Supprimer les fêtes chrétiennes : la Révolution d’Eric Piolle

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Le maire de Grenoble, Eric Piolle, politicien venu du socialisme et inscrit à EELV (Europe écologie les verts), connu pour ses propositions souvent dissonantes, vient de proposer la suppression des fêtes chrétiennes du calendrier laïque. Une Révolution qui est dans le fil d’une bonne part de la gauche, mais qui semblait en sommeil et a provoqué une polémique. Les précisions qu’il a données pour apaiser celle-ci sont éclairantes, et un peu inquiétantes. Cela vaut une petite plongée dans une grande Révolution anticatholique qui se continue depuis 1789.

 

Piolle, un condensé de la Révolution en cours

L’homme est divers, il a été ingénieur, cadre, chef d’entreprise, il sait ce que c’est qu’un budget, et condamne parfois de façon touchante ses amis en la matière – mais il a choisi la politique, et il s’y tient par cohérence (?) idéologique. Il a commencé à Nouvelle Donne, cet OPNI (objet politique non identifié) lancé par Pierre Larrouturou et Stéphane Hessel pour renouveler le PS et la gauche sur le modèle du New Deal de Franklin D. Roosevelt. C’est un intellectuel, né en 1973 d’un père et d’une mère travaillant au CNRS. Il a rassemblé toutes les gauches et tous les citoyens imaginables en un « arc humaniste » pour conquérir Grenoble, et donné depuis dans tous les incontournables lubies bobo : il s’est opposé aux grands axes de transports, y compris ferroviaires, il a soutenu Nuit Debout, demandé une convention citoyenne sur le climat et un Green New Deal dont les investissements ne seraient pas comptabilisés dans la dette publique. Il a poussé les menus végétariens dans toutes ses cantines un an avant le maire de New York et ouvert les piscines au Burkini, avant que le tribunal administratif ne le condamne.

 

Remplacer les fêtes chrétiennes par des fêtes laïques

Bref, vous voyez le genre. Il a voté Mélenchon en 2017 et Jadot en 2022, toujours « l’arc humaniste ». Cet arc humaniste porte une idéologie qu’Eric Piolle vient une nouvelle fois d’exprimer dans un tweet : « Supprimons les références aux fêtes religieuses dans notre calendrier républicain : déclarons fériées les fêtes laïques qui marquent notre attachement commun à la République, aux révolutions, à la Commune, à l’abolition de l’esclavage, aux droits des femmes ou des personnes LGBT. » Tout un programme très clair, celui de la Révolution en cours. Et qui rappelle celle de 89. Elle aussi avait bouleversé le temps de nos aïeux pour produire un calendrier révolutionnaire. Plus de semaines, des décadis, plus de saints, plus de mois non plus, mais la poésie naïve des Floréal et des Brumaire. Derrière ce bucolique de bergeries, ce fut une terrible Révolution anti-chrétienne. Fabre d’Églantine, l’auteur d’Il pleut, il pleut bergère, et du calendrier révolutionnaire, fut aussi un concussionnaire et un extrémiste qui finit avec son maître Danton, sur l’échafaud.

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La Révolution française n’est pas terminée

Piolle n’est pas le seul dans son genre. Vincent Peillon, socialiste et ancien ministre de l’agriculture, se plaît à penser sur l’histoire et a écrit La Révolution française n’est pas terminée. L’idée de base est que la tradition républicaine en France, issue de 89 et 93, est de nature religieuse, et qu’il faut une religion laïque pour remplacer le catholicisme, tant que celui-ci existera, la Révolution reste à faire et la République n’est pas aboutie. Evidemment, l’Education nationale n’ayant pas réussi à « arracher les enfants à leurs déterminismes » religieux, ce projet en fait hurler certains. Ce qui a mené Eric Piolle a mitiger un peu son projet de supprimer les références chrétiennes. Pour lui, ce ne serait qu’une réaction à un projet de Gérald Darmanin : « Monsieur Darmanin avait demandé que l’on recense les enfants absents au moment de l’Aïd. Je trouve cela extrêmement discriminant. »

 

Un drôle compagnon de route qui veut supprimer nos fêtes

On se demande quel est le rapport, mais cette indignation a permis à Eric Piolle de faire provisoirement machine arrière. Il n’appelle plus à supprimer des jours fériés mais à modifier leur célébration. Et s’il propose qu’il y ait « un jour sur l’abolition de l’esclavage », il ne demande pas qu’on inscrive l’Aïd ou quelque autre fête religieuse au calendrier, il souhaite qu’elle puisse être célébrée « à discrétion », ce serait une manière « d’arrêter de discriminer » les musulmans. Au terme d’un pénible exercice de contorsionniste, il a ajouté : « Je suis de culture chrétienne, je suis un compagnon de route de l’Eglise, je continue d’aller à la messe même si je ne suis pas croyant. » A son curriculum vitae figure en effet ceci en février 2016 : Eric Piolle participe à une lecture à trois voix de l’encyclique sur l’écologie Laudato Si’ avec le cardinal Barbarin et le député de l’Ain Xavier Breton, des républicains. Intéressant, ce compagnon de route séduit par Laudato Si’ dont le souhait, un peu trop en avance, est de supprimer les fêtes chrétiennes de notre calendrier.

 

Pauline Mille