, alors que Clinton n’était pas encore candidate démocrate désignée, que plus de 40 millions de dollars de donations liées à la négociation Uranium One avaient été versés sur les comptes de la Fondation Clinton. « Les démocrates avides de preuves concernant l’influence de la Russie sur la vie politique américaine devraient se regarder dans un miroir », ironise le chroniqueur C. Mitchell Shaw sur thenewamerican, car « ils ont choisi Mme Clinton comme candidate après qu’elle a bradé les intérêts américains pour de l’argent qu’elle a ensuite utilisé pour contrôler le parti et assurer sa nomination ».
 

Le financement russe de Hillary Clinton via Rosatom sous le coup d’une enquête lancée par Jeff Sessions

 
L’administration Obama a signé cet accord nucléaire avec Moscou alors que le FBI avait montré que les dirigeants russes tentaient ainsi de s’immiscer dans le nucléaire américain, ainsi que l’a rapporté The Hill, document à l’appui. Une source confidentielle travaillant dans le nucléaire russe avait ainsi produit des notes financières, des enregistrements secrets et des courriels interceptés dès 2009. Les enquêteurs avaient aussi obtenu des récits de témoins, appuyés par des documents, indiquant que les dirigeants du nucléaire russe avaient mobilisé des millions de dollars à destination de la fondation de charité de Bill Clinton alors même qu’Hillary était à la tête de la diplomatie américaine et préparait une décision favorable à Moscou.
 
Un haut responsable des services judiciaires américains, au courant des premières investigations du FBI, a déploré sur NBC News que malgré les allégations de corruption entourant la vente d’une partie du capital d’Uranium One, aucune poursuite n’eût été engagée. Tout du moins jusqu’en septembre 2016, quand Donald Trump et d’autres ont qualifié la transaction de douteuse et demandé une enquête sur Mme Clinton. Il a fallu attendre la semaine dernière pour que Stephen Boyd, assistant du procureur fédéral pour les affaires législatives, envoie une lettre au représentant républicain Bob Goodlatte, président de la commission de la Justice, indiquant que ses juristes allaient indiquer à Jeff Sessions « si une enquête devait être ouverte ou poursuivie ». Ce n’est pas la seule qui serait (re)lancée sur le rôle de Clinton dans la transaction Uranium One : des représentants républicains ont déjà lancé la leur, sur ce sujet comme sur celui du scandale des courriels. Hillary clame son innocence. Il va falloir qu’elle crie très fort pour convaincre.
 

Matthieu Lenoir