Alors que la NHS (la Sécu anglaise, pourrait-on dire) souffre d’un arriéré énorme (sept millions de patients attendent d’être soignés), un de ses gros prestataires de soins dans le sud-est de Londres tanne son personnel, pourtant submergé de travail, pour qu’il assiste à une conférence qu’il organise annuellement sur la diversité, le genre et les bons pronoms. Pendant l’effondrement du système, la propagande arc-en-ciel doit continuer – même si quelques députés conservateurs commencent à demander que l’argent du contribuable soit exclusivement dépensé à ce qui fait l’objet social de la NHS, le soin des malades.
Une sécu en mode crise, le personnel surmené
Bromley Healthcare, le plus gros prestataire de soin du sud-est de Londres, organise du 3 au 5 octobre une conférence intitulée « Soyez le changement » et y convie avec insistance ses employés (plus de mille trois cents), en répétant ses courriels (plus de sept jusqu’à présent), qui n’ont pas eu pour l’instant beaucoup de succès : jusqu’à une date très récente, il n’y avait que 37 inscrits. En effet, selon une fuite, le personnel, surmené, serait « presque en mode de crise », au bord du collapsus. Chaque semaine, cependant, les employés reçoivent un message de la dirigeante, Jacqueline Scott, signé « Jacqui (she/her) » pour les exhorter à venir à cet événement « optionnel », mais ils doivent s’inscrire à une formation sur « les préjugés inconscients » qui, elle, est obligatoire, et pour laquelle 82 % avaient déjà sauté le pas au 22 août.
L’arc-en-ciel des identités pour trois jours de propagande
La direction est très pressante, et le porte-parole de Bromley Healthcare fait miroiter l’espoir que la conférence « offre à notre équipe une formation à la diversité et à l’inclusion pour nous assurer que nous détectons et comprenons les besoins de toutes nos communautés et patients, spécialement ceux de nos communautés moins favorisées ». Durant les trois jours de la conférence prendront place des discussions sur les races, par exemple « l’inclusion raciale et l’équité sur le lieu de travail », et des communications sur « le langage inclusif » ou « les identités LGBTQ+ ».
Une Anglaise authentiquement obsédée d’inclusivité/diversité
Deux sujets en particulier tiennent au cœur de Jacqueline Scott, « Pronoms, langage et alliance LGBTQ+ », et « Genre et Sessions LGBTQ+ pour les collègues qui travaillent avec les enfants ». Depuis 2018 a été institué une journée internationale des pronoms, le troisième mercredi du mois d’octobre. Selon Jacqueline Scott, cela sert à « échanger, développer le respect et éduquer à propos de l’usage des pronoms personnels. (…) Se faire appeler par un mauvais prénom affecte les transgenres et ceux qui ne se conforment pas à la façon genrée de parler. Tous ensemble, nous pouvons transformer la société afin de célébrer les identités multiples et intersectionnelles ». Et pour ceux qui n’auraient pas compris, elle ajoute : « Nous voulons nous concentrer sur la construction d’une communauté où l’inclusivité et la diversité sont célébrées, où n’importe quel collègue se sent en parfaite sécurité psychologique pour apporter son moi authentique au travail. »
Et si la Sécu s’occupait de soins plutôt que de propagande ?
Comme les ressources de Bromley Healthcare viennent en grande part de subventions publiques (41 millions de livres), les conservateurs ont beau jeu de rappeler Mme Scott à l’ordre. Miriam Cates, député, dénonce le « gaspillage de l’argent des contribuables » et la propagande arc-en-ciel qui répand « des idées destructrices que la majorité de la population rejette ». Et Dame Priti Patel, de la chambre des Lords, rappelle que « la priorité devrait être le soin des patients, pas les pronoms ». Et comme « le professionnalisme et l’impartialité » des institutions de l’Etat sont en jeu, elle engage le gouvernement à « prendre ses responsabilités » pour mettre fin à « de telles activités dans le secteur public ». Dans un cadre plus limité, de telles conférences et formations de fonctionnaires avaient été interdites à Whitehall après la parution d’une étude montrant qu’elles n’avaient nul effet positif à long terme et pouvaient avoir « des effets pervers inattendus ».
Pendant le collapsus, l’arc-en-ciel continue
Pour la Sécu anglaise, la chose est particulièrement flagrante non seulement parce que le système de soins est engorgé et qu’il n’y a ni un penny ni un moment à perdre, mais parce que Bromley Healtcare en particulier a été inspecté récemment (en 2021) par l’organisme indépendant qui audite la NHS, la Care Quality Commision (CQC, commission sur la qualité des soins), et a été jugé défectueux sur quatre des six principaux critères d’appréciation. La note « amélioration exigée » a touché les critères suivants : normes de sécurité, efficacité, responsabilité, direction. Des variations dans la qualité des soins ont été décelées, et l’opinion des patients n’est pas prise en compte. La CQC estime que « le service n’est pas aussi bon qu’il devrait l’être et nous leur avons dit comment l’améliorer ». Mais Jacqueline Scott préfère utiliser l’argent de la Sécu anglaise pour pousser sa propagande arc-en-ciel et forcer son personnel à s’occuper de diversité et d’inclusion.