Donald Trump a fait de la résistance à l’impérialisme économique de la Chine d’un de ses grands thèmes de campagne, promettant également d’intervenir dans les questions de sécurité. Aujourd’hui, on ne sait pas quelle sera la politique du président des Etats-Unis à l’égard du plus grand pays du monde ouvertement communiste, tant il y a d’intérêts américains, ou plus exactement ceux des grosses multinationales, dans le dossier et on peut s’attendre à ce que celles-ci tentent de s’opposer à ses projets. La première manche du bras-de-fer a été remportée par la Chine lorsque Donald Trump, qui semblait vouloir en finir avec la politique de la Chine unique pour reconnaître Taiwan, a assuré Xi Jinping par téléphone qu’il n’en serait rien.
Les seules multinationales américaines ont actuellement en Chine plus de 228 milliards de dollars d’investissements et n’ont aucun intérêt à une guerre économique, rapportait Bloomberg en novembre dernier, prévoyant qu’elles préféreraient défendre leurs propres intérêts que la politique de Washington.
Dans son bras de fer face à la Chine Trump tiendra-t-il bon ?
Alors que la Chine est aujourd’hui saluée comme leader du globalisme, comme on a pu le voir à Davos lors du Forum économique mondial puis à Dubaï, lors du Sommet des gouvernements, elle accueillera du 18 au 20 mars le Forum du développement à Pékin, avec un objectif politique devenu une constante dans ce genre de réunion : la convergence entre les systèmes économiques et politiques chinois et américains avec les transferts de technologie, d’emplois et de capitaux qui l’accompagnent. La convergence mondiale est ouvertement appelée de ses vœux par un Henry Kissinger, toujours très actif, et les transferts susnommés sont déjà en cours et visibles depuis longtemps.
Cette convergence vise-t-elle l’avènement d’une sorte d’équivalence entre les deux plus grandes puissances économiques, avec une perte de puissance des Etats-Unis et une remontée de la Chine, le tout pour faciliter à terme une gouvernance globale ? C’est l’avis du New American qui en voit notamment une preuve récente dans le discours du nouveau secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, à Dubaï, réclamant des « réformes profondes des institutions globales », dans le cadre d’un monde « multipolaire » ou des pays comme la Chine auraient toute leur place.
Or la Chine est encore et toujours un pays communiste, et Guterres était à la tête de l’Internationale socialiste avant d’arriver à celle des Nations unies. A Dubaï, il proclamait que face aux problèmes actuels, « aucun pays ne peut y arriver seul » : « Nous avons besoin de réponses globales, les réponses globales ont besoin d’institutions multilatérales capables de jouer leur rôle », disait-il.
La Chine, « cheval » des mondialistes
Que Pékin accueille une nouvelle réunion de tous ces « grands » est significatif. A Pékin, les PDG de HSBC, la Banque mondiale, Ford, Bombardier, Aramco, MaserCard, Siemens, IBM, et j’en passe, côtoieront des responsables des diverses institutions gouvernementales de la Chine qui ne sont que les déclinaisons du Parti. On notera que le dernier rendez-vous réunira pour parler de l’avenir du cyberespace Tim Cook, PDG d’Apple, et Xu Lin, vice-ministre chinois chargé de l’administration du cyberespace. Et vive la liberté ?
Le Forum aura pour thème : « La Chine et le monde, transformation économique à travers les reformes structurelles », le tout au service de la globalisation économique, comme l’indique son résumé officiel.
Le Forum viendra ponctuer une longue suite de rencontres, parmi lesquelles des soirées de gala organisées en décembre et en janvier à New York par le Comité national des relations Etats-Unis-Chine (NCUSCR) et par la Chambre générale du commerce de Chine (CGCC), en présence notamment Henry Kissinger et du milliardaire Maurice Greenberg, membres influents du Council on Foreign Relations s’il en est, et propagateur assumés de l’idée mondialiste. La soirée du NCUSCR a notamment bénéficié du soutien financier de Boeing, United Airlines, Walmart, General Electric, Coca-Cola, Walt Disney et bien d’autres. Même chose à la soirée offerte par la Chambre du commerce à l’occasion du nouvel an chinois, en présence notamment du PDG de la Bank of China USA, spécialisée dans les investissements directs de la Chine aux Etats-Unis. Investissements qui se multiplient comme en Europe d’ailleurs.
Trump nomme à ses côtés des mondialistes proches de la Chine
Cette banque est actuellement sous le coup d’une procédure de la part de proches de victimes d’une attaque terroriste du Hamas contre Israël pour avoir sciemment assisté le groupe islamique, et elle fait l’objet d’enquêtes pour blanchiment d’argent.
La mobilisation des multinationales annonce sans doute des temps difficiles pour Donald Trump, mais il faut noter que celui-ci a nommé un de leurs proches, Stephen Schwarzman, à la tête de son Forum politique et stratégique. Schwarzman était un invité de marque lors de la soirée de la CGCC et sa société, Blackstone, a amplement bénéficié d’investissements chinois – 3 milliards en 2007, sans compter les immeubles vendus à des Chinois depuis 2013, à hauteur de 16 milliards de dollars au moins.
Peut-être, note The New American, Donald Trump cherche-t-il à apaiser ses ennemis potentiels en leur donnant des postes de conseillers que de toute manière, il n’écoutera pas. Il n’empêche : Trump a nommé Elaine Chao, membre du CFR, comme secrétaire au Transport. Elle est l’épouse de Mitch McConnell, chef de la majorité au Sénat qui s’est toujours distingué par son écoute attentive des propositions faites par le lobby de la Chine au Forum stratégique et politique du président. Si Trump veut affronter la Chine, il aura des adversaires dans son propre camp.