La ruée sur l’or de la Chine et de la Russie

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Alors que la cote du métal précieux ne cesse de grimper sous le coup de l’instabilité mondiale mais aussi de la forte demande qu’elles contribuent elles-mêmes à alimenter, les banques centrales de la Chine et de la Russies sont engagées dans une véritable ruée sur l’or facilitée – nous dit Luis Miguel, journaliste visiblement favorable à Poutine au sein de la rédaction de The New American assez divisée sur la question – par « l’empressement des investisseurs occidentaux à s’en séparer ». C’est un mouvement de fond – sans jeu de mots – de l’or de l’Ouest vers l’Est et un signe de la « dédollarisation » en cours, estime-t-il.

Après l’abandon de l’étalon-or par les Etats-Unis, lorsque Nixon a annulé la convertibilité du dollar en or, c’est aujourd’hui au tour des BRICS élargis (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Egypte, Ethiopie, Iran et Emirats arabes unis) d’amorcer un retour vers la place centrale de l’or dans leurs systèmes financiers. Miguel cite Russia Today, le site d’information multi-langues contrôlé par le Kremlin, qui souligne que les prix de l’or aujourd’hui ne sont pas le reflet d’une spéculation : la Chine comme la Russie « amènent des camions chargés d’or physique dans les coffres-forts ». « De l’or institutionnel occidental » en provenance des marchés de gros de Londres et de Suisse. Le commentateur de RT ajoute foi à l’analyse selon laquelle l’or sert déjà aux BRICS, qui ne disposent pas d’une monnaie de réserve, d’« actif de réserve neutre » pour le règlement des « déséquilibres commerciaux ».

 

La Chine et la Russie font grimper le prix de l’or

La Russie achète de l’or à profusion depuis 2007 et a même couplé le rouble avec l’or au début de 2022 (5.000 roubles permettent d’acheter une once d’or pur, la montée des taux relève dès lors de l’aubaine) ; elle en vend aussi, sur un marché que les sanctions consécutives à l’invasion de l’Ukraine n’ont pas touché, et que le trafic de métal a effectivement permis de contourner s’il faut en croire cet article publié par The Conversation.

Luis Miguel souligne que les marchés de l’or occidentaux échangent de « l’or papier » plutôt que de l’or physique depuis que la négociation de contrats à terme sur l’or a été introduite en 1974, ce qui a conduit à faire exploser le volume de « l’or papier » : on estime le total en circulation à 200 à 300 mille milliards de dollars alors que l’or physique ne représente que 11.000 milliards.

 

La ruée sur l’or au service des BRICS

Et de conclure : « En d’autres termes, les Etats-Unis et le reste de l’Occident fonctionnent avec un système monétaire reposant sur des fondations précaires qui s’effondreront inévitablement, tandis que la Chine et la Russie achètent astucieusement l’or existant – assurant ainsi que leur système survivra à l’effondrement de l’Occident. »

L’effondrement de l’Occident est décidément un rêve récurrent parmi les admirateurs de l’ancien bloc soviétique, de la Chine et de leurs compagnons de route « non-alignés ». Et personne ne se gêne ni pour décrire l’objectif ni pour montrer comment on veut y parvenir.

 

Anne Dolhein