Le chef des sociaux-démocrates allemands (SPD) Martin Schulz est désormais d’accord pour une grande coalition avec Angela Merkel, mais à certaines conditions. Parmi ces conditions, Schulz veut une libéralisation de la politique d’immigration, un abandon du plafonnement du nombre de demandeurs d’asile et un nouveau traité européen afin de créer les « Etats-Unis d’Europe » d’ici à 2025 !
Pour l’“Establishment” européen, mieux vaut une nouvelle grande coalition que de nouvelles élections
Depuis l’échec des négociations de la CDU-CSU d’Angela Merkel pour former une coalition avec les libéraux et les Verts, les pressions s’intensifiaient sur le chef du parti social-démocrate allemand, Martin Schulz, pour qu’il revienne sur sa décision d’imposer à son parti une cure d’opposition après sa déroute historique aux élections de septembre. Le 26 novembre, la CDU et la CSU avaient donné leur feu vert à des négociations avec le SPD, avec lequel Angela Merkel gouverne déjà depuis décembre 2013. On n’attendait donc plus que la convention du SPD prévue pour le 7 décembre.
En attendant, plusieurs dirigeants européens tentaient de convaincre l’ancien président du Parlement européen Martin Schulz de s’entendre avec Angela Merkel pour éviter une répétition des élections qui pourraient profiter au parti national-conservateur Alternative pour l’Allemagne (AfD). Parmi ces dirigeants, le président français Emmanuel Macron y est allé de son appel à la responsabilité dans l’intérêt de promouvoir les réformes européennes. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a joint sa voix à celle de Macron, illustrant une fois de plus la proximité entre l’extrême gauche traditionnelle et la gauche libérale-libertaire en Europe.
Au congrès de son parti hier, Martin Schulz a donc demandé et obtenu l’accord d’une majorité des délégués du SPD pour négocier malgré tout une nouvelle grande coalition. Il en a profité aussi pour se faire confirmer à la présidence du parti, avec plus de 80 % des voix (contre 100 % des voix quand il avait été élu à la tête du SPD en mars).
Pour Schulz, il faut construire les Etats-Unis d’Europe pour contrer la montée des nationalismes
« Nous ne voulons pas gouverner à n’importe quel prix », a clamé Schulz, mais nous ne devons pas non plus refuser de gouverner à n’importe quel prix ». Angela Merkel et ses alliés bavarois (CSU) seront-ils, eux, prêt à payer le prix demandé par Martin Schulz ? Celui-ci voudrait, malgré l’hostilité des opinions publiques en Europe, y compris en Allemagne, qu’un traité constitutionnel soit signé et ratifié d’ici huit ans par les Etats membres de l’UE, afin de former une véritable fédération. Pour ce fédéraliste radical qui s’était illustré par son sectarisme lorsqu’il présidait les travaux du Parlement européen, les pays qui ne voudront pas ratifier ce nouveau traité constitutionnel devront quitter l’UE. Comme le Français Emmanuel Macron, Martin Schulz a également évoqué la nécessité d’un ministre des Finances et d’un budget pour la zone euro.
Devant les quelques 600 délégués de son parti réunis jeudi, Schulz a affirmé qu’une UE renforcée serait le seul moyen de s’opposer à la montée des nationalismes observée aux dernières élections aux Pays-Bas, en France, en Finlande, au Danemark, en Autriche et en Allemagne. « Regardez ce qui se passe en Pologne, où les valeurs communes sont systématiquement remises en cause et où l’UE est incapable d’apporter une réponse. Regardez la Hongrie : ce pays n’a pas seulement refusé de faire preuve de solidarité dans la crise des réfugiés, il signe maintenant de gros contrats avec la Chine et s’éloigne de plus en plus de la communauté européenne », a encore attaqué Schulz.
Reste à savoir comment il compte s’y prendre pour créer des Etats-Unis d’Europe grands ouverts à l’immigration contre la volonté des peuples. En supprimant la démocratie ? Logiquement, ce sont d’ailleurs les pays qui ratifieront ce traité constitutionnel souhaité par Schulz qui devront quitter l’Union européenne pour former leurs Etats-Unis d’Europe, et pas le contraire.