Mgr Scicluna de Malte veut abolir le célibat des prêtres et appelle à reconnaître la beauté de l’amour chez les couples homosexuels

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Le secrétaire adjoint du Dicastère pour la Doctrine de la foi (dont le préfet Victor Manuel Fernandez défraie aussi la chronique ces jours-ci), Mgr Charles Scicluna, vient de déclarer au Times of Malta que l’Eglise ferait bien d’envisager de réviser ses règles pour permettre aux prêtres catholiques de se marier. Il lui faut « discuter sérieusement de la question » et « prendre des décisions », a déclaré le prélat qui a ajouté s’en être ouvert au Vatican. Dans la même interview, il a dit tout le bien qu’il pensait de « l’amour » des couples non mariés, y compris les paires homosexuelles.

« C’est probablement la première fois que je le dis publiquement et certains trouveront cela hérétique », a déclaré l’archevêque au sujet de l’abandon du célibat, reconnaissant implicitement qu’il ne s’agit nullement pour lui d’une nouveauté mais qu’il milite – il faut bien utiliser ce mot – pour la chose en privé.

 

Scicluna propose d’abolir le célibat sacerdotal de manière extrême

Discours utilitariste que celui de l’archévêque maltais : « Pourquoi devrions-nous perdre un jeune homme qui aurait été un excellent prêtre, simplement parce qu’il voulait se marier ? Et nous avons perdu de bons prêtres simplement parce qu’ils ont choisi le mariage. » Mgr Scicluna a certes reconnu que le célibat a toujours et continuera d’avoir sa place dans l’Eglise, mais il a assuré avoir appris par expérience que les prêtres doivent également avoir la possibilité de se marier, comme dans les églises catholiques de rite oriental.

« Le mariage a été facultatif pendant le premier millénaire de l’existence de l’Eglise et il devrait l’être à nouveau », a-t-il déclaré.

C’est un peu court. D’une part, la règle du célibat s’impose chez les catholiques de rite oriental pour pouvoir accéder à la plénitude du sacerdoce qu’est l’épiscopat, et d’autre part les prêtres ordonnés ne peuvent se marier. Les prêtres mariés sont ceux qui ont été appelés au sacerdoce après leur mariage. Et encore sont-ils soumis à des règles strictes de continence de plusieurs jours avant la célébration de la messe, qui n’est pas nécessairement quotidienne chez les orientaux ; leurs épouses aussi doivent respecter des règles de sobriété dans l’habillement – le noir s’impose – et leur consentement est d’ailleurs requis en vue de l’ordination.

Cela cadre fort mal avec la pratique du catholicisme de rite latin, et en particulier avec la formation des prêtres au séminaire à l’âge des études supérieures, sans même parler d’une question certes très subalterne, la difficulté à offrir aux prêtres les moyens de subvenir aux besoins d’une famille.

 

Scicluna ignore-t-il la réalité des « prêtres mariés » ?

Plus gravement, c’est toute la richesse de l’engagement du prêtre au célibat qui est laissée pour compte par la proposition désormais ouverte de Scicluna, ainsi qu’une discipline bien plus que millénaire sans cesse réaffirmée, et dont les premières recommandations formelles remontent au concile d’Elvire en l’an 300, comme l’expliquait naguère Yves Chiron à bfm.tv.

Ce que propose Scicluna est tout à fait différent de ce qui se pratique chez les Orientaux : « Un homme peut mûrir, nouer des relations, aimer une femme. Dans l’état actuel des choses, il doit choisir entre elle et la prêtrise, et certains prêtres y font face en s’engageant dans des relations amoureuses en secret. » En d’autres termes, pour l’archevêque, la solution pour empêcher les prêtres infidèles de pécher est de mettre fin au célibat obligatoire, comme le note Infocatolica.

C’est un laxisme qui s’affirme à travers la suppression des normes plutôt que dans l’appel au repentir et à la conversion ; sans surprise, Scicluna adopte d’ailleurs la ligne du cardinal Fernandez en faisant montre par la même occasion d’enthousiasme face à la Déclaration Fiducia supplicans qui autorise la bénédiction des couples en situation irrégulière ou de même sexe.

« Nous disons : qui sommes-nous pour dire qui peut et qui ne peut pas demander la bénédiction de Dieu ? Sa bénédiction n’est pas un jugement de valeur, ce n’est pas une confirmation de votre perfection. Au contraire, demander sa bénédiction, c’est admettre qu’on en a besoin, et qui n’en a pas besoin ? », a-t-il déclaré. « C’est pour les couples qui se trouvent dans des situations qui ne sont pas vraiment idéales, mais lorsqu’ils demandent la bénédiction, ils reconnaissent qu’ils ont besoin de Dieu. C’est un acte de foi en Lui et en Son aide » : tel est le discours lénifiant qui voit l’adultère ou le concubinage homosexuel comme « pas vraiment idéal », modèle de litote cultivant l’ambiguïté.

 

Scicluna invite à reconnaître un « idéal » d’amour chez les couples homosexuels

Mais il est allé encore plus loin. « Comme pour les couples hétérosexuels, si deux homosexuels s’aiment vraiment, ils ont atteint l’idéal le plus élevé possible entre deux personnes, a-t-il déclaré. Le mariage est différent parce qu’en plus d’être une union d’amour, il est aussi ouvert à la vie », rapporte Infocatolica en style indirect. Mgr Scicluna a ajouté : « Notre enseignement est très fort et je ne pense pas qu’il soit négociable. Le mariage est l’union d’un homme et d’une femme et lorsqu’il est ouvert aux enfants. Après tout, ce sont les gamètes de l’homme et de la femme qui créent un bébé. Mais cela ne signifie pas qu’il n’y a pas d’autres relations d’amour qui méritent également la bénédiction de Dieu, et j’admire et je bénis ces couples pour leurs efforts en vue de s’aimer vraiment. »

Il semble que Fiducia supplicans ait eu pour effet de casser les digues qui maintenaient encore un semblant de pensée orthodoxe chez des prélats comme Scicluna. Tout ce qu’il y a de plus sûr et de plus sacré peut désormais faire l’objet de débat, voire de déclarations qui dépassent largement le niveau de la simple hétérodoxie, puisqu’il assume pour sa part de bénir des couples qui s’opposent ouvertement et délibérément à la loi naturelle et divine, au risque de la damnation éternelle.

Au nom d’une fausse miséricorde, ils abandonnent la charité.

 

Jeanne Smits