ACTION/ESPIONNAGE Un traître idéal ♠


 
Un traître idéal est un film d’action qui adapte au cinéma d’un roman d’espionnage du maître du domaine John Le Carré. On ne doutera du talent général de ce romancier, mais toute son abondante production n’est pas nécessairement de première force. Ce roman nous paraît faible. En outre le passage au cinéma peut fort bien transformer un bon roman en mauvais film. Un traître idéal, dont l’intrigue de base est déjà légère, souffre d’une adaptation complètement manquée. Le public décroche très vite, après les vingt premières minutes. Ceci rend les quatre-vingt-dix minutes suivantes particulièrement ennuyantes. Au bout d’une heure de péripéties toujours plus invraisemblable, le spectateur est très tenté de s’assoupir.
 

Un traître idéal : complètement raté

 
Un couple britannique en crise, lui professeur d’université, elle avocate, décide de se retrouver dans un établissement hôtelier de luxe, peut-être trop luxueux pour leurs moyens, au Maroc. Détail et poids du politiquement correct, le couple est racialement mixte, et celui qui a provoqué la crise en trompant l’autre est évidemment le plus clair des deux…Le professeur sympathise un soir avec un riche russe, qui l’invite à ses fêtes extravagantes. Le problème est qu’il finit par lui révéler son appartenance à la mafia russe. Il lui demande, pour sauver ses enfants, menacés comme lui de mort imminente, de transmettre une clef électronique contenant des révélations à l’espionnage britannique à Londres. Ce cadeau devrait lui permettre d’obtenir l’asile politique. Evidemment, il ne suffit de donner ladite clef à des agents de police à l’aéroport de Londres pour être tranquille. Certains intellectuels spéculatifs manquent peut-être du sens des réalités ; on voudra bien, à la rigueur, l’admettre. Mais toutes les péripéties suivantes, nombreuses, deviennent à chaque fois plus aberrantes. Le spécialiste de poésie britannique finit quasiment par se transformer en James Bond, tireur sinon tueur accompli, ce qui est ridicule. Ridicule est d’autant plus prononcé que le film est visiblement traité au premier degré.
 
Un traître idéal est donc complètement raté.
 

Hector JOVIEN

 
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