La révolution permanente du « zéro net » : une guerre contre la démocratie

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Une intéressante chronique du Telegraph de Londres dénonce la guerre contre la démocratie que constitue la « révolution permanente du zéro net », cette obligation faite au Royaume-Uni (de la même manière qu’à l’Union européenne) d’arriver à des émissions de CO2 neutres dans un délai donné, sans le moindre égard pour la volonté des électeurs à ce sujet. Allister Heath y voit une nouvelle variante des fameux « plans quinquennaux » propres aux économies communistes planifiées, par lesquels des planificateurs centralisés imposent des objectifs et des moyens pour y parvenir, sans dire au public « l’horrible vérité » à leur sujet.

« Une nomenklatura “verte” dispose désormais d’un immense pouvoir », observe l’éditorialiste : au Royaume-Uni, tous les partis – conservateurs, travaillistes, « Lib Dems » – ont souscrit aux plans quinquennaux contraignants qui définissent les « budgets carbone » avec leurs émissions maximum, et au passage, font de l’ingénierie sociale à hautes doses.

« Savez-vous, cher lecteur, que nous sommes actuellement sous le régime de notre quatrième budget carbone de cette espèce, qui court de 2023 à 2027 ? Avez-vous conscience de ce que les deux suivants – qui nous mènent jusqu’en 2037 – sont déjà gravés dans le marbre de la loi, moyennant quoi les deux ou trois élections générales ne seront que des mascarades ? », écrit Allister Heath. Et tout écart par rapport à ces objectifs pourrait donner lieu à des procédures contre l’Etat de la part d’associations écologistes.

 

Le « zéro net » avec ou sans Brexit

Le Royaume-Uni a beau avoir quitté l’UE, les accords de Paris chapeautés par l’ONU s’appliquant aussi outre-Manche, et aboutissent à des contraintes qui s’apparentent à celles mises en route dans l’Union. Ainsi, les Britanniques vont-ils comme nous être sévèrement bridés dans leurs choix de consommation, énergétique notamment. D’ici à un an et demi, aucun logement neuf au Royaume-Uni ne pourra être équipé d’une chaudière à gaz. Dans 7 ans, il sera illégal d’acheter des véhicules à pétrole neufs. Dans douze ans, le remplacement d’une chaudière à gaz par un dispositif du même type sera à son tour prohibé.

Tout cela a été mis en place en 2008 par Ed Miliband, ministre de l’Energie, avec une loi sur le « Changement climatique » votée par la quasi-totalité des membres du Parlement : « L’équivalent d’un nouveau traité de Maastricht, un bouleversement profond qui à terme, provoquera la réaction furieuse de l’électorat qui prendra conscience d’avoir perdu tout contrôle. » A l’origine, la baisse des émissions de CO2 devait atteindre 80 % en 2050 par rapport aux chiffres de 1990 ; en 2019, Theresa May a porté ce pourcentage à 100 %. Le tout selon un échéancier extrêmement strict.

Les trois premiers plans quinquennaux ont été respectés, note Alister Heath, entre 2008 et 2022, « sans trop d’efforts » : c’est la « combinaison d’une récession, de la désindustrialisation continue, de l’insuffisance de construction d’infrastructures et de logements neufs et du recours accru aux renouvelables » qui a rendu la chose possible.

 

Les nouveaux plans quinquennaux imposent la révolution contre la démocratie

Mais « la douleur s’installe », note le chroniqueur, alors que propriétaires et automobilistes sont de plus en plus frappés par les conséquences de cette politique. Au fur et à mesure que le pourcentage de coupes augmente, de nouveaux secteurs vont être touchés : l’aviation civile, le transport de marchandises, les obligations d’isolation par exemple. La « décarbonation » ne déplaît pas tant qu’elle ne touche pas visiblement au portefeuille des électeurs : une fois ce pas franchi, les électeurs s’y opposeront « avec fureur », prévoit Heath, et d’autant plus qu’ils comprendront que le législateur n’y pourra rien.

Le Climate Change Committee (CCC) qui pilote les plans et définit les arbitrages par secteur estime d’ailleurs que le recours aux nouvelles énergies et à d’autres moyens technologies ne suffira pas : « Les véhicules électriques ne suffiront pas, il faudra quand même rouler moins. Il nous faudra moins prendre l’avion, même en utilisant de l’énergie “durable”. Il nous faudra manger 20 à 35 % de viande et de produits laitiers en moins », avertit Allister Heath. Le CCC, précise-t-il, est une agence aux pouvoirs gigantesques, « que seule dépasse probablement la Banque d’Angleterre ».

 

La révolution du zéro net, une machine à appauvrir l’Occident

Ne pourrait-on pas nommer un président plus souple à l’heure où le CCC embauche son nouveau chef ? « De toute façon le zéro net est sur pilotage automatique, et les échéances trop figées pour éviter des restrictions handicapantes, une très forte augmentation de la dette et des coupures d’énergie par roulement », constate le chroniqueur.

Décidément, la course vers le « net zéro » est une machine à appauvrir les pays développés. On le savait déjà, les politiques en place ne pouvaient l’ignorer : ce qui nous est imposé par l’Union européenne ou le CCC outre-Manche est ce qu’ils ont approuvé en toute connaissance de cause et complicité, contre les peuples.

 

Jeanne Smits