Le tribunal de Las Palmas refuse de poursuivre l’utilisation de l’imagerie catholique dans un gala de drag queens

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L’association des avocats chrétiens qui a porté plainte contre l’utilisation de l’imagerie catholique lors d’un gala de drag queens organisé à l’occasion du carnaval de 2017 vient de voir rejeter son recours contre la décision du juge d’instruction de Las Palmas de Gran Canaria de classer son action sans suite. Le tribunal de l’audience provinciale de Las Palmas a en outre condamné l’association catholique de payer les frais liés à la procédure. L’outrage, le blasphème délibéré et public portant atteinte aux droits des catholiques reste ainsi impuni et ceux qui s’en sont émus se retrouvent sanctionnés.
 
Le tribunal de Las Palmas a confirmé le classement sans suite en reprenant les arguments du ministère public qui avait demandé la même décision lors du jugement d’instance : il fallait « tenir compte » du contexte temporel et spatial où s’était déroulé l’événement dénoncé, le Gala Drag Queen du carnaval local.
 

Le tribunal Las Palmas justifie les transgressions anti-catholiques des drag queens de Las Palmas

 
« Par conséquent », a précisé le juge Pedro Herrera avec l’approbation de ses assesseurs, « on ne doit pas perdre de vue que pendant le carnaval, fête païenne bien établie dans les pays de tradition catholique, se mélangent différents ingrédients caractéristiques comme les déguisements, les « murgas », les parades, les danses et les fêtes de rue ; on note spécialement dans notre ville l’élection des reines du carnaval et le gala Drag Queen ».
 
Ou pour le dire autrement : puisque c’est une habitude, il n’y a rien à dire.
 
Selon le magistrat, il faut également tenir compte du fait que le carnaval de Las Palmas s’est peu à peu forgé une réputation de particularisme et d’originalité, « avec une grande répercussion publique et médiatique non seulement au niveau local et régional, mais aussi national et je dirais même international ». Cela justifierait un climat de « permissivité et de fête ». Et d’ajouter : « On laisse de côté pendant un court espace de temps les schémas habituels et les règles de conduite qui régissent notre comportement quotidien. Ce spectacle se caractérise en outre par sa nature transgressive, par sa tolérance et son ouverture à travers sa thématique, et par sa mise en scène exagérée et osée. »
 

On peut se moquer de l’imagerie catholique parce que c’est carnaval

 
Raison pour laquelle les juges ont décidé que « dans ce contexte il n’est pas opportun de rechercher une volonté d’affrontement ou de conduite offensante, il s’agit plutôt de comportements risqués et osés, et d’une certaine manière agitateurs comme a pu l’être la mise en scène de Drag Sethlas qui était mis en cause pour avoir basé son interprétation sur la symbolique et les prières catholiques ». « Il a utilisé à sa manière, au moyen de déguisements accrocheurs et bizarres, la figure de Jésus-Christ crucifié et de la Vierge Marie lors d’une espèce de procession avec des personnes habillées en Nazaréens », a commenté le juge Herrera avec des accents approbateurs pour les éléments de « provocation » et de « transgression » de sa prestation.
 
On en déduit que le blasphème ou l’atteinte aux sentiments religieux des catholiques était pleinement constitués : des délits qui seraient ici purement et simplement excusés au vu du contexte… mais non. Le juge ajoute qu’en aucun cas on n’est autorisé à « déduire de cet ensemble que l’acteur ait voulu remettre en question les dogmes et les rites de cette confession précise, ni qu’il ait offensé les sentiments religieux ».
 

Refus de poursuivre l’atteinte aux droits des catholiques

 
S’il va de soi que le but des poursuites de l’association des avocats chrétiens n’était pas de dénoncer une remise en cause du dogme catholique par les drag queens de Las Palmas, en revanche, la question des sentiments religieux des catholiques est difficile à balayer en quelques mots d’un jugement où l’admiration du magistrat à l’égard de la « transgression » carnavalesque est tout à fait évidente. Il y a apprécié l’élément « figuratif et novateur qui prévaut sur n’importe quel autre aspect ». Libre aux chrétiens de ne pas aimer cela, de trouver la prestation « désagréable, et même excessive et dérangeante », mais quant à lui, le juge se refuse à la « décontextualiser », parce que le spectacle était selon lui totalement « dénué d’intentionnalité offensante ».
 
Le drag queen Borja Casillas au centre de l’affaire a dû se sentir pousser des ailes. Pour le carnaval 2018 de Las Palmas, il a réalisé une version blasphématoire de la Dernière Cène. Tout cela est permis. Les laïcistes espagnols s’en réjouissent. Tant qu’on évite de chatouiller le « Prophète » d’Allah ou la sensibilité d’autres religions…
 

Jeanne Smits