Poursuivie par le FMI, l’Ukraine va privatiser ses entreprises publiques et restructurer sa dette – les États-Unis et les Rothschild sont au premier rang

Poursuivie par le FMI, l'Ukraine va privatiser ses entreprises publiques et restructurer sa dette – les États-Unis et les Rothschild sont au premier rang
 
Laminée par la guerre civile, l’Ukraine est à terre – et les vautours sont là, qui n’ont pas joué qu’un petit rôle dans le conflit qui vit s’opposer officiellement les « séparatiste pro-russes » et les gentils nationaux… Pour sortir de la crise économique et faire face à ses milliards de dollars de dettes, pas d’autre choix pour elle que de privatiser à foison et de parvenir à un accord avec ses créanciers privés : le FMI (sur)veille. Les deux processus sont en cours – mais ils signifient la mise à pied totale du pays, contraint à être racheté à bas prix par l’étranger, et en premier lieu la finance américaine.
 
Faudrait-il s’en étonner ? L’issue, orchestrée, était prévisible. Et ce n’est pas le nouveau gouvernement propulsé par les fomenteurs de troubles qui va s’y opposer, du moins pas dans le fond.
 

États-Unis : des fonds d’investissement rachètent la dette de l’Ukraine pour le compte des Rothschild

 
Oui, l’Ukraine est dans le rouge absolu. Après trois ans de récession et un an de guerre, sa dette publique atteint 94 % du PIB, l’inflation dépasse 60 % sur un an, plombe la consommation, et l’activité économique s’est encore dégradée avec un effondrement de 17,6 % de son PIB en un an. Elle a perdu le quart de ses exportations. Le 15 mai dernier, le patron de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a même déclaré qu’elle n’attirait plus les investisseurs…
 
Pourtant il en est certains qui n’ont pas traîné pour racheter presque la moitié de sa dette, soit dix milliards de dollars… Ces créanciers sont au nombre de cinq et dirigés par le fonds d’investissement américain Franklin Templeton, qui n’a même pas voulu révélé au début l’identité de ses partenaires – devant la grogne, trois noms ont été, depuis, révélés. C’est dire la transparence de l’affaire. L’agence Bloomberg a révélé en mars que Franklin Templeton agirait pour la famille Rothschild, ce qui dévoilerait la belle emprise des États-Unis sur l’ensemble du processus de rachat de la dette ukrainienne.
 
Un membre du comité ukrainien de lustration écrivait, il y a peu, sur les réseaux sociaux : « Si je comprends bien, cela a été fait pour empêcher Vladimir Poutine d’obtenir une voix décisive dans le conseil des créanciers et de rendre l’Ukraine complètement dépendante économiquement. Il s’avère aujourd’hui que nos craintes n’étaient pas excessives ».
 

Restructurer la dette sur fond d’impératifs du FMI : les créanciers privés tiennent la dragée haute au gouvernement

 
C’est avec ce groupe de créanciers que le gouvernement doit trouver un arrangement sur la restructuration de ses obligations évaluées à 23 milliards de dollars. La date buttoir étant la mi-juin où le FMI doit verser une autre partie de son plan d’aide de 17,5 milliards de dollars, dont cinq milliards ont été déjà été débloqués en mars.
 
Ce comité a déjà fait des propositions qu’il assure être conformes aux trois exigences du FMI – qui a évidemment son mot à dire : liquidités, durabilité, capacité de paiement. Mais le gouvernement y oppose pour l’instant une fronde – de façade ? – arguant que le comité se concentre uniquement sur l’aspect liquidités. Nul doute que l’accord se trouvera : l’Ukraine y est contrainte.
 

Plus de 300 entreprises publiques privatisées pour 2015, dont des entreprises stratégiques

 
Comme elle est contrainte à mettre en vente la moitié des 3000 entreprises publiques du pays… Le projet avait été annoncé en juillet dernier. Le parlement a approuvé, la semaine dernière, la liste des privatisations pour cette année, qui concerne entre 300 et 350 sites.
Entreprises agroalimentaires et de distribution, de construction mécanique et d’équipements, mines. Mais aussi trois centrales électriques thermiques, treize terminaux portuaires, des compagnies énergétiques, c’est-à-dire des entreprises dites stratégiques, qu’une loi spéciale interdit théoriquement de vendre – le Parlement va être contraint d’y apporter des amendements. Et pour des prix dérisoires : le gouvernement compte en tirer globalement 712 millions d’euros, soit la somme que des investisseurs étaient prêts à acquitter pour la plus importante d’entre elles, il y a cinq ans.
 
Et qui serait au premier rang pour ce rachat ? « Ces mêmes familles d’oligarques et quelques hauts responsables qui contrôlent la Banque nationale et ses moyens transparents de refinancement des banques commerciales » martèle le leader du parti Plateforme civique Anatoli Gritsenko.
 
Et pourquoi pas évidemment l’étranger. La guerre a ses profits, bien connus de tous. Certains même l’organisent pour, d’avance, se les réserver…
 

Clémentine Jallais