Ukraine : autonomie ou indépendance ? Ce n’est pas qu’une guerre de mots…

Ukraine autonomie ou independance Une guerre de mots

 
A l’instigation du président Petro Porochenko, et selon ce qui était prévu par le plan de paix adopté au début du mois, la Rada, le parlement ukrainien, a voté mardi deux projets de loi garantissant davantage d’autonomie aux régions séparatistes prorusses de Lougansk et de Donetsk, organisant des élections le 7 décembre, et, dans certains cas, amnistiant les rebelles.
 
Le premier texte prévoit, outre des aides visant à reconstruire les infrastructures détruites au cours des combats de ces derniers mois, la mise en place d’un gouvernement autonome provisoire, qui prendrait ses fonctions dès l’adoption de la loi, pour une durée de trois ans.
 

Le désaccord des séparatistes

 
Mais les séparatistes ont immédiatement marqué leur opposition à ces nouvelles propositions. D’abord, parce que le cessez-le-feu provisoire est régulièrement violé, amenant chaque jour son contingent de nouveaux morts.
 
Ensuite, parce qu’ils n’ont que faire d’une autonomie plus grande : ils veulent leur indépendance. Or hier, en présentant ces textes, Kiev soulignait que, malgré tout, cette décentralisation ne porterait atteinte ni à la souveraineté, ni à l’intégrité, ni à l’indépendance de l’Ukraine.
 
Le vice-Premier ministre de la République de Donetsk, Andreï Pourguine, a ainsi clairement récusé la position ukrainienne en affirmant que désormais le « Donbass est administré de manière complètement autonome », et que « ce territoire n’a plus rien à voir avec l’Ukraine ». Avant de préciser : « L’Ukraine est libre d’adopter les lois qu’elle veut. Mais nous n’envisageons aucun lien de type fédéral avec l’Ukraine. » Soucieux de ne pas rompre totalement le dialogue, le responsable séparatiste envisage toutefois la possibilité de discuter sur certains points, d’ordre économique ou socioculturel.
 

Avec l’Union européenne aussi…

 
Enfin, parce que ce même mardi le parlement ukrainien a ratifié avec son homologue européen un accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine, qui, en soulignant davantage l’éloignement de Kiev de la sphère d’influence russe, rafraîchit encore l’atmosphère avec Moscou.
 
On comprend bien, dès lors, que, si les séparatistes pro-russes avaient accepté les propositions de Kiev, ils auraient en réalité, et malgré les dénégations du président Porochenko, jeté une pierre dans le jardin de leurs alliés russes.