On a beaucoup parlé d’une frappe israélienne contre la seule église catholique – celle de la Sainte-Famille – de Gaza, à l’occasion de laquelle, hélas, trois personnes ont perdu la vie, faute de soins accessibles, et plusieurs autres ont été blessées à cause de la chute de débris qui ont frappé des personnes réfugiées dans la cour extérieure du bâtiment malgré des consignes répétées du curé qui leur demandait avec insistance de ne pas s’aventurer au dehors en raison des combats faisant rage alentour.
Fait tragique qui a cependant été exploité de manière malhonnête sur les réseaux sociaux. Même FranceInfo a publié la photo des dégâts qui circulait ainsi, montrant la façade de l’église gravement endommagée et la toiture effondrée.
L’église de la Sainte-Famille à Gaza abîmée mais pas détruite
Or ces importants dégâts structurels n’existent pas dans la réalité : si la façade a bien été touchée juste sous la croix qui la surplombe, le reste de l’église n’a pas été touché et le curé, le prêtre argentin Gabriel Romanelli, lui-même blessé à la jambe lors de l’incident, a pu y célébrer la messe au lendemain.
Les réseaux sociaux ont présenté l’affaire comme une attaque délibérée d’Israël contre un sanctuaire catholique, assortissant leurs accusations d’images faussées, possiblement générées par l’intelligence artificielle selon un expert américain.
Il n’empêche évidemment que des vies ont été perdues, et que l’Eglise catholique a protesté – trompée, semble-t-il, dans un premier temps, par les images « fake » qui laissaient davantage penser à une attaque directe qu’à des tirs perdus. Le pape Léon XIV s’est entretenu au téléphone au sujet de l’attaque avec le Premier ministre de l’Etat hébreu ; le bureau de ce dernier a publié un communiqué affirmant son « profond regret » devant les effets d’un tir perdu et déclarant que « la perte de toute vie innocente est une tragédie », avant d’assurer « partager la douleur des familles et des fidèles ».
Israël a promis de faire la lumière…
L’affaire montre à quel point les conflits actuels peuvent être aggravés et exploités au moyen des techniques d’information modernes pour attiser la haine et le ressentiment, y compris en abusant de la bonne foi des responsables. Ce qui est certain, c’est qu’Israël n’avait aucun intérêt à frapper une telle cible…
Netanyahu a promis une enquête officielle, et le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, le cardinal Parolin, a déclaré qu’il était important qu’elle soit faite, qu’elle soit sérieuse et que ses résultats soient publiés. Tout en notant qu’Israël a déjà « franchi de nombreuses limites » dans ses attaques contre Gaza, et en soulevant la question de leur « proportionnalité », Parolin a souligné qu’on pouvait avoir des doutes quant à l’intentionnalité, ou non, de l’attaque contre l’église de la Sainte-Famille.