L’Etat soigne décidément sa communication. Qu’il s’agisse du projet de loi sur le travail ou de la jungle de Calais, le gouvernement a recours aux moyens modernes, virtuels et autres réseaux sociaux pour se faire entendre. Ainsi a-t-il lancé mercredi un site internet dédié à son action envers les migrants à Calais, histoire de livrer, en une version manifestement aseptisée, sa vérité sur la fameuse « jungle ».
Un site pour répondre aux critiques
Alors que, confirmé par la justice, le démantèlement de la jungle de Calais se poursuit, le gouvernement a intensifié sa communication sur son action en la matière, et ouvert un site internet afin de répondre aux critiques que son traitement de la crise migratoire ne cesse de lui valoir. Parmi les plus récentes, on se rappellera que, la semaine dernière, plusieurs personnes s’étaient cousu la bouche pour protester contre l’opération de démantèlement de la jungle de Calais.
Migrants : la vérité aseptisée du gouvernement
C’est ainsi qu’un site – etat-a-calais.fr – a été lancé mercredi afin d’expliquer les fins et les moyens de l’action menée par le gouvernement vis-à-vis des migrants de Calais. Un site qui, à côté des explications du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, des chiffres-clefs et des dates principales, semble vouloir privilégier que l’on consulte la rubrique sur les nouvelles conditions d’hébergement, ou celle sur l’accueil en général des migrants en France.
Lors d’une audition mercredi matin devant la commission des Lois de l’Assemblée nationale, le ministre a expliqué aux députés avoir « souhaité qu’un site internet soit crée pour établir la vérité » face « aux manipulations et aux contre-vérités ».
Histoire de montrer qu’il sait faire la part des choses, Bernard Cazeneuve a, en revanche, indiqué que le déménagement du camp de Grande-Synthe, pas très loin de Calais, pour des installations en dur n’était pas la « solution ». La différence étant que le maire écologiste de la commune, Damien Carême, n’a pas suivi les préconisations des représentants de l’Etat. Pas de problème de ce genre à Calais, puisque c’est le gouvernement lui-même qui a pris les décisions…
La jungle de Calais : un mauvais rêve
Critiquant ainsi certaines personnes, certaines associations, certaines communes, le ministre se donne à peu de frais la posture d’un homme pondéré, voire réfléchi. Et quand il dénonce, dans certains opposants au projet gouvernemental, des gens qui ont fait de « la situation difficile des migrants » « le miroir narcissisant de leurs préoccupations égotiques », on imagine très bien Bernard Cazeneuve répétant le matin même devant le sien cette formule dont le côté psychanalytique ronflant pose définitivement un homme…
Oubliez les critiques acerbes. Oubliez les chiffres difficiles. Oubliez les photos sales et misérables. Loin de la violence et du dénuement qui ont fait, à des fins politiques mal dissimulées parfois, le quotidien médiatique des Français pendant des semaines et des mois, le gouvernement nous donne la vérité officielle, résumée par cette formule, sortie tout droit, là encore, du cerveau ministériel : « Nous sommes engagés dans une solution humanitaire à la hauteur des valeurs de notre pays. »
J’espère que, dans leur nouveau campement flambant neuf, les migrants ont la wifi…