A force d’entendre parler de la catastrophe que constituerait – en soi, c’est-à-dire pour tout le monde – le Brexit, on ne savait plus trop bien de quoi l’on pouvait bien parler. Mardi, depuis le 10 Downing Streeet, Theresa May a remis les pendules à l’heure : le Brexit sera donc bien un Brexit ! Autrement dit : une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Depuis ce discours, effectivement assez clair, de Theresa May, on ne cesse de nous rebattre les oreilles sur la volonté du Premier ministre britannique de s’engager dans un Brexit « dur ». Sans préciser en quoi que ce soit ce que cette notion indéfinie pourrait bien signifier. Et sans rappeler qu’il ne s’agit aucunement de la décision de Theresa May, mais bien de celle du peuple britannique. C’est-à-dire, si l’on veut bien se reporter à la philosophie politique des actuels pleureurs politiques, du souverain…
Theresa May et la décision britannique
Nos politiques semblent en effet s’étonner que le Royaume-Uni ayant pris la décision de quitter l’Union européenne, se prépare donc à ouvrir la porte et à la refermer derrière soi, en abandonnant à l’intérieur ce qu’il entend quitter. Et notamment le Marché unique. Mais, comme l’a souligné Theresa May, il n’y a rien là que de très logique. On ne voit guère, comme elle l’affirme, comment Londres pourrait continuer à se mouvoir dans ce Marché unique entièrement réglementé par une Union qu’elle entend quitter…
Après les pleurs de crocodiles, la deuxième étape consiste à annoncer aux Britanniques les pires catastrophes. Le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker annonce ainsi à Theresa May des négociations très difficiles. Et dans le même temps, on annonce que les grandes entreprises mondiales vont quitter la City, et que la Livre sterling va connaître des lendemains compliqués.
Pour l’heure, la monnaie britannique s’est, à l’inverse, plutôt ragaillardie du discours de son Premier ministre. Discours qui est tout de même, si l’on veut bien y penser, dans la logique de la volonté du Royaume-Uni de ne jamais consentir à la monnaie unique. Et si HSBC annonce sa décision de quitter la capitale britannique, Google a déjà annoncé sa volonté de s’y ancrer plus encore.
Alors ?
Brexit : une catastrophe, ou un mal pour un bien ?
En réponse au mauvais procès, et aux difficultés annoncées et prédites, Theresa May a déclaré ne pas croire que Bruxelles et ses séides manifesteraient la volonté de punir leurs propres représentants en compliquant les échanges économiques et commerciaux avec la Grande-Bretagne.
Ce pragmatisme se double d’un propos que la plupart des commentateurs semblent avoir négligé. Dans son discours, Theresa May déclare que la décision britannique de quitter l’Union Européenne « ne traduit pas un rejet des valeurs que nous partageons ».
C’est vraisemblablement là qu’il faut chercher la réponse, en réalité négative, à ce que d’aucuns prétendre être un Brexit « dur ». D’autant que le Premier ministre britannique ajoute : « Cette décision n’est pas une tentative d’affaiblir l’Union européenne ou aucun de ses Etats-membres. Nous ne voulons pas remonter le temps et revenir à l’époque d’une Europe moins en paix, moins sure, et moins en capacité de faire du commerce librement. Ce fut un vote pour restaurer, comme nous le constatons, notre démocratie parlementaire, notre capacité à décider au niveau national, et à devenir toujours plus global et internationaliste, tant dans notre action que dans notre esprit. »
On ne saurait être plus clair…