Epouses extra-européennes, statut de résident… : sur l’immigration, Theresa May prête à reculer face à l’Europe

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Le gouvernement de Theresa May envisage d’adoucir ses propositions sur les droits des citoyens de l’Union européenne vis-à-vis de la Grande-Bretagne, dans le cadre des toutes prochaines négociations sur le Brexit. Londres pourrait accepter qu’ils fassent entrer librement leurs épouses ressortissantes extra-européennes, et devrait assouplir considérablement les règles d’accès au statut de résident, doublant leur nombre potentiel. Les diplomates britanniques lanceraient ainsi lundi les négociations officielles sur la sortie de l’Union européenne munis d’un programme « généreux » mais concédant des pans entiers de souveraineté aux tenants bruxellois des migrations tous azimuts. Une rencontre est prévue avec Michel Barnier, le négociateur en chef des Européens, dès ce jeudi à Bruxelles pour fixer le menu des discussions. Londres estime avoir toutes les compétences légales pour les lancer, malgré les objections procédurières de Bruxelles liées aux récentes élections outre-Manche.
 

Sur les épouses extra-européennes, le statut des résidents est supérieur à celui des nationaux du Royaume-Uni !

 
Les deux parties sont d’accord pour considérer que la première urgence consiste à statuer sur le sort des trois millions de citoyens de l’UE qui vivent actuellement au Royaume-Uni et du million et demi de Britanniques installés sur le continent. En gage de bonne volonté, Londres propose de permettre aux Européens résidant à ce jour au Royaume-Uni de faire librement entrer leurs éventuelles conjointes extra-européennes après le Brexit. Cette proposition de « regroupement familial » ouvrant la voie à tous les mariages blancs est explosive, car les citoyens britanniques eux-mêmes ne disposent pas de ce droit. Elle créerait une catégorie de résidents dotés de droits supérieurs aux nationaux, ces derniers devant se soumettre à de lourdes contraintes pour obtenir le droit de faire immigrer une épouse non-européenne.
 

Le dogme de l’Europe : maintenir les « droits égaux » entre résidents et nationaux après le Brexit

 
Le projet en est au stade des études interministérielles. S’il est confirmé, il constituerait un recul symboliquement fort de la part des Britanniques devant le dogme de la libre-circulation porté par l’oligarchie bruxelloise et son dogme d’un maintien, après le Brexit, de « droits égaux » (voire supérieurs) pour les citoyens de l’UE comparés à ceux des citoyens du Royaume-Uni. D’après une source autorisée, « la position est de considérer que les ressortissants européens au Royaume-Uni doivent continuer de jouir des mêmes droits que les Britanniques et que même dans quelques cas – peut-être les Européens résidents permanents – ils conservent les privilèges dont ils bénéficiaient à leur arrivée ». On tente de rassurer et d’expliquer : « Ca ne touchera qu’une catégorie réduite et en voie de diminution, et le principal c’est maintenant de lancer les discussions ».
 
Sur cette question des migrations, sujet-clé qui a précipité le vote en faveur du Brexit, Londres paraît prêt à d’autres reculades. Principalement en accordant le droit de rester en Grande-Bretagne à près d’un million d’Européens qui n’ont pas achevé leurs cinq années de probation. Le gouvernement de Theresa May entend afficher sa « bonne volonté » sur les critères de sélection des Européens aptes à demeurer au Royaume-Uni afin de rassurer Bruxelles qui critique déjà un « barrage » des services britanniques de l’immigration. Après que Bruxelles s’est alarmé d’un projet de formulaire de demande de résidence long de 85 pages, on fait désormais savoir qu’il a été « radicalement simplifié ». Autre compromis probable, sur la question du délai au-delà duquel les ressortissants de l’UE pourront jouir des pleins droits au Royaume-Uni.
 

Theresa May veut reculer sur l’immigration : bienvenue aux épouses extra-européennes !

 
Ces reculs surviennent alors que les opposants au pouvoir bruxellois mettent en garde contre le fait que l’UE entend exiger au minimum un doublement du nombre d’immigrés européens admis à demeurer sur le sol britannique par rapport aux prévisions initiales de Londres. L’association MigrationWatch estime que les négociateurs bruxellois exigent ainsi que tout citoyen européen qui a vécu à un moment ou à un autre au Royaume-Uni continue d’être autorisé à s’y installer, faisant passer de trois à six millions le nombre de ressortissants de l’UE bénéficiant de ce droit. La question du plombier polonais n’a pas fini d’alimenter les discussions vespérales dans les pubs de province.
 

Matthieu Lenoir