Sommet USA Afrique : le printemps africain d’Obama

Le sommet USA Afrique s’est ouvert hier à Washington en présence de 35 présidents, neuf premiers ministres et un roi, celui du Swaziland. Avec plusieurs objectifs pour Barack Obama. D’abord nouer des relations économiques étroites avec un continent en forte croissance et au potentiel énorme. En évinçant d’anciennes puissances européennes comme la France et en contenant la Chine. Ensuite changer les sociétés africaines et leur mode de gouvernement dans un véritable « printemps africain ».

Le discours de Jill Biden, l’épouse du vice-président américain, était étudié au millimètre : les Etats-Unis vont donner de l’argent, en échange, il faut promouvoir une Afrique où les femmes jouiront des mêmes droits que les hommes, ne subiront plus de violences et seront des agents économiques déterminants en dehors de leur foyer. De parfaites petites Américaines.

Sommet USA Afrique : derrière l’économie, la révolution

C’est une déclaration de guerre aux sociétés traditionnelles africaines. Très opportunément, on a fait parler après elle le président du Mali, dans une grande djellaba blanche avec une toque : en demandant justice pour les femmes, il apportait sa caution de musulman modéré et de vieux sage à ce bouleversement.
En annonçant le sommet USA Afrique, Barak Obama avait insisté pour sa part sur l’intérêt économique qu’y trouveraient les Etats-Unis. Notamment sur le potentiel de croissance du continent. En appelant de ses vœux une Afrique forte prospère et autonome, il entendait tenir à distance de ses richesses les convoitises de la France ou de la Chine.
Mais s’il avait déclaré « historique » le sommet USA Afrique, c’est, au-delà de la simple cupidité, parce qu’il a décidé une transformation accélérée du continent pour l’aligner sur les normes mondiales. Les thèmes abordées pendant la journée d’ouverture ne laissent pas de doute à cet égard  : lutte contre la corruption, liberté de la presse et surtout alternance au sommet des Etats. John Kerry a cité ainsi Nelson Mandela en exemple, invitant les présidents à ne pas dépasser deux mandats.

Quand Obama lance un véritable printemps africain

Et Obama lui-même a insisté : « Un Etat de droit, c’est aussi le fait que les dirigeants ne gardent pas le pouvoir éternellement. » Les oreilles de Paul Kagame, Téodoro Obiang Nguema, Yoweri Museveni, Eduardo dos Santos et Paul Biya ont dû siffler.
On voit que les Etats-Unis choisissent une méthode radicalement opposée à celle que prônait Jacques Chirac dans les années 90 après le sommet de La Baule. Selon lui, en raison du fait tribal, la « démocratisation de l’Afrique ne pouvait déboucher que sur le chaos. »
Mais aujourd’hui l’histoire s’est accélérée, portée par les révolutions techniques. La pression mondiale véhiculée par le cinéma, internet, les téléphones portables, conduit les peuples, et leur jeunesse en particulier, en Afrique comme ailleurs, à souhaiter une forme de néocolonialisme, à s’aligner sur les normes mondiales quant au niveau de vie, à la forme des sociétés, au mode de gouvernement. Obama saisit le moment pour pousser l’Afrique vers une bonne gouvernance selon les normes définies par l’ONU. Il est en train de lancer un printemps africain sur le modèle des printemps arabes.

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