C’est le site d’information russe officiel rt.com qui relaie cette information d’après un rapport du think tank britannique Royal United Services Institute : les tueurs « fascistes et nationalistes » agissant en loups solitaires sont largement plus dangereux et font beaucoup plus de victimes que ceux professant des convictions islamistes. Le RUSI assure que les extrémistes de droite en Europe représentent une menace grave qu’il serait imprudent d’ignorer. On se focalise trop sur les attaques d’origine islamiste, au détriment des autres types de violences, selon le rapport.
On notera d’abord l’intérêt de rt.com pour cette mise en garde contre des éléments politiques qui sont depuis toujours la cible principale désignée par la gauche communiste. La vermine fasciste n’est pas morte, proclame en substance le site russe ; mais son ton indique que l’analyse communiste classique ne l’est pas non plus.
Les tueurs d’extrême droite présentés comme plus dangereux que les islamistes
C’est peu de dire qu’une telle mise en cause de « l’extrémisme de droite » dans le cadre de l’action terroriste ces dernières années est contre-intuitive. Mais c’est justement l’objectif : retourner la situation.
Le rapport, Countering Lone Actor Terrorism (« Agir contre le terrorisme d’acteurs isolés) arrive à cette conclusion en ne s’intéressant qu’aux personnes agissant totalement seules. En effet, comme le souligne le rapport, celles-ci sont plus difficiles à débusquer, car elles s’exposent moins à être repérées du fait de communications et d’agissements communs avec des complices, ou de circulation d’ordres venus d’en haut. Tout cela peut tomber sous le radar des outils de surveillance de la police ou du renseignement, en dehors même des risques d’indiscrétion ou d’imprudence imputables aux comploteurs.
Le rapport affirme qu’entre 2000 et 2014, 94 personnes ont été tuées et 260 autres blessés par des « loups solitaires » d’extrême droite. Les « loups solitaires » islamistes n’ont tué, au cours de la même période, que 16 personnes, et fait 65 blessés. Et hop, le tour est dans le sac : voilà de bons chrétiens ouverts à la propagande « nationaliste et fasciste » qui sont finalement bien plus assassins que les sectateurs d’Allah !
L’islam, religion de paix et de tolérance toujours !
Parmi les tueurs répertoriés à l’extrême droite par le RUSI, il y a bien sûr le tueur de masse norvégien Anders Behring Breivik qui a, à lui seul, causé la mort de 77 personnes. Cela relativise les chiffres ci-dessus ; il faudrait préciser aussi les accointances franc-maçonnes et le dérangement psychiatrique de cet homme.
Rt.com relève aussi l’exemple, extérieur à l’étude réalisée par le RUSI, de l’assassin de l’élu britannique Jo Cox : Thomas Mair est désigné comme un « néonazi » liés à des groupes proclamant la « suprématie blanche ». Vrai ou faux, il faut rappeler combien cet assassinat aura été « opportun » dans la campagne contre le Brexit. Et combien il rappelle un autre assassinat de jeune femme député, celui d’Anna Lindh, la Suédoise poignardée à mort à quelques jours du referendum sur l’euro en 2003 par un « déséquilibré ». Comme Jo Cox, Anna Lindh était favorable à l’intégration européenne – mais la Suède avait tout de même voté non à l’euro. C’est dire que les assassinats extrémistes, à défaut d’être commandités, peuvent avoir un intérêt politique certain !
Et les loups solitaires islamistes, alors ?
Ce que nous apprend en réalité le rapport de RUSI, c’est que les tueurs « loups solitaires », précisément parce qu’ils n’appartiennent pas à une organisation terroriste et que leur fanatisme n’est pas dicté par un système religieux ou politique ayant pignon sur rue, n’est pas de la variété qui permet l’action concertée, ne sont pas renforcés par un groupe – même s’ils peuvent être manipulés. Pour débusquer des tueurs isolés, la seule option possible et la surveillance rapprochée d’un grand nombre de personnes identifiées pour telle ou telle sympathie extrémiste – mais d’un extrémisme défini par le pouvoir, ce qui est une porte ouverte aux abus.
Les plus meurtriers, les plus efficaces, ceux qui tuent par centaines et par milliers à travers le monde, ce sont des islamistes qui persécutent et terrorisent en Afrique et en Asie, qui tuent aveuglément en Occident, et dont les attentats peuvent être activés par un simple mot d’ordre émanant des « chefs ». La liste d’attaques, rien qu’en France, de ce type apparemment « spontané » ne cesse d’ailleurs de s’allonger, d’un chef d’entreprise décapité à la petite étudiante rennaise poignardée à son arrêt de bus il y a quelques jours.