L’Union européenne impose son « accord » et ses réformes à la Grèce, privée de sa souveraineté

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La grande capitulation du Premier ministre grec Alexis Tsipras le week-end dernier, qu’il a fait entériner par son opposition parlementaire, pourrait être rapidement suivi d’un grand vide-grenier grec… Préférant l’appeler « accord » plutôt qu’ « ultimatum », le document publié par la Zone euro dresse une liste d’obligations qui montre à quel point la Grèce aura perdu toute souveraineté dans cette intervention européenne.
 
La Grèce avait jusqu’au 15 juillet, minuit, pour accepter de réformer sa taxe sur la valeur ajoutée (TVA) particulièrement complexe en élargissant sa base et en supprimant les remises actuellement accordées à certaines juridictions, réformer son système de retraite trop avantageux afin de le rendre durable, imposer de nouvelles règles qui empêchent l’agence de statistiques du pays à maquiller les chiffres et créer un groupe fiscal indépendant qui puisse décider de compressions budgétaires automatiques en cas de non-respect des objectifs.
 

L’Union européenne s’immiscera dans toutes les décisions de la Grèce par le biais de son « accord »

 
Ce n’est que le début… La Grèce doit également réformer le marché du travail le dimanche, la longueur des périodes de soldes, la vente du lait et des marchandises cuisinées, la distribution des médicaments. Elle doit également revoir sa convention collective du travail – y compris les mesures concernant le licenciement – pour correspondre entièrement aux normes imposées par l’Union européenne.
 
Le parlement de l’Union européenne expliquera également au gouvernement grec comment fonctionner : « Les autorités grecques devraient moderniser et mettre en place un programme, sous le regard de la Commission européenne, pour dépolitiser l’administration grecque », précise l’« accord » imposé par Bruxelles.
 
L’Union européenne aura également un droit de veto sur toutes les lois proposées en Grèce, avant même qu’elles ne soient présentées au parlement ou au peuple grec : « Le gouvernement doit consulter et obtenir l’accord des institutions sur tout projet de loi, en laissant un temps suffisant avant de le soumettre à une consultation populaire ou au parlement », précise en effet l’« accord ».
 

La Grèce privée de sa souveraineté par les réformes

 
Mais la décision la plus révélatrice, et sans doute la plus inquiétante est celle qui précise que les actifs nationaux grecs n’appartiennent plus à la nation mais doivent être soldés pour éponger une partie de la dette : les actifs grecs seront transférés à un fond indépendant qui monétisera ces actifs, notamment par le biais de privatisations. Cette démarche permettra de rembourser peu à peu le prêt pour un total de… 50 milliards d’euros.
 
Le président de l’Eurogroupe et auteur de l’« accord », Jeroen Dijsselbloem, a expliqué que ce fonds indépendant serait constitué « des avions, des aéroports, de l’infrastructure et probablement de banques » grecques… Un vide-grenier en somme, dont la finance internationale sera la seule, avec les Chinois, à pouvoir bénéficier.
 
Par la mise en œuvre de ces réformes, la Grèce a abandonnera officiellement sa qualité de nation souveraine pour devenir un état vassal, une simple province de l’Union européenne…
 

Béatrice Romée