« Mariage » entre personnes de même sexe, enseignement de la théorie du genre, euthanasie, suicide assisté… Le monde contemporain suscite bien de nouvelles interrogations morales. Deux camps s’opposent sur ces graves questions qui engagent non seulement des vies mais nos sociétés modernes : ils semblent ne plus pouvoir se comprendre. D’un côté (qui concerne presque tout l’échiquier politique), la liberté de l’homme est revendiquée dans la mesure où elle ne perturbe pas l’autre ; et de l’autre, l’affirmation de l’existence d’une loi naturelle qui imposerait un cadre à l’agir humain. Savoir et Servir consacre son dernier numéro à ces questions.
Une loi parmi d’autres lois
Mais cette loi naturelle n’est-elle pas finalement qu’une construction proprement humaine ?
Il convient d’observer avec honnêteté que bien des lois régissent les êtres inertes et les vivants ; les sciences en font d’ailleurs l’objet de leurs études. Reste à savoir si les actions libres sont elles aussi soumises à certaines lois objectives qui ne résultent pas du choix de l’homme.
Une simple observation permet d’amorcer une réponse : de fait, il y a des règles du comportement libre des hommes, admises par tous, au point que celui qui y serait réfractaire ferait l’objet de la commune réprobation (le meurtre, le viol, les sacrifices humains…). Ceci nous montre que, de l’avis de tous, il y a des choses qu’il ne faut pas faire, et que cette impossibilité morale est universelle, immuable. On peut formuler ces conclusions sous la forme de règles impératives absolues, c’est-à-dire qui ne sont pas relatives aux circonstances.
Le fondement de la loi naturelle
Il faut dès lors chercher sur quel fondement ces lois reposent. Songeons à ce qui se passerait si on ne les observait pas. Chacun pourrait à loisir tuer son prochain, le réduire en esclavage, le tromper, le voler, etc. La vie commune serait impossible, et comme l’homme est un animal social, sa vie même ne serait pas supportable. Si donc la réprobation générale entoure les actions mauvaises dont il était question plus haut, c’est là comme la réaction d’un organisme devant une lésion qui le détruit. L’aversion spontanée éprouvée devant certaines actions est pour l’homme le signe que ces actions sont destructrices de l’ordre social, et de ce fait de l’homme lui-même. Or, la tendance foncière, le désir foncier de l’homme, comme de tout être vivant, pour son épanouissement, c’est précisément cela qu’Aristote appelle la nature : principe de « mouvement et de repos ». La tendance de l’homme à fuir les actions qu’il réprouve et dans lesquelles il voit d’avance le principe de sa destruction, sa tendance à accomplir au contraire ce qui lui est bon, tout cela mérite à bon droit le nom de loi naturelle : une tendance ordonnée universelle et spontanée de la créature humaine à son bien. Ainsi, on peut bien dire que la loi naturelle est inscrite au cœur de l’homme. D’ailleurs, les anciens s’accordent de façon quasi universelle sur cette conclusion.
Un numéro de Savoir et Servir pour faire redécouvrir la loi naturelle
Comment déterminer objectivement ce que prescrit cette loi naturelle ? Les hommes peuvent-ils s’accorder sur ce point ? Comment expliquer que des hommes semblent l’ignorer ? Quels rapports les lois humaines (dites positives) entretiennent avec la loi naturelle ? Doivent-elles toujours prohiber tout ce que proscrit la loi naturelle ? Quelles sont les conséquences de l’émancipation de la loi naturelle ? Est-ce que certaines « utopies » modernes ne pourraient pas nous affranchir du « carcan » de la loi naturelle ? Est-ce que l’application de la loi naturelle demeure à la portée de l’homme ?
Autant de questions auxquelles répond le dernier numéro de la Revue Savoir et Servir : La loi naturelle, mythe ou réalité ? qui vient de paraître. Un petit volume très précieux pour faire redécouvrir la loi naturelle à nos contemporains et en manifester les fondements pérennes.
Savoir et Servir n°79 (Mouvement de la Jeunesse Catholique de France), 80 pages, 6 euros.