Le nouveau livre de Steve Mosher : “Le diable et la Chine communiste” (II)

Steve Mosher diable communiste
 

Le communisme, c’est le règne du diable : voilà ce que l’on peut retenir de la présentation par Steven Mosher de son dernier livre, The Devil and Communist China: From Mao Down to Xi, à laquelle nous avons consacré hier un premier article. Dans « Le diable et la Chine communiste », ce spécialiste de la Chine et des questions relatives à la population met en exergue ce qui caractérise fondamentalement le communisme : dans son identité comme dans son fonctionnement, celui-ci repose sur la dialectique : il lui faut un ennemi à abattre, et donc à haïr. C’est le principe de la lutte des classes et de ses avatars successifs – en Chine, les ennemis désignés furent les capitalistes, puis les nationalistes, les propriétaires terriens, les vendus à l’étranger, les enfants à naître, les croyants, les membres de minorités ethniques…

La dialectique elle-même opère au moyen de la division, qui est le propre du diable – mot qui vient du verbe grec διαβάλλεῖν (diaballein) : on comprend ainsi la différence, l’opposition irréductible entre la religion catholique et le communisme.

 

Steven Mosher montre que le règne communiste est celui du diable

La religion catholique, celle du Dieu d’amour, affirme la charité et même le devoir d’aimer : Dieu, notre prochain et même notre ennemi dont il nous faut vouloir le bien. Comment en serait-il autrement, puisque le baptisé en état de grâce jouit de l’inhabitation de la Sainte Trinité en son âme. « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », ose affirmer saint Paul…

Le communisme a la haine et l’envie en son cœur et à sa racine ; son règne entraîne invariablement et inévitablement la mort, la destruction, les ruines puisqu’il est fondé sur la haine. Et c’est en cela qu’il est « intrinsèquement pervers » : par sa parenté avec la haine originelle du « Diviseur ».

Le royaume de Dieu, à l’inverse, est « royaume de justice, d’amour et de paix », comme l’affirme la Préface de la messe du Christ-Roi.

 

La Chine communiste prépare la guerre

Le livre de Mosher a le grand mérite de mettre cela en exergue, et de montrer comment cela se manifeste à travers l’exemple du règne du communisme en Chine, avec ses centaines de millions de victimes et sa négation de l’amour. Dans la deuxième partie des extraits de son entretien avec Steve Bonta de The New American que nous vous proposons (la première partie est accessible ici), il montre comment Xi Jinping s’inscrit dans la continuité de Mao et mène son pays à la ruine et à la guerre. – J.S.

 

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Steven Mosher : “Le diable et la Chine communiste”

 

S. Mosher : Le développement de la Chine dans les années 1980 et 1990 et au début de ce siècle a été franchement spectaculaire. Cela s’est produit grâce à deux facteurs différents. Il s’est produit grâce à l’intelligence, au dynamisme et à l’esprit d’entreprise du peuple chinois, mais aussi parce que les Etats-Unis ont favorisé l’essor de la Chine. Ils l’ont favorisé en finançant l’essor de la Chine : en transférant des technologies à la Chine et en ouvrant leurs marchés à la Chine, de sorte que ces deux éléments combinés ont permis à la Chine, en l’espace de 25 ans, de se hisser du rang de pays très pauvre à celui d’un pays à revenu intermédiaire. Je pense que ces progrès sont aujourd’hui non seulement au point mort, mais qu’ils sont en train de régresser. Et ce recul est dû à la volonté de Xi Jinping d’exercer un contrôle absolu. C’est pourquoi la Chine compte aujourd’hui 65 millions de logements vacants qui ne seront jamais occupés parce que les personnes qui auraient acheté ces maisons et appartements, se seraient mariées et auraient eu des enfants, ne sont pas là à cause de la politique de l’enfant unique. (…)

La période de croissance économique fulgurante de la Chine est révolue. Le taux de chômage officiel des jeunes est aujourd’hui de 16 %. En décembre dernier, il était de 21 %. Mais ils ont alors redéfini ce qu’était le chômage et l’ont réduit de 5 points, non pas en embauchant ces jeunes, mais en redéfinissant simplement le chômage. (…) Etant donné que le PCC ment au moyen des statistiques, le véritable taux de chômage des jeunes est probablement, je ne sais pas, de 40 %, voire de 50 %. Il y a beaucoup de désespoir en Chine parmi les jeunes. Et si les jeunes ne peuvent pas trouver un emploi, ils ne peuvent pas se marier. Ils ne peuvent pas fonder de famille. Ils ne peuvent pas créer d’entreprises. Les jeunes sont le moteur de l’économie. Les personnes âgées, avec leur horizon temporel court, puisent dans leurs ressources et utilisent les richesses qu’elles ont accumulées, si elles en ont. Ce sont les jeunes qui font avancer l’économie, et la population chinoise vieillit et meurt plus vite que n’importe quelle population humaine ne l’a jamais fait.

Il y a donc un problème démographique, un problème économique et, fondamentalement, le problème de Xi Jinping, parce qu’il a ciblé les créateurs de richesses. Pour ce faire, il a placé des commissaires politiques dans les conseils d’administration de toutes les grandes entreprises supposées privées de Chine. Si je suis président ou directeur général d’une entreprise que j’ai créée de toutes pièces, que je vaux un milliard de dollars et que, tout à coup, un commissaire politique du parti communiste chinois, envoyé pour me surveiller, entre dans mon conseil d’administration non pas à mon invitation, mais à celle du parti communiste chinois, ce n’est plus mon entreprise, c’est son entreprise. C’est sa société. Il peut me dicter ce que je fais, comment je traite mes travailleurs, dans quoi j’investis, etc.

Pire encore, Xi Jinping a déclaré qu’il n’était pas opposé à ce que les gens s’enrichissent, à condition qu’ils mettent leur fortune au service du parti. Que signifie mettre sa richesse au service du parti ? Eh bien, les commissaires politiques qui siègent au conseil d’administration d’entreprises comme Alibaba – Jack Ma, son fondateur, est en exil interne quelque part, nous ne savons pas où il se trouve – ont décidé que la meilleure façon de s’assurer que la richesse du milliardaire sert le parti est d’accuser le milliardaire de corruption, de voler son entreprise et de l’exproprier de sa richesse. Et c’est ce qui se passe. Xi Jinping, en parlant de communisme, en exerçant un contrôle politique sur le secteur privé de l’économie, écrase l’économie et place des cibles sur le dos des entrepreneurs et des milliardaires. Et ils disparaissent. Je veux dire par là que la Chine est l’endroit le plus dangereux au monde pour un milliardaire. Ils sont arrêtés en prison, torturés, suicidés, c’est-à-dire qu’ils tombent du balcon d’un immeuble de grande hauteur et meurent.

(…)

 

Steve Bonta : Xi Jinping ne veut pas que la Chine soit dépendante financièrement du reste du monde. Il a vu ce qui s’est passé avec la Russie. Lorsque celle-ci a envahi l’Ukraine, nous lui avons imposé des sanctions et nous l’avons réprimée. Il est évident que la Chine dépend fortement des importations et de ce genre de choses, c’est pourquoi elle stocke des ressources cruciales, renforce son armée et se prépare. C’est en quelque sorte le scénario catastrophe le plus sombre. Pensez-vous que cela puisse se produire ? L’Amérique doit-elle s’inquiéter au sujet de ce type ? Xi Jinping ne se contente pas de réprimer son propre peuple, de ramener le bon vieux temps du maoïsme et, peut-être, de s’emparer de Taïwan, il envisage un conflit mondial plus large et la possibilité de remplacer les Etats-Unis en tant qu’hégémon mondial.

Toutes ces choses sont vraies. Je ne pense pas qu’elles s’excluent mutuellement. Je pense qu’il s’agit plutôt d’une situation de « l’une et l’autre » que d’une situation de « l’une ou l’autre ». Xi Jinping tente certainement, par des moyens essentiels, de parvenir à l’indépendance en arrachant les vergers d’arbres fruitiers et en les remplaçant par des cultures céréalières. Dans la grande province du Sichuan, cette tendance s’est manifestée autour de la ville de Chengdu, où l’on plante désormais du riz dans ce qui était censé être la ceinture verte de la ville. Et c’est ce qui se passe dans toute la Chine, qui essaie donc de devenir indépendante en termes d’approvisionnement alimentaire. Ainsi, en cas de guerre, je pense que le pays n’aura pas besoin d’importer de la nourriture. Ils essaient également de stocker davantage de nourriture. Ils augmentent leur réserve stratégique de pétrole – au moment même où nous vidons la nôtre, malheureusement – afin de disposer de produits pétroliers en cas de conflit. Ils construisent des oléoducs vers la Russie afin de pouvoir acheminer le pétrole par voie terrestre, et essaient de construire un oléoduc à travers le Pakistan pour la même raison, afin de ne pas avoir à envoyer leurs pétroliers dans le détroit de Malacca, près de Singapour, où ils risquent d’être interceptés et coulés. Ils essaient de prendre le contrôle de la mer de Chine méridionale pour la même raison, afin de s’assurer que le flux de pétrole se maintienne.

