On ne parle plus – et il est bien loin de s’agir d’une histoire drôle – que de djihadistes belges, comme si la Belgique était devenue, en quelque sorte, la plaque tournante du djihad. Les terroristes d’Allah qui ont ensanglanté Paris étaient, pour certains d’entre eux, belges ; la Belgique est sous le coup de menaces importantes des djihadistes, et traque pour cela certains de ses citoyens ; en Turquie, un homme en lien avec ces attentats vient d’être arrêté : un Belge, d’origine marocaine…
Les forces de police ont interpellé dans le sud de la Turquie un citoyen belge d’origine marocaine soupçonné d’être lié aux djihadistes responsables des attentats qui ont tué 130 personnes (l’un des blessés est décédé en fin de semaine dernière) à Paris le 13 novembre dernier.
A la recherche des djihadistes belges
Identifié sous le nom d’Ahmad Dahmani, cet homme de 26 ans a été arrêté dans un hôtel de la station balnéaire d’Antalya, où il était arrivé dès le 14 novembre, au lendemain des attentats, en provenance d’Amsterdam. Deux autres personnes ont été arrêtées en même temps que lui. Tout trois s’apprêtaient à franchir illégalement la frontière syrienne.
Rappelons que c’est justement à Antalya que s’est tenu, la semaine dernière, le G20. On ne nous dit pas qu’il s’agisse d’une coïncidence…
Selon l’agence de presse Dogan, Ahmad Dahmani est soupçonné par les enquêteurs d’avoir participé au repérage des cibles des attentats de Paris, mais cette assertion n’a pas été confirmée officiellement.
Le ressortissant belge, présenté comme membre de l’Etat islamique, et ses deux complices, qui seraient Syriens, ont été inculpés et écroués par la justice turque.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette opération n’est pas le fruit d’une collaboration des Européens et Américains avec les Turcs, et ceux-ci ne se sont pas privés de le regretter. Il est vrai que, à leur grand dam, les Occidentaux tiennent les Turcs pour complaisants envers les rebelles syriens, et donc vis-à-vis de l’Etat islamique.
Situation tendue entre la Turquie et ses alliés occidentaux
On sait qu’Ankara a toujours nié avec force ces accusations, soulignant le renforcement des contrôles aux frontières, l’établissement d’une liste de quelques 26.000 djihadistes potentiels auxquels le territoire turc est aujourd’hui interdit, les attaques subis de la part de l’Etat islamique, et notamment le 10 octobre dernier où 103 victimes ont trouvé la mort devant la gare d’Ankara…
Que les accusations occidentales soient fantasme ou réalité, les autorités turques n’en reprochent donc pas moins aujourd’hui à leurs alliés leur manque de coopération, notamment en matière de renseignement. Les arrestations d’Antalya, observent-elles, ont été effectuées sur la foi des seuls renseignements turcs. « Si les autorités belges nous avaient alertées à temps, Dahmani aurait pu être appréhendé dès l’aéroport », regrette l’un des responsables de l’opération. Avant d’ajouter : « Le partage de renseignement est absolument nécessaire si la communauté internationale veut combattre le terrorisme. »
La traque de Salah Abdeslam
L’argument est simple, et valable partout. Ainsi à Bruxelles, où divers renseignements ont conduit à une série d’opérations de police dans la nuit de dimanche à lundi.
Dix-neuf perquisitions au total, et trois autres à Charleroi, selon le parquet fédéral belge, afin de poursuivre la traque dans l’entourage de Salah Abdeslam, ce terroriste soupçonné d’avoir joué au moins un rôle de logisticien dans les attentats de Paris.
Seize suspects ont été arrêtés, sans qu’aucune arme n’ait été saisie. Mais aucun renseignement n’a, jusqu’ici, permis de retrouver la trace de Salah Abdeslam…
En attendant, le niveau d’alerte reste maximal à Bruxelles.