L’industrie automobile allemande est dans les affres d’un nouveau scandale alors qu’on vient d’apprendre qu’une étude financée par Volkswagen, BMW et Daimler (qui fabrique les Mercedes) a consisté à exposer des singes à inhaler pendant des heures d’affilée les gaz d’échappement d’une Coccinelle VW diesel. Si les tests sur les animaux ont indigné l’opinion, il semblerait que la vraie raison de l’occultation de ces expériences vienne de ce qu’elles ont permis de constater : les émissions de gaz des voitures à diesel récentes sont plus dangereuses pour la santé que celle des voitures d’il y a 20 ans, plus « propres » que les neuves. Et ce malgré le fait que la Coccinelle testée comportait des logiciels permettant de réduire les émissions au cours des tests.
Les résultats de ces expériences menées aux Etats-Unis n’ont donc jamais été publiés. Ce n’est que mardi qu’ils ont fuité dans la presse allemande, en même temps que des courriels montrant que les scientifiques étaient inquiets du probable mécontentement des constructeurs automobiles face à ce qu’ils avaient mis en évidence.
Les vieilles voitures diesel ont causé moins d’inflammations chez les singes
« Cela me met un peu mal à l’aise d’envoyer tout ça sans approbation. Les résultats ne correspondent très évidemment pas à ce qui était attendu et je ne suis pas sûr de la manière dont ils veulent avancer désormais », affirme ainsi un courriel du directeur de recherche Jacob Mcdonald. Un autre courriel d’un chercheur de l’équipe parle d’« adoucir » les résultats.
Au cours de l’expérience menée en 2014, des singes ont été exposés pendant huit heures d’affilée aux gaz d’échappement d’une « VW Beetle » contemporaine et d’une Ford pick-up diesel construite en 1997. Le premier groupe de singes a affiché une inflammation plus importante de leurs organes internes que ceux exposés aux émissions du vieux tacot.
Occultation de tests gênants pour l’industrie automobile allemande parce que les voitures neuves sont moins « propres » ?
Selon Bild, le groupement des constructeurs allemands qui a mandaté l’étude a payé 649.000 dollars lors de la commande mais a refusé de payer un reliquat de 71.857 dollars parce qu’il n’était pas content des résultats. Aujourd’hui, les trois constructeurs allemands impliqués à divers titres prennent des mesures de renvoi des responsables ou tentent de se désolidariser de l’affaire qui fait grand bruit auprès des défenseurs des droits animaux, même si le recours à des singes pour ce genre d’étude est à la fois fréquent et efficace.
On dit moins que des années de réglementation et de mise en garde contre les effets néfastes du gaz d’échappement des voitures à gasoil, avec des exigences toujours plus lourdes et l’installation de filtres à particules au fonctionnement souvent désastreux, n’ont pas eu l’effet escompté, bien au contraire.
La question est posée : lorsqu’Anne Hidalgo chasse les voitures anciennes de Paris, mettant à l’amende ceux qui n’ont pas les moyens de s’acheter les derniers modèles prétendument « propres », cela a sans doute encore moins de sens que ce que l’on pensait.