Taxe carbone : la « défense du climat » menace de plonger une partie du monde dans la famine, montre l’IIASA

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La taxe carbone et l’attirail interventionniste qui s’abat sur nos économies sous prétexte de « défense du climat » pourraient bien avoir l’effet inverse de celui (prétendument) recherché, montre une étude de l’International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA). Cet institut basé à Laxenburg en Autriche, fondé en 1972 par un accord américano-soviétique pour réfléchir sur les problématiques mondiales, a établi qu’une mesure générale contraignante censée combattre le supposé réchauffement climatique d’origine humaine, telle qu’une taxe carbone étendue au monde entier, pourrait avoir des conséquences graves sur l’agriculture. Au point d’engendrer davantage de famine et d’insécurité alimentaire que l’impact supposé du changement climatique lui-même.
 

La « défense du climat », prétexte pour imposer la taxe carbone

 
Le jacobinisme mondial prend prétexte de l’effet supposément réchauffant de la hausse du taux de carbone dans l’atmosphère – sans jamais considérer que son augmentation entraîne une accélération de la croissance des plantes – pour généraliser la taxe carbone. Premier pas vers un changement de cap, l’IIASA prône des politiques plus « participatives », en d’autres termes plus adaptées et plus souples. C’est un coin enfoncé dans le dogme de « défense du climat », d’autant plus remarquable qu’il provient d’une institution globaliste avant l’heure.
 
L’étude de l’IIASA est la première qui modélise les effets comparés sur l’alimentation du changement climatique d’une part, des politiques de restrictions à visée climatiques de l’autre. Elle a été menée par Tomoko Hasegawa, de l’Institut national japonais pour l’étude de l’environnement (NIES), et Shinichiro Fujimori, professeur à l’Université de Kyoto. Ils ont comparé huit modèles agricoles pour analyser divers scénarios et leurs conséquences à l’horizon 2050. Il s’agit de modèles de développement socio-économique, l’un d’eux incluant un effort de « soutenabilité », un autre poursuivant l’itinéraire de développement actuel, le tout avec différents « niveaux de réchauffement ». Les divers scénarios incluent ou non des politiques contraignantes.
 

Un surplus de 24 millions d’humains en famine sans taxe carbone, 78 millions avec, montre l’IIASA

 
A l’horizon 2050, l’étude de ces modèles montre que le changement climatique – tel qu’il est projeté par les officines officielles -, pourrait entraîner la mise en danger alimentaire (famines) de 24 millions d’humains en plus de ceux qui le sont déjà, voire 50 millions. Mais si l’agriculture est soumise à des règlementations très contraignantes à visée supposément climatiques, telles qu’une taxe carbone mondialisée ou un système de droits d’émissions appliquant les mêmes règles à tous les secteurs économiques, l’augmentation des prix alimentaires pourrait être telle que le nombre d’humains risquant d’être frappés par la famine bondirait à 78 millions, voire 170 millions selon certains modèles de l’IIASA. Les régions les plus vulnérables sont l’Afrique sub-saharienne et l’Asie du Sud.
 
Selon la FAO, l’organisation des Nations unies pour l’alimentation, 815 millions d’êtres humains sont actuellement soumis à la famine, sur 7,6 milliards dénombrés en mai 2018. En cas d’application de politiques rigides et globales, « il deviendrait difficile pour beaucoup plus de personnes pauvres et vulnérables d’acheter suffisamment de nourriture » pour survivre, estime Tomoko Hasegawa, qui estime aussi « que beaucoup de gens pourraient basculer d’une alimentation riche vers une alimentation plus pauvre ». Le chercheur recommande des politiques spécifiques adaptées à chaque pays, le retour du local ou du national, en quelque sorte.
 

La taxe carbone fait bondir les prix la production, au risque de famines

 
Le consensus actuel édicte que l’agriculture, l’un des premiers émetteurs de gaz à effet de serre supposé, doit faire plus pour « partager le fardeau » de la réduction de carbone. L’étude de l’IIASA, sans oser remettre en cause le présupposé controversé d’une toxicité du CO2 pour le climat, n’en démontre pas moins que les mesures autoritaires telles que la généralisation de la taxe carbone fera bondir les prix agricoles à la production, au risque de famines. Ce peut être soit par effet direct de la taxation des émissions, soit par une taxation des émissions induites par des changements d’usage des terres telles que la conversion de forêts en zones agricoles. Cela peut être aussi, indirectement, par l’augmentation de la demande pour des biocarburants, en compétition avec les productions alimentaires.
 
Pour éviter toute polémique, les chercheurs soulignent que leurs conclusions ne sauraient remettre en cause les efforts de réduction des « gaz à effet de serre ». Ils se limitent à prôner des politiques « intelligentes » ou « adaptées ». Reste que par ce biais ils remettent en cause le principe même de gouvernance mondiale, dont l’argument climatique est l’un des principaux bras de levier. Pour eux, les décideurs des « politiques climatiques » doivent prendre en compte d’autres facteurs et objectifs de développement, plutôt que de se focaliser sur les seules réductions d’émissions.
 

Pour éviter la famine, augmenter la productivité, transférer le produit de la taxe carbone…

 
Le serpent des bonnes intentions se mord la queue. « La tarification du carbone ferme les portes aux pays en voie de développement, où vivent des populations hautement vulnérables », insiste Hasegawa qui prône « une intégration des réglementations aux politiques de développement » pour éviter la famine. Nos chercheurs suggèrent des systèmes agricoles plus productifs et résilients, pointant par exemple que les élevages industriels de ruminants forment les trois-quarts des émissions issues de l’ensemble des ruminants pour seulement la moitié du lait et de la viande. Ils prônent l’adoption de techniques propres aux pays peu développés ou l’utilisation d’une partie du revenu de la taxe carbone pour des programmes alimentaires. Ou encore le transfert de technologies d’amélioration des cultures des pays développés vers les pays pauvres. Ils occultent toutefois les effets positifs du carbone lui-même sur… la croissance végétale.
 

Matthieu Lenoir