Loi ULEZ : à Londres, les amendes pleuvent et les véhicules non conformes sont saisis

 

Plus d’un an après l’extension de la zone ULEZ, il est intéressant d’en découvrir les fruits. Et pas au niveau de la pollution dont seuls des rapports commandés (et donc passablement faussés) par les responsables politiques se gargarisent, mais au niveau des dividendes rapportés et des conséquences sur les automobilistes. La plus grande zone de taxation de la pollution au monde qui englobe tous les arrondissements de la ville de Londres a généré, en amendes, plus de 322 millions de livres sterling et l’organisme public Transport for London (TfL) a même fait saisir plus de 1.400 véhicules « non conformes ».

Une formidable machine à cash qui habitue les usagers à se plier à la contrainte écologique, avec ou sans le sourire, et pour le bien de la planète.

 

Comment concentrer les amendes sur les véhicules

Ce sont les propres chiffres de TfL, responsable des transports en commun de la ville de Londres et du Grand Londres, au Royaume-Uni, et d’une grande partie de son réseau routier. Plus de 1.400 véhicules ont été saisis par des huissiers en 12 mois pour non-paiement des frais de zone à très faibles émissions (ULEZ). Et près de 761 ont été revendus aux enchères, pour récupérer quelque 710.000 livres de dettes accumulées par ces automobilistes récalcitrants.

Rappelons que pour que les voitures à essence soient conformes aux normes ULEZ – basées sur les émissions d’oxydes d’azote (NOx) et de particules – elles doivent généralement avoir été immatriculées pour la première fois après 2005, et après septembre 2015 pour la plupart des voitures diesel.

Les conducteurs qui entrent dans la zone avec un véhicule non conforme doivent payer une taxe journalière de 12,50 livres, à moins qu’ils ne soient exemptés, comme les taxis ou les transports pour personnes handicapées. Le non-paiement de la taxe avant minuit le troisième jour suivant un trajet risque d’entraîner une amende de 180 livres, réduite à 90 livres si elle est payée dans les 14 jours, mais qui peut aussi monter jusqu’à 270 livres.

Et attention, on ne joue pas à cache-cache ! La TfL a usé d’une politique de communication assez menaçante, en donnant publiquement l’exemple d’un conducteur faisant l’objet de 45 mandats d’arrêt qui a réglé un solde de près de 16.000 livres en juillet après avoir été localisé à une nouvelle adresse, et d’un autre faisant l’objet de 21 mandats qui a effectué des paiements de plus de 7.800 livres… Et même si c’est une erreur administrative, le tribut reste lourd : un père de famille a été condamné à une amende de 589 livres après avoir enregistré son paiement de frais ULEZ pour la veille de son voyage, malgré toutes ses demandes de rectification (ça, la TfL ne s’en est pas vanté !).

 

La zone ULEZ de Londres : une machine à cash

Depuis un an, nous dit The Telegraph, la taxe écologiste ULEZ a rapporté, en tout, 480 millions de livres sterling. Et dans ce chiffre, les amendes représentent pas loin du double des paiements classiques acquittés par les usagers ! Près de 1,8 million d’amendes ont été, en effet, émises entre le 29 août de l’année dernière et la fin juin, selon les chiffres officiels.

D’aucuns ont pointé la possibilité du manque de clarté, notamment dans la signalisation. Ce qui a fait dire au directeur de la recherche automobile à la Royal Automobile Club Foundation : « Ces chiffres à pleurer posent la question de savoir si les règles et les conséquences des zones à très faibles émissions sont suffisamment claires, en particulier pour ceux qui ne conduisent pas régulièrement à Londres. » Mais il faudrait surtout se poser la question de la raison profonde de cette zone ultra restrictive !

Ces revenus ULEZ sont bien supérieurs aux revenus préexistants de la TfL, à savoir les « revenus de conformité du réseau routier », c’est-à-dire les revenus générés par les amendes reçues sur les « routes rouges » de Londres (les routes principales qui transportent plus de 30 % du trafic londonien) : 90 millions de livres ; ainsi que les revenus issus de la « Congestion Charge », la taxe qui fixe à 15 livres le fait de pouvoir circuler dans Londres une journée (si vous n’êtes pas résident) et qui s’élevait à 358 millions de livres dans les derniers comptes publiés.

Et pourtant ces sources originelles de revenus ont connu une augmentation flagrante ces dernières années. Et ce pour deux raisons : la TfL a rehaussé les montants des amendes qui ont fait + 23 % par rapport à 2021. Et surtout, une meilleure technologie a contribué à coincer davantage de contrevenants : toutes les caméras de circulation de TfL sont en réseau et utilisent la technologie de reconnaissance automatique des plaques d’immatriculation (ANPR). Certaines caméras laser sont également mobiles et ciblent efficacement les excès de vitesse.

 

Le triple défi de la pollution de l’air, de l’urgence climatique et des embouteillages ?

Alors peut-être que Tfl voulait se refaire une santé après le trou noir de l’épisode covid qui a connu une chute considérable du nombre de passagers pendant les confinements et les restrictions… Mais la pilule pour les usagers est difficile à avaler.

Pour les consoler, l’organisme soutient que « tous les revenus générés par le programme sont réinvestis dans les transports publics, l’amélioration du réseau de transports publics de Londres » et que « l’extension d’ULEZ entraînera un air plus pur tout en générant des revenus nets de plus en plus faibles, comme cela a été le cas avec l’extension précédente au centre de Londres, où les gens sont passés à des véhicules plus écologiques ».

Tout d’abord la question de l’air pur… Elle se pose toujours. Qu’on se souvienne du scandale de l’étude commandée par la mairie de Londres elle-même à l’Imperial College pour faire valoir auprès de la population les bénéfices d’une telle politique. Des courriels consultés par The Telegraph avaient révélé (et nous en parlions ici) que la maire adjointe avait demandé aux auteurs de l’étude de « reformuler » leur conclusion qui ne trouvait « aucune preuve » de bienfaits pour la santé des poumons des enfants…

Et leur objectif est-il vraiment qu’aucune amende ne subsiste plus ? Ils ignorent ou font semblant d’ignorer la course à l’échalote que représente le Net Zéro des politiques mondialistes : il faudra toujours plus et de nouvelles normes, toujours plus contraignantes et toujours plus invasives. On s’amusera du fait que certains échappent à ces punitions-pour-le-bien-de-la-planète : toutes les ambassades et leur personnel qui sont redevables de quelque 100 millions de livres en frais et amendes impayés…

Comme le concluait The Telegraph, le seul espoir dans tout ça est d’épouser un diplomate.

 

Clémentine Jallais