Tapis rouge pour Theresa May à Berlin mercredi soir : le nouveau Premier ministre britannique a été reçu avec honneur par Angela Merkel peu après que Mme May eut fait savoir que le Royaume-Uni renonce à la présidence tournante de l’Union européenne prévue pour le second semestre de 2017. Elle a également accepté de préciser avec Merkel que le Royaume-Uni continuera, tant que le Brexit n’est pas consommé, de verser ses contributions à l’UE, en promettant que son pays nouera les liens économiques « les plus étroits possibles » avec l’Allemagne.
Les menaces de mise au ban de la communauté des Etats de l’Union n’auront été que de courte durée. L’Allemagne voit son intérêt et affirme vouloir le défendre ; cela passe par un « fort lien d’amitié » avec la Grande-Bretagne.
Quelle forme prendra donc le Brexit ? C’est la vraie question, une question dont on peut subodorer qu’elle sera réglée par la bande. Se tenant solennellement aux côtés de Mme Merkel à Berlin, Theresa May a déclaré : « J’ai dit clairement que Brexit veut dire Brexit et que le Royaume-Uni entend en faire un succès. Mais je veux dire également clairement ici, comme je le ferai en Europe dans les semaines à venir, que nous ne nous éloignons pas de nos amis européens. Le Royaume-Uni restera un pays tourné vers le large et l’Allemagne restera pour nous un partenaire vital, une amie de choix. »
Theresa May reçue avec les honneurs par Angela Merkel
L’Allemagne est en effet le deuxième partenaire commercial du Royaume-Uni, tandis que 1.200 sociétés britanniques emploient plus de 220.000 personnes sur le territoire allemand. D’où les protestations de foi libérale et d’attachement au libre-échange. Sans oublier l’invocation des « valeurs » partagées par les deux nations : ce sont évidemment les « valeurs » maçonniques mises en œuvre par l’Union européenne, sur ce chapitre rien ne change.
Sur le plan militaire également, l’Allemagne et le Royaume-Uni entendent renforcer leurs relations bilatérales.
Theresa May a indiqué remettre à plus tard l’invocation de l’article 50 réglant la sortie d’un État de l’Union européenne : le Royaume-Uni veut « prendre un moment » pour déterminer les axes de ses négociations avant de s’engager dans des pourparlers formels. Reconnaissant que les négociations avec le Royaume-Uni avaient toujours été ardues mais « intéressantes et techniquement intelligentes », elle a indiqué : « Nous essayons dans cette compétition d’être à un niveau d’égalité avec nos partenaires, et d’être des partenaires compétitifs. »
Tapis rouge pour le Brexit… mais quel Brexit ?
Ce qui en réalité ne dit rien. Manifestement, il s’agit avant tout de gagner du temps : que ce soit pour mener des négociations profitables ou pour noyer le poisson, l’avenir le dira. Invoquant le besoin d’un accord au bénéfice de tous, Theresa May a laissé entendre que les choses pourraient ne pas se résoudre en noir et blanc : « Nous devons regarder la réalité en face et la réalité, c’est que 48 % des citoyens du Royaume-Uni ont voté pour, tandis que 52 % ont voté pour quitter l’Union européenne. »
Angela Merkel est entrée dans le jeu en indiquant que l’Allemagne est prête à attendre que le Royaume-Uni invoque l’article 50 en prenant du temps : « Alors nous mettrons nos directives sur la table », a-t-elle déclaré. Elle veut voir la construction d’une « confiance qui dans un esprit d’amitié mutuelle » permettra de « mener les négociations qui mèneront vers un certain but ». Lequel ?