Il y a donc beaucoup d’indications que Xi essaie d’atteindre une sorte d’indépendance stratégique en termes de ressources naturelles. C’est certainement l’une des choses qui se passe. Et il aimerait être le grand unificateur de la Chine, sans aucun doute. On dit que dans le cadre de discussions internes au parti, il a déclaré que 2025 est l’année où il souhaite que l’Armée de libération du peuple soit prête à intervenir à Taiwan. Je m’inquiète des mois qui nous séparent de janvier prochain, car si le chef du parti communiste chinois pense que le président Trump va être réélu, il pourrait être tenté d’agir plus tôt en pensant pouvoir profiter des hautes sphères de l’administration Biden, où l’on ne sait pas très bien qui est aux commandes. Vous avez mentionné que Biden a déclaré qu’il défendrait Taïwan. Oui, il l’a dit trois fois. Et à chaque fois qu’il l’a dit, un haut fonctionnaire s’est manifesté sous le couvert de l’anonymat pour dire : « Non, non, ce n’est pas notre politique, notre politique est celle de l’ambiguïté stratégique. Nous n’allons pas dire à la Chine si nous défendrons ou non Taïwan, nous allons les embrouiller. » Or, je pense que la confusion engendre des décisions stratégiques manquées et des décisions erronées. Le moyen de prévenir une agression est de faire preuve de force et de clarté, et non de semer la confusion. Je pense que l’occasion se présente maintenant, alors que l’Amérique est faible, que les militaires passent leur temps non pas à s’entraîner au tir, mais à assister à des séances sur la diversité, l’équité et l’inclusion, au cours desquelles la moitié ou les deux tiers des soldats apprennent qu’ils souffrent d’un problème induit par la mélanine.

La Chine est une dictature numérique de haute technologie, dotée d’une clôture invisible, d’une géofence autour de chaque personne en Chine. Le parti communiste chinois sait où chacun se trouve. Il suit les gens par leurs téléphones portables, ce qu’ils disent sur Internet, leurs réseaux sociaux, l’utilisation du yuan numérique, chaque dollar qui entre, chaque yuan qui entre et chaque renminbi qui sort. Ils peuvent ainsi quasiment lire dans la tête des Chinois.

Et bien sûr, ils se plient en quatre pour essayer de programmer ces gens afin qu’ils suivent la ligne du parti ; comme vous le dites, ils peuvent allumer et éteindre la haine du peuple envers les étrangers, presque comme un interrupteur. Sun Tzu, l’ancien stratège chinois, a déclaré il y a 2.500 ans qu’un homme méchant brûlera son propre pays pour régner sur les cendres.

Nous savons qu’au commencement du temps, lorsque le diable s’est rebellé contre Dieu et a conduit les anges déchus hors du paradis, il préférait régner en enfer plutôt que de servir au paradis. Le communisme créera toujours un enfer de l’esprit et un enfer du corps, mais les dirigeants comme Xi Jinping s’en moquent. Ils préfèrent régner sur l’enfer du communisme plutôt que de servir Dieu et de respecter la loi et la dignité des autres êtres humains. C’est le jour et la nuit. C’est l’exact opposé.

(…)

Il est difficile de voir comment on peut sortir de la dictature numérique de haute technologie une fois qu’elle a été établie. Mais le parti communiste est un parti de guerre. Il existe pour contrôler, détruire et fomenter la haine. Et si vous essayez de le transformer en quelque chose d’autre, il s’effondre simplement comme le diamant, si vous le frappez sous le bon angle, se brise en mille morceaux. Tel est le système communiste, qui semble très durable et dur de l’extérieur, mais qui peut être brisé par un coup de marteau donné au bon endroit. Et je pense que ce coup de marteau serait le suivant. Il ne viendrait pas initialement de l’intérieur de la Chine, mais de l’extérieur. Il s’agirait de découpler complètement l’économie américaine de la Chine, de délocaliser complètement nos chaînes d’approvisionnement vers d’autres pays qui respectent nos valeurs et nos institutions, comme le Japon, l’Inde ou l’Australie, et de rapatrier les usines aux Etats-Unis. Si l’on retire le secteur des exportations de l’économie chinoise, le reste serait en ruine et s’effondrerait. Et dans ce scénario, il y a de l’espoir pour le peuple chinois.

 

Traduction par Jeanne Smits