Dominique Strauss-Kahn porte plainte contre le film qui, selon lui, le diffame. Alors que la critique américaine est enthousiaste, son avocat, délaissant la langue de bois habituelle, l’attaque dans les termes les plus violents, comme Anne Sinclair et les médias français. C’est vraiment système contre système.
Si les avocats, dans le prétoire, font parfois des effets de manche, ils sont réputés à la ville pour leur langage châtié : ici, perdant toute mesure, Jean Veil se lance dans une diatribe ordurière et outrée, dont il donne lui-même involontairement la raison, par un magnifique lapsus.
La grande peur de DSK
Il prévoyait de dire que Dominique Strauss-Kahn était écoeuré, sa langue a dit qu’il est effrayé. Serait-ce que la vérité fait peur ? Pour contrer le danger, le clan Strauss-Kahn, et les puissants relais dont il jouit dans l’Hexagone, se lance dans la diabolisation du film. Le réalisateur Abel Ferrara a dû se défendre de l’accusation d’antisémitisme portée contre lui par les plus grands quotidiens, dont le Figaro. Quand il s’agit de défendre un membre du sérail, les barrières de parti ne comptent plus.
De l’autre côté de l’Atlantique, régi par Hollywood et la morale yankee, il en va tout autrement : Strauss-Kahn est le méchant idéal, machiste puissant dont la victime est une noire, même si nul fait n’a été établi. C’est système contre système, comme on va le voir sur ce reportage fait à la sortie du film
Trop de sexe dans ce festival de Strauss-Kahn
Mickey Rourke, en accord avec la critique américaine, est enthousiaste du film, et un vieux de la vieille du cinéma populaire comme Claude Lelouch, qui connaît bien le cœur de la ménagère, aussi. Mais les jeunes intellectuels comme il faut le méprisent, au nom du bon goût (si scrupuleusement respecté d’ordinaire à Cannes), et même de la bonne vieille morale bourgeoise : il y aurait trop de sexe dans ce festival de Strauss-Kahn. Cette argumentation, comme le reproche d’antisémitisme, ne visent qu’à démolir un film qui fait peur au microcosme parisien. Maintenant il ne faut pas être naïf, le moralisme yankee a servi en mai 2011, à liquider un homme politique puissant et emblématique. Strauss-Kahn avait donné toutes les munitions pour se faire descendre : la question est de savoir qui a choisi le moment de l’exécution et pourquoi. Y répondre permettrait de mettre des noms sur les deux systèmes qui s’affrontent